Ousmane Tanor DIENG : ‘Si Idrissa Seck passe au 2e tour, je vote pour lui !’

Wal Fadjri : Dans quel état d'esprit êtes-vous à quelques heures du scrutin ?

Ousmane Tanor Dieng : Je suis tout à fait serein. J’espère que notre pays sortira grandi de cette échéance. Je demande au peuple sénégalais de voter massivement. Ensuite, j’invite chaque Sénégalais à protéger son vote parce qu’il n’est pas question de détourner la volonté populaire. Demain, ce sera un moment démocratique fort pour notre pays, car les Sénégalais vont se choisir librement un président de la République parmi les candidats ayant solliciter leurs suffrages. L’important est que le peuple choisisse la personne en qui il a confiance. Si tout se passe dans la transparence et la démocratie, celui qui sera élu, sera félicité par tous les autres. Mais je persiste à dire que le deuxième tour est inéluctable. Il y aura forcément un second tour en raison de la pluralité des candidatures et de l’éventuel éclatement du vote. Ce que je demande aux Sénégalais, c’est de voter utile en évitant de disperser les voix. Ils doivent voter pour celui qui peut mettre en ballotage Abdoulaye Wade et le battre. Et ma conviction est que le Parti socialiste avec le soutien de ses alliés est capable de mettre Abdoulaye Wade en minorité. Cette campagne qui s’achève, a montré que le Ps est plus que jamais vivant. Les Sénégalais continuent de croire en lui et l’ont montré. Partout où nous sommes passés, les gens sont venus massivement vers nous, de manière spontanée, sans y être obligés.

Wal Fadjri : Si vous étiez au second tour, sur qui comptez-vous pour gagner ?

Ousmane Tanor Dieng : Je demanderais à toute la famille de gauche, aux socio-démocrates de voter pour le candidat du Parti socialiste.

Wal Fadjri : Idrissa Seck a confié qu’il pourrait bien vous soutenir au second tour. Etes-vous prêt à en faire de même pour lui ?

Ousmane Tanor Dieng : Bien entendu, s’il a la chance d’être au second tour, je voterai pour lui. Mais, je pense que je n’aurai pas à voter pour lui, puisque c’est moi qui serai au deuxième tour.

Wal Fadjri : Une chose est de faire partir le président Wade, une autre est de répondre à la forte demande sociale. Appréhendez-vous cela ?

Ousmane Tanor Dieng : Tout à fait. Nous sommes en capacité de répondre favorablement aux besoins des Sénégalais et d’y apporter des satisfactions. Comme je l’ai déjà dit, nous avons entendu le message du peuple sénégalais le 19 mars 2000. Nous avons aussi parcouru le pays et entendu leurs aspirations et leurs aspirations, et croyez-moi, nous avons la ferme volonté de les satisfaire, d’autant que nous avons l’expérience qu’il faut et des expertises avérées. Si je ne veux pas manquer de modestie, je peux dire que parmi les candidats, je suis peut-être celui qui a appris les fonctions de chef d’Etat puisque j’ai été avec Léopold Sédar Senghor pendant quatre ans et le plus proiche collaborateur d’Abdou Diouf pendant vingt ans. Je les ai vus travailler avec rigueur et méthode et je sais comment ça se passe à ce niveau là.

Wal Fadjri : Si vous étiez élu, quelle serait la configuration de votre premier gouvernement ?

Ousmane Tanor Dieng : Il serait un gouvernement de large rassemblement avec toute la gauche, la société civile, avec les meilleurs de nos fils et avec bien sûr les camarades du Parti socialiste. Il ne s’agira pas pour nous de gouverner seuls, mais pas non plus de gouvernement pléthorique. Nous aurons une équipe de 20 à 25 ministres.

Wal Fadjri : Et votre Premier ministre, sera-t-il forcément de votre camp ?

Ousmane Tanor Dieng : Je n'en suis pas encore là. Ce qu'il faut simplement retenir, c'est que nous n'excluons pas de travailler avec toute personne compétente et imbue des valeurs de la République.

Wal Fadjri : On parle d'un retour de l'ancien Premier ministre Mamadou Lamine Loum aux affaires une fois que vous serez élu. Qu'en est-il ?

Ousmane Tanor Dieng : Rien n'est exclu. Il faut remarquer que Mamadou Lamine Loum est un fils du pays, compétent et qui a fait ses preuves. En tout cas, nous avons beaucoup apprécié le travail qu'il a eu à accomplir aux côtés du président Abdou Diouf.

Wal Fadjri : Confirmez-vous votre démission du Ps une fois élu ?

Ousmane Tanor Dieng : Je le confirme, si je suis élu président de la République, je démissionne de mes responsabilités au niveau du Parti socialiste et je serai un arbitre. C’est ça qui me permettra d’être un bon président, c’est-à-dire impartial et à équidistance des partis politiques. Ma conviction est que les charges d’un président de la République ne doivent pas être alourdies par celles d’un chef de parti. Nous allons donc diminuer les pouvoirs du président, renforcer ceux du parlement et promouvoir une justice indépendante.