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Politique

Ousmane Tanor Dieng, secrétaire général du Ps : ‘ Je n'ai aucun problème avec Moustapha Niasse’

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Ousmane Tanor Dieng, secrétaire général du Ps : ‘ Je n'ai aucun problème avec Moustapha Niasse’

Ousmane Tanor Dieng a tenu une conférence publique samedi à Paris sur le thème : ‘Comment bâtir une alternative crédible au régime libéral en 2012’. Cela a été l'occasion pour le secrétaire général du Ps de lever les équivoques qui pourraient empêcher la candidature unique de Benno Siggil Senegaal. L'une des plus importantes, ce sont ses relations avec Moustapha Niasse, le patron de l'Alliance des forces de progrès. Selon Ousmane Tanor Dieng, ils ont des ‘relations les plus normalement du monde’. Comme l'avait également affirmé le leader de l'Afp. Il est également revenu sur la stratégie pour aboutir à cette candidature unique. Il s'est dit optimiste quant à l'aboutissement de cette candidature, mais privilégie le dialogue et la discussion au sein de sa coalition. Il n'a pas raté le pouvoir qu'il qualifie de ‘régime patrimonialo-affairiste’.

‘L'impérieuse nécessité de s'accorder sur un code de conduite’

‘Depuis le Cpc jusqu'au Benno, en passant par les Assises nationale, le Parti socialiste a toujours fourni la preuve de sa disponibilité à aller ensemble avec ses pairs. En ce temps, rares sont ceux qui entrevoyaient que la politique d'Abdoulaye Wade conduirait fatalement au désastre actuel (…). Jamais jusqu'à ce jour, il n'a encore été pris en défaut de la parole donnée ou de manquement à un engagement souscrit. (…). L'histoire de notre parti est de ce point de vue utile et éclairante pour faire comprendre pourquoi aujourd'hui, en 2010, ce débat animé au sein et en dehors de Benno, nous importe au plus haut point et nous trouve préparés et totalement acquis à la nécessité de lui chercher une issue heureuse. Que le débat soit porté au sein de Benno ou en dehors de celui-ci, qu’il soit parfois vif, il n'y a, là, aucun inconvénient majeur à ce stade du processus. C'est même le contraire qui devait inquiéter lorsqu'on croit aux vertus de la démocratie, donc du dialogue et de la concertation.

Qu'il y ait par ailleurs des différences de points de vue exprimés publiquement, il faut n'avoir aucune expérience de ces questions pour y voir déjà un échec ou les prémices d'un clash. Les Sénégalais savent et nous avec, que c'est parce qu'une coalition est une interpénétration de principes communs et d'objectifs communs d'une part, d'intérêts liés à des identités et itinéraires divers d'autre part, qu'il y a recherche de consensus, qu'il y a débat, peut-être parfois des lenteurs, des contradictions sur la voie de l'accord. Mais je suis persuadé qu'il arrivera en temps opportun, cet accord. Il est conforme aux principes démocratiques et même salutaire pour notre combat en vue des échéances de 2012 et en vue des perspectives au-delà de cette date que mille chemins soient explorés. Nous devons seulement savoir garder le cap en séparant la bonne graine de l'ivraie.

‘Cependant, le respect des points de vue des partenaires doit être une règle absolue ainsi que l'impérieuse nécessité de s'accorder un code conduite, notamment sur un pacte qui va sanctionner tous les accords pour leur respect et leur application. C'est peut-être cela qui pourrait nous éviter ce qui est arrivé avec Abdoulaye Wade : ‘Vous m'avez élu, mais c'est moi l'élu’. A partir de ce moment-là, les problèmes ont commencé. (...)’.

‘Benno s’enrichira des complémentarités, mais surtout des différences’

‘Pour ma part, je regarde sereinement et avec beaucoup d'optimisme ce qui se fait dans Benno. Car je sais que nous avons été instruits les uns les autres de tout de ce qui se passe dans le monde et en Afrique, notamment dans notre proche voisinage face à une question aussi cruciale que celle des alliances pour la conquête du pouvoir. Ma conviction est qu'aucun membre de notre organisation ne prendra la responsabilité de décevoir les Sénégalais et leur ôter la chance de construire avec eux cette nouvelle république qu'ils appellent de leurs vœux. En effet, il ne s'agit pas de nous abandonner à des passions, à nos émotions, toutes stériles, ou à des comportements épidermiques infantiles, mais de bien mettre en commun nos forces de raison et de sentiments en vue de bâtir une alternative crédible. Parce qu’en définitive, ce qui nous rassemble et nous unit dans cette alliance, c'est notre commune volonté de réussir ce qu'Abdoulaye Wade n'a pas réussi en dépit de l'espérance et d'immenses pouvoirs et moyens dont il dispose depuis dix ans.

‘Ce que nous devons réussir, c'est la préservation des valeurs républicaines, c'est l'approfondissement de la démocratie, c'est la mise en œuvre de politiques soucieuses de l'intérêt général et du développement intégral. Ce dénominateur commun est ce qui doit animer Benno dans le respect de l'identité et de la diversité de chacun de ses membres. Ce dénominateur commun, c'est aussi l'égale dignité de tous les membres de Benno, chaque membre apportant ses forces et ses faiblesses, ses expériences, ses échecs, ses réussites et ses fautes. Benno s'enrichira ainsi des complémentarités, mais surtout des différences et de la diversité des parcours de tous et de chacun.

‘Il y a là un point de vue capital qui s'appuie sur une attitude partagée, à savoir que le régime d'Abdoulaye Wade a échoué et que c'est le devoir de tous les patriotes de notre pays de s'unir pour mettre un terme à une dérive globale ruineuse pour notre survie et pour notre aspiration commune au progrès et à la justice sociale. Mais pour importante que soit la question de l'unité, il est encore plus déterminant d'avoir une plate-forme commune portant sur les objectifs politiques majeurs et sur les mécanismes propres à les atteindre. Vous aurez compris que j'aborde ici une question qui est au cœur du débat au sein de Benno. L'enseignement que nous livre l'historie de notre parti, est qu'il y a une ligne de force porteuse (des conditions minimales) pour rassembler les forces vives en vue de conquérir ou de conserver le pouvoir. De ce point de vue, il convient de se féliciter des convergences intervenues d'une part, des conclusions des Assises nationales d'autre part (…).

‘C'est le moment de me réjouir l'implication de larges secteurs du pays qui s'attelle à abréger le régime d’Abdoulaye Wade afin de rendre possibles les nécessaires politiques de rupture que les Sénégalais appellent de leurs vœux et me féliciter de l'immense engouement que les forces alternatives regroupées au sein de Benno ont provoqué au sein des populations et qui a mené à la victoire historique du 29 mars 2009. (…) ’.

‘Il faut rechercher autant que possible une candidature consensuelle’

‘La négociation, la discussion doit l'emporter sur toute autre considération, quel que soit le cas de figure adopté par rapport à la meilleure stratégie électorale en direction des échéances de 2012. A l'heure où il nous faut cheminer sans chemins balisés à travers les méandres de l'irresponsabilité d'Abdoulaye Wade, qu'il multiplie contre la postérité, je voudrais appeler tous les membres de Benno, tous les partenaires au sein des Assises nationales, au-delà l'ensemble du peuple sénégalais, à la vigilance et au refus de laisser les démons des arrières pensées et de la division s'emparer des cœurs et des esprits (…) Il faut rechercher autant que possible une candidature unique consensuelle, mais cette candidature - il faut le répéter et le souligner - ne devrait reposer que sur des critères objectifs. Il conviendra dans cette quête de ne compter que sur les facteurs qui dépendent de nous, et d'y aller tous ensemble en tenant compte de la complexité des questions, des différentes approches entre les partenaires. Et ça fera l'objet d'un ou de plusieurs séminaires au moins de novembre où tous les responsables vont échanger pour savoir comment approcher une question aussi délicate. Mais, par un principe de précaution, il faudra se garder de considérer d’éventuelles candidatures plurielles comme un échec, mais simplement comme l'obligation de parvenir à des candidatures rationnelles permettant à chacun de ratisser large et d'assurer ainsi une mobilisation maximale de l'électorat avant de rassembler au deuxième tour derrière le candidat Benno le mieux placé’.

‘J'ai les relations les plus normales du monde avec Moustapha Niasse’

‘ J'ai entendu Bacar Cissé (un intervenant dans la salle) parler de ticket Tanor-Niasse et dire qu'il y a des querelles entre nous. Ce n'est pas exact de dire qu'il y a des problèmes, des querelles entre Moustapha Niasse et moi. Nous avons les relations les plus normales du monde. Il est dans un parti qu'il dirige, je suis dans un parti que je dirige. Nous ne voyons pas forcément les choses de la même manière parce que nous sommes dans des partis différents. De ce point de vue, je peux vous assurer qu'il n'y a pas de problèmes personnels entre nous. Parce que les problèmes politiques, on peut leur trouver des solutions. Ce sont les problèmes crypto-personnels qui ne trouvent pas de solution. (…).’.

‘Nous sommes sommés d'aller ensemble, nous irons ensemble et gagnerons’

‘Nous nous organisons, nous travaillons. Je sais qu'on ne peut pas le faire seul. Ce que je souhaite, c'est que nous soyons dominant, dominateur, le premier parti capable de gagner seul. Mais c'est impossible et c'est dépassé. Un seul parti ne peut pas gagner les élections. Donc les élections ne peuvent être gagnées que par des coalitions. Ça relève de la lucidité, du bon sens, du courage politique. C'est clair dans ma tête. Donc nous pensons qu'il faut travailler avec tous les camarades de Benno pour nous enrichir mutuellement, tirer ensemble nos manquements, nos faiblesses, nos défaillances et rebondir ensemble. Ce que nous n'acceptons pas, c'est que des gens simplifient des problèmes complexes. Les choses sont complexes par nature. Simplifier les choses comme ça, c'est penser que trois ou quatre peuvent se réunir et dire que c'est lui-là qui va diriger et qu'on va gagner, c'est faux. Il faut accepter la complexité des problèmes et trouver les solutions qui tiennent compte de cette complexité. Mais donner des oukases pour dire que ça va marcher, ce n'est pas ça. Par nature, la vie est complexe et il faut en tenir compte. (…).

‘Dire aux gens que s'il n'y a pas de candidature unique, Wade va gagner, c'est faux et ce n'est pas démontré. Et ça démobilise les gens. Mais travaillons pour avoir un candidat, ça c'est différent. Il faut faire preuve de dépassement, réfléchir, discuter, échanger pour voir ce qu'on peut faire ensemble. Et ce qu'on peut faire ensemble, on le fera ensemble. Ce qu'on ne peut pas faire ensemble, on ne le fait séparément que dans une ligne, une cohérence arrêtées ensemble. Et nous, partis de Benno, pour gagner, nous avons besoin des uns et des autres. Chacun d'entre nous est indispensable à l'autre pour gagner. C'est ça la bonne lecture. Disons-nous que nous sommes sommés d'aller ensemble, que nous irons ensemble et que nous gagnerons Abdoulaye Wade. C'est ça l'axe de réflexion. (…).

‘Dans cette réflexion, il faut éviter deux dogmatismes : le premier, c'est le dogmatisme de la candidature unique, le deuxième est le dogmatisme des candidatures plurielles. S'il est irresponsable de ne pas explorer toutes les possibilités d'accord sur une candidature unique, il est tout autant irréfléchi, irresponsable de soutenir que sans candidature unique, Wade va gagner en 2012. Même s'il est compréhensible d'inviter Benno et d'exercer le maximum de pression sur elle pour avoir un candidat unique, ce discours est un discours dangereux qui justifie a priori un hold-up électoral de Wade en 2012 en cas de pluralité de candidats, comme il l'a fait en 2007 (...)’.

‘Il y aura obligatoirement une période de transition’

‘Pour nous, le mandat qui vient sera obligatoirement un mandat de transition. C'est pour que de nouvelles mesures soient prises à la place des mesures actuelles. Que ce soit X, Y ou Z qui prenne le pouvoir, il y aura une période de transition parce que dans cette période là, on va mettre en place de nouvelles institutions, de nouveaux programmes, une nouvelle équipe pour remettre le Sénégal sur les rails. Donc la transition est inévitable. Elle sous-tend le discours qui est tenu quel que soit le cas de figure envisagé. (… )’.

‘L'opposition nous a appris l'humilité, les limites de la vanité et de l'ivresse du pouvoir’

‘Je suis tellement habitué à la critique. Le président Senghor m'a un jour donné un conseil lorsque je suis sorti de l'Ena et qu'on m'a amené à son cabinet : que j'apprenne à souffrir. Si vous faites de la politique, apprenez à souffrir parce que ce qui ne va pas manquer, c'est les attaques dont vous ferez l'objet. Mais c'est normal, c'est démocratique (…)

‘Il faut aussi apprendre l'humilité. L'opposition nous a appris l'humilité, les limites de la vanité et de l'ivresse du pouvoir. Et c'est important. Je suis convaincu que l'alternance a été faite à notre dépens, mais c'était utile pour nous pour devenir véritablement un homme d'Etat et un homme politique.

Imaginez que nous n'ayons pas changé ; excusez-moi, mais nous ne sommes pas imbéciles quand même. Rester au pouvoir pendant autant d'années et on vous bat et vous vous dites : ‘Tout ça, c'est faux !’ Nous savons bien qu'on ne peut pas avoir raison contre le peuple sénégalais. Et le peuple sénégalais a estimé que nous devions aller à l'opposition et nous l'avons accepté de belle manière. Nous nous sommes comportés de belle manière. C'était bien pour notre pays. Mais qu'on ne vienne pas nous dire maintenant : ‘C'est trop tôt ; il faut attendre. Que le Ps vient de sortir du pouvoir, il faut attendre’. Ça aussi, on ne va pas l'accepter parce que la démocratie, c'est aussi l'alternance. Nous avons accepté lorsqu'on ne voulait pas de nous’.

‘Le régime de Wade est un régime patrimonialo-affairiste’

‘(…). A mon avis, c'est faire trop d'honneur à Abdoulaye Wade que de qualifier son régime de libéral. Le régime d'Abdoulaye Wade est plutôt un régime patrimonialo-affairiste. Tous les Sénégalais ont constaté depuis fort longtemps que ce qui tient lieu des apparences du libéralisme n'existe même plus à force de médiocrité, d'improvisation, de pilotage à vue et de corruption. C'est même devenu une évidence. La politique d'Abdoulaye Wade abreuvée aux deux mamelles nourricières de l'incompétence flagrante et de la corruption notoire dont le monde entier s'alarme et se moque maintenant, a plongé notre dans une crise grave. Cette crise multisectorielle et multidimensionnelle a conduit notre pays dans une impasse morale et éthique. (…)’.

‘50 milliards de taxes sont partagés par des organisations parasites’

‘Par exemple, le problème des transferts financiers et les taxes dont ces transferts font l'objet devraient être examinés (…) parce que ça va jusqu'à 13 %. Le calcul qui a été fait, donne qu'il y a jusqu'à 50 milliards qui sont captés par des organisations parasites. Il faudra que la puissance publique organise ça pour que ça serve à la diaspora elle-même. C'est faisable. C'est des pistes de réflexion. Deuxièmement, pour la retraite, la sécurité sociale, la santé, il faudra que ça soit organisé pour la diaspora et avec la diaspora. Pour l'habitat, il faudra là aussi des mesures hardies, plus pratiques pour arriver à des solutions. Le problème des véhicules aussi. Donc il y a des choses importantes sur lesquelles des mesures importantes peuvent être prises pour montrer une bonne volonté. (…)’.

‘Abdoulaye Wade pense que l'Etat, c'est lui’

‘On me parle des meubles de l'Etat. Vous savez, nous sommes des hommes d'Etat qui sommes moulés dans le respect de l'Etat et des institutions. On peut nous reprocher tout sauf cela. Même pour réformer les meubles, réparer les voitures, c'est au niveau des instances de l'Etat, au niveau de la direction générale des impôts. Mais maintenant, ce n'est plus le cas avec le président Wade. Quand quelqu'un vient le saluer, Abdoulaye Wade dit : ‘Donnez à M. Konaté (un militant du Ps assis en face de Tanor lors de la conférence, Ndlr) une voiture’. Et la voiture reste avec M. Konaté. Et avec l'immatriculation. Quand la voiture fait un accident, on va voir l'agent judiciaire de l'Etat. Il offre les meubles de l'Etat parce qu'il croit que ça lui appartient, parce qu'il pense que l'Etat, c'est lui. C'est ça le fond du problème. Quand nous étions au pouvoir, c'était des choses qui n'étaient pas non seulement faisables, mais imaginables. Tout laisse des traces. Et c'est ça, l'Etat pour que le jour où le régime changera, les gens puissent contrôler. Si les choses ne sont plus écrites, il n'y a plus d'administration, il n'y a plus d'Etat. (…).

‘(Par ailleurs) il a dit au président Abdou Diouf que lui, Abdoulaye Wade, n'a pas de chance parce qu'il n'a pas une opposition intelligente. Moi, je pense que c'est nous qui n'avons pas de chance parce que nous n’avons pas un président intelligent’.



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