Me Pape Khaly Niang, l'un des avocats des familles des victimes françaises du naufrage du bateau Le Joola, a annoncé qu'un ‘rebondissement’ surviendra dans cette affaire, avec le lancement ‘d'ici quelques jours’ d'un mandat d'arrêt international contre des personnes citées dans cette affaire. ‘Il y a un rebondissement dans l'affaire d'autant plus qu'il y a des ministres, des directeurs sénégalais, etc., qui sont accusés pour ce naufrage’, a notamment dit Me Niang qui tenait un point de presse dimanche à Paris. ‘D'ici quelques jours, un mandat d'arrêt international sera lancé à l'encontre de ces accusés’ qui ‘vont venir répondre à la justice française qui est tout à fait compétente pour les juger’, a dit Pape Khaly Niang.
Les ministres concernés par cette affaire sont Youba Sambou et Youssoupha Sakho, ministres des Forces armées et de l'Equipement et des Transports, au moment du naufrage. Ils avaient tous les deux été limogés à la suite de ce naufrage. Autres personnalités déjà sanctionnées disciplinairement au Sénégal et qui pourraient être traduites devant la justice française : le général de division Babacar Gaye qui a été relevé de ses fonctions de chef d'Etat-major général des armées à compter du 12 août 2003 ‘pour lenteur des secours et mauvaise appréciation de la situation’, le capitaine de vaisseau Ousseynou Kombo, chef d'état-major de la marine nationale au moment de la tragédie, qui fut relevé de ses fonctions et soumis aux arrêts de rigueur de 60 jours, et son collègue chef d'état-major de l'armée de l'air, le colonel Meïssa Tamba, passé à la trappe ‘pour non déclenchement de l'alerte Sar et non exercice de ses responsabilités de directeur du Sar’.
Moins gradés qu'eux, l'enseigne de vaisseau Cheikh Oumar Sagna qui assurait les fonctions d'officier de permanence durant la nuit du drame sera sanctionné d'une mise aux arrêts de 45 jours, plus un avertissement ‘pour absence de contrôles inopinés de ses subordonnés entre 22 h et 7 h 25 du matin’. Son collègue, l'enseigne de vaisseau de deuxième classe Mbagnick Ndiaye, commandant la base navale d'Elinkine et à ce titre responsable de l'escale de Karabane, avait été relevé de son commandement, avant d’écoper d'une mise aux arrêts de 60 jours avec avertissement et traduction devant une commission d'enquête en vue de sa radiation des cadres de l'armée ‘pour avoir contribué à la surcharge du bateau, en autorisant la vente de nouveaux billets et l'embarquement de fret et de passagers à Karabane malgré le constat de surcharge’. Alors que le premier-maître Amadou Ndiaye, responsable de l'escale de Ziguinchor, sera puni de 60 jours d'arrêt de rigueur en sus d'une traduction devant un conseil d'enquête en vue de sa radiation des cadres de l'armée ‘pour dépassement du nombre de billets donnant accès au Joola’. Le second-maître François Mbaye sera traduit devant un conseil d'enquête en vue de sa radiation des rangs de l'armée ‘pour ne pas avoir cherché à établir le contact avec Le Joola entre 22 h et 7 h 25 mn du matin’. Quant au directeur de la Marine marchande, M. Abdoul Hamid Diop, il sera traduit devant le Conseil de discipline.
Selon Me Pape Khaly Niang, depuis la saisine du tribunal de grande instance d'Evry, une instruction est en marche, ce qui fait que nombre de ces responsables pourraient faire l'objet d'un mandat d'arrêt international. ‘Je crois savoir qu'il existe des conventions d'entraide internationale entre le Sénégal et la France et que cette convention d'entraide pourrait être mise en œuvre pour que justice se fasse’, a-t-il indiqué. Il a précisé que ‘sur le plan civil, la commission d'indemnisation des victimes françaises a été saisie pour indemniser ces victimes’. De sorte que les victimes françaises ont renoncé à l'indemnisation proposée par l'Etat du Sénégal, ‘d'autant plus qu'il y a une procédure en cours et parce qu'on ne veut pas être indemnisé doublement’, a-t-il ajouté. ‘L'indemnisation en France est plus importante. Mais ce qui est plus important pour ces familles des victimes, c'est au moins que justice soit faite. Car l'indemnisation ne peut pas réparer la douleur’. ‘Une enquête a été diligentée et une expertise mise en route, a poursuivi Me Niang. Les conclusions nous en diront plus. Dans cette affaire, il y a beaucoup des choses à dire et il y a beaucoup de responsables’.
Me Pape Khaly Niang a précisé, cependant, que ce procès n'est pas dirigé ‘contre l'Etat du Sénégal, mais contre des personnes’. Le commandant Issa Diarra qui commandait le Joola, étant disparu dans le drame, fera-t-il l'objet de poursuites ? En tout cas, à cause de sa disparition, le dossier avait été classé sans suite par le procureur Abdoulaye Gaye.
Pour Me Niang, une fois justice rendue, cela permettra aux familles des victimes ‘d'être soulagées. Donc, il y aura un rebondissement positif pour les familles des victimes françaises’.
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