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Politique

Nationalité de Jean-Paul DIAS : Comment une astuce d'avocat a viré en une polémique d'Etat

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Nationalité de Jean-Paul DIAS : Comment une astuce d'avocat a viré en une polémique d'Etat

La nationalité de Jean-Paul Dias n'aura été qu'un malin subterfuge pour détourner l'opinion d'un débat qui avait fini de condamner, moralement, Jean-Paul Dias. Et, tout compte fait, la stratégie a bien fonctionné.

C'est connu que les avocats ont plusieurs cordes à leur arc. C'est, également, connu que pour tirer leur client d'une mauvaise passe, ces auxiliaires de justice sont prêts à tout. Y compris distiller de fausses rumeurs. C'est ce que le jargon appelle ‘prêcher le faux pour avoir le vrai’. En la matière, la fin justifie toujours les moyens. Ce vieil adage, l'affaire Jean-Paul Dias en a encore servi de terrain d'expérimentation. En ce sens que c'est sur la base d'une information dont on a sciemment organisé les fuites que la défense a réussi à déplacer le débat du terrain de la culpabilité de Dias vers celui de la nationalité du même prévenu. Les objectifs étant, à court terme, d'attirer la sympathie de l'opinion sur quelqu'un dont les déclarations, pour cette fois, passaient difficilement. A moyen terme, de l'absoudre de sa faute. Et à long terme, en renversant les termes de l'accusation en mettant l'Etat, coupable de déterrer les démons de la division, dans l'obligation de se défendre et en jouant sur l'amnésie collective quant au délit de sale gueule du principal prévenu.

Retour sur les faits. Nous sommes au début du mois d'août. La Division des investigations criminelles, sur ordre du procureur de la République, fait parvenir à Dias, par ses agents, une convocation à déférer devant ses services pour une vérification de conformité de deux extraits de naissance dont il (le procureur) a été informé et pour lesquels il avait pris l'attache du service d'état civil de la mairie de Dakar. Convocation à laquelle le bouillant Premier secrétaire du Bloc des centristes gaïndés opposera une violente fin de non-recevoir. Avec, en toile de fond, des propos que le procureur qualifiera, pour certains, de menace de mort contre la personne du président de la République et, pour les autres, d'outrage à magistrat en fonction. M. Dias ayant, dans ses diatribes, traité le procureur de la République de ‘corrompu’. Toutes choses qui plombent un dossier et rendent difficile sa défense.

D'autant que Jean-Paul Dias, au bout de vingt-quatre heures de garde à vue et après quelques ping-pong et retour de parquet, était allé à Canossa en reconnaissant, par le biais de son conseil Me Djiby Diallo, avoir été ‘excessif’ dans le propos. De quoi fragiliser un système de défense et donner du fil à retordre à ses avocats. Lesquels ont cherché dans leur gamme d'astuces, celle qui était le mieux à même d'amoindrir la décharge que l'accusation ne manquerait pas d'envoyer à Jean-Paul Dias dont le dossier était doublement fragilisé par son défi lancé à la police de ne point déférer à ses convocations qui s'est soldé par un bris de porte et par ses excuses présentées en cours de l'enquête préliminaire et devant le tribunal.

Pour sauver la face d'une défense dans le creux de la vague et tirer d'affaire un client dans une posture de défiance vis-à-vis du pouvoir au travers de la personne de son représentant, les avocats, selon un d'entre eux, ont imaginé cette astuce consistant à détourner l'attention de l'opinion sur cette question sensible de la nationalité. Aussi, juste après ses premières auditions, Jean-Paul Dias s'est-il fendu d'une déclaration dans laquelle, celui que le livre Guiness des records devrait retenir comme ayant été le plus éphémère directeur général de l'Ipres, a annoncé à la presse que la police enquête sur sa nationalité. Compte tenu de la sensibilité de la question, journalistes, politiques et société civile se sont tous rués, à bras raccourcis, sur un pouvoir accusé d'importer au Sénégal des concepts qui ont fini de faire des dégâts en Côte d'Ivoire et présidé à la partition de ce pays en deux zones séparées par une ligne Maginot.

Au sein même du pouvoir, la mairie de Dakar que la cellule de communication de la présidence de la République avait accusée d'avoir été à l'origine de cette enquête sur la nationalité de Dias s'est sentie en devoir de faire des précisions. Ainsi, tout le monde est tombé dans le panneau : les journalistes, les hommes politiques et la société civile. Au grand bonheur du bataillon d'avocats préposés à la défense de Dias.



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