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Politique

Palabres avec… …Khalifa Sall: « Eliminer le 2è tour est une goutte d’eau dans la mer de l’audace de Wade… »

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Palabres avec… …Khalifa Sall: « Eliminer le 2è tour est une goutte d’eau dans la mer de l’audace de Wade… »

Il y a un détail qui vous frappe d’emblée chez Khalifa Sall : quand il parle, son propos est ponctué de gestes manuels contenus d’où jaillissent des concerts de droites et de cercles. C’est que chez lui, chaque mot qui sort est censé être un coup d’épée dans la brume. Il veut éclairer, tracer, toujours tracer des sillages de lumière avec la charrue des mots. Un cartésien qui, au détour de chaque argument, semble s’étonner du désordre phénoménal qui règne dans cette arène politique, cercle qu’il chérit. Malgré tout…

Off : Monsieur Sall, peut-on savoir quel cheminement vous avez fait pour gravir tant d’échelons au sein du PS ?

Khalifa Sall  : Je fais partie de tous ces gens qui, très tôt, ont cru devoir investir leur temps et leur énergie dans la quête d’un idéal. Pour mon cas, j’ai cru au socialisme démocratique et en Senghor, qui en était l’incarnation. Je ne sais pas maintenant si j’ai gravi des échelons. Ce qui reste évident est que je reste un vrai militant du parti socialiste. Je n’ai pas la prétention d’être un grand responsable…

Est-ce vous considérez que, des indépendances à nos jours, le Socialisme, tel que théorisé par Senghor, a été victime d’un certain émiettement ?

Je crois au contraire que cet idéal est aujourd’hui conforté, consolidé par les événements que nous vivons. L’idéal socialiste pour lequel nous nous sommes investis repose sur le triple socle de la démocratie, de la justice et de la solidarité ; d’un combat fondé sur la promotion de l’homme, qui est, comme l’avait dit Senghor, au début et à la fin de tout développement. Cet idéal-là, Senghor et Diouf ont essayé, autant que peut, de le réaliser dans des conditions difficiles et avec des fortunes diverses. De 60 à 70, la situation qui prévalait a permis de réaliser un certain nombre de choses…Mais de 79 à 93, ça a été une période noire pour le socialisme démocratique pour cette raison que cela a coïncidé avec la mise en œuvre des fameux plans d’ajustement structurel. Ce fut une période d’épreuve et de doute, pour certains. Et au terme de ce processus, nous voilà confrontés à un libéralisme triomphant avec la mondialisation et tout… Et quand je dis que l’idéal du socialisme démocratique est plus que d’actualité, ce n’est pas un vain mot. Aujourd’hui le libéralisme, qui promeut le triomphe de la répétition du marché, doit être repris en main et régulé. Et il n’y a pas doctrine plus apte à le faire que le socialisme démocratique, qui prône l’intervention du moins d’Etat et du mieux d’Etat… Disons –le : cette politique qui permet de concilier l’intervention effective de la collectivité et la promotion de l’initiative privée, seul le socialisme démocratique est capable de le réaliser. Et aujourd’hui, nous avons la conviction que c’est la meilleure solution.

Vous êtes crédité d’une remarquable connaissance des questions électorales et vous ne manquez jamais à l’occasion de le prouver. Est-ce vous-même qui avez demandé à vous charger de cette spécialité dans votre formation ?

Ecoutez, moi je crois que pour un vrai militant, il ne doit pas être question de s’arroger un rôle , un pouvoir ou une compétence. Nous sommes dans une équipe appelée parti. Et dans cette équipe, on affecte chacun au secteur où il est censé être le plus utile possible au groupe. J’ai été responsable des jeunes du Parti, et très tôt, les principaux dirigeants du Parti m’ont fait confiance et m’ont impliqué dans la gestion du processus électoral. De sorte que, quand j’ai quitté le mouvement des jeunes, en 92, je ne me suis occupé que de questions électorales. Pourquoi le Parti m’a affecté à cette tâche ? Parce qu’ils ont pensé que de ce point de vue, je peux le plus apporter à la formation. Et comme vous l’avez dit, la matière électorale est essentielle pour la vie d’un parti politique. Le parti est une association qui cherche entre autres objectifs ou à conquérir le pouvoir, ou à y accéder. Au PS, on a la chance d’avoir vécu les deux expériences… Connaître les différentes facettes de la réalité du pouvoir est une chose avantageuse, car comme on le dit, toute expérience confère une expertise, si on sait en tirer le plus grand profit…Aujourd’hui, nous avons la lourde charge, avec un certain nombre de camarades au niveau du bureau politique, de proposer des stratégies de reconquête du pouvoir, et croyez-moi, nous nous y attelons avec une remarquable abnégation.

Vous êtes suffisamment averti par rapport à la fonction de parlementaire ; le constat général est que c’est là une activité qui a tendance à s’appauvrir de plus en plus. Qu’en pensez-vous ?

Je ne voudrais pas que vous banalisiez notre fonction à ce point. Cela dit, il est vrai que, de tous bords, on a senti l’impérieuse nécessité de relever le niveau du parlementaire, de façon générale, et j’ose croire que nous nous attèlerons à le faire…Même s’il est vrai qu’il y a un problème de fond qui se pose. Car quelqu’un qui, même n’ayant pas été à l’école, jouit de la confiance de ses concitoyens, est forcément dépositaire d’une légitimité certaine. Mais tout compte fait, nous gagnerions à faire de sorte à nous offrir des opportunités de vrais débats sur les questions qui se posent. Parce que, il ne faut l’oublier : nous avons une mission de contrôle de l’ exécution du travail de l’Etat. Et donc, nous avons grand besoin de connaître les choses, de les comprendre, de nous en imprégner pour pouvoir faire ce travail de contrôle. Et donc évidemment, s’il y a des limites, ça peut causer grand souci…

Qu’est-ce qui aujourd’hui, pourrait amener Khalifa Sall à se détourner complètement de la politique ?

J’ai fait le choix de faire de la politique, de prioriser même la politique au détriment de bien d’autres choses qui pouvaient paraître fondamentales. Mais je considère qu’aujourd’hui je n’ai rien à regretter, car je m’épanouis là-dans. Parce que je pense pouvoir servir mon pays à travers cette activité-là, que je concilie avec d’autres quand même…

Votre formation connaît ces temps-ci une scission assez douloureuse, mais on ne vous a pas assez entendu vous prononcer là-dessus. Pourquoi ?

Mais écoutez, qu’est-ce que je dois dire ? C’est la énième fois qu’on me fait remarquer qu’on ne m’a pas trop entendu sur cette affaire. J’ai pas besoin d’être entendu ! Moi je vous ai dit que je suis un militant. Ma seule ambition est de servir mon parti. Hisser le Parti à un niveau où il sera d’un très grand apport dans ledéveloppement de monpays.Que mon parti ait des difficultés, je le constate. Mais ces difficultés sont la conséquence normale de cette phase de reconstruction dans laquelle nous sommes. Souvenez-vous que nous sortons d’une grosse défaite. Il faut reconstruire le parti en nous adossons sur notre héritage, en conduisant toutes les ruptures qui conviennent, pour que le parti, ayant compris les raisons pour lesquelles il fut battu, puisse se donner les moyens de la reconquête. Et de ce point de vue, il nous faut repenser nos modes de fonctionnement, nos méthodes d’actions et le personnel dirigeant. Et dans cette logique-là, que certains cadres se lèvent pour nous dire que le parti devrait fonctionner d’une manière ou d’une telle autre manière est une très bonne chose. Parce que c’est une question sur laquelle nous sommes loin d’être fermés. Aujourd’hui le parti a posé les jalons d’une plus grande démocratisation de son fonctionnement et de ses structures. Et la dévolution du pouvoir chez nous est devenue une question banalisée. Aujourd’hui, n’importe quel militant peut être candidat au poste de premier responsable du PS. Et nous nous sommes donné les moyens pour que cette démocratie-là puisse s’exercer. Donc ce débat autour d’un courant est une bonne chose. Nous sommes en train de le conduire avec un maximum de sérénité, et au terme des différentes concertations, le congrès décidera que c’est une très bonne chose.

D’aucuns considèrent que la diplomatie sénégalaise est la chose la moins bien prise en charge par le pouvoir libéral ; qu’en dites vous ?

C’est dommage que l’on ne pointe du doigt que la diplomatie. Mais ce qui est sûr, c’est que l’actuel parti au pouvoir a fait des dégâts bien plus importants dans d’autres domaines. Aujourd’hui, c’est Wade échangeurs, Wade chantiers…Je m’amuse souvent à demander aux sénégalais si, de 90 à 2002 ils ont jamais entendu Wade parler de PAMU. Il ne savait même pas ce que c’est !Est-ce qu’il a jamais parlé de PDF, de PDIS, de PNDS, de PLT2 ?…Il ne savait même pas ! C’est pourquoi quand nous entendons parler de routes et de chantiers, nous au PS on sourit ! Ce qui aide Wade, c’est que nous nous sommes fait la promesse de ne pas regarder dans le rétroviseur. Parce que le peuple nous attend plutôt dans notre capacité à formuler de nouveaux programmes. Parce tous ces programmes dont s’enorgueillit Wade, nous les avions conçus et expliqués au Sénégalais, et malgré tout nous avions été sanctionnés en 2000.

On entend ces temps-ci circuler la rumeur selon laquelle Wade aurait l’intention d’éliminer le deuxième tour ; croyez-vous vraiment qu’il osera ?

Vous me demandez si Gorgui osera éliminer le deuxième tour ? Mais je vous dis que Wade, il n’y a rien qu’il n’ose pas faire ! Je voudrais surtout, par ailleurs, m’étonner des contradictions décelables dans les postures du gouvernement et de Maitre Wade. Vous vous rappelez, il a dit : « Je vais gagner les élections ! » Il a même oublié de dire Inchallah(rires). Et donc puisqu’il a dit cela, comment se fait-il qu’il puisse éprouver le besoin de manipuler, de tripatouiller la constitution, le Code électoral et tout ? Tout est fait, est en train d’être fait pour lui permettre de gagner. Mais nous ne sommes pas dupes. Alors pas du tout ! Nous devons et nous allons nous nous donner les moyens de le battre…
Si jamais il fait un seul tour, ce serait pour lui une façon de gêner notre stratégie d’union. Et ce serait ni plus ni moins qu’un scandaleux forcing, un coup d’Etat constitutionnel qu’il va faire. Mais comme on le sait, c’en sera pas le premier de toute façon. Soit alors on descend dans la rue, ou on mène le combat politique, ou alors on se tait et on subit.

Le peuple sénégalais vit des situations difficiles ces temps-ci. Et le gouvernement ne semble pas voir la température de l’exaspération monter ; ne croyez-vous pas que le régime est en train de se conduire à son propre désavantage en faisant dans la lenteur ?

Non, je ne crois pas que ce soit une façon de travailler à son désavantage. Le problème est que Wade et son gouvernement ne savent pas. Mais non, c’est la réalité, ils ne peuvent pas ! Toutes ces difficultés que vit le peuple sénégalais, ce n’est rien d’autre que l’étalage d’une incapacité et d’une incompétence indiscutables. Nous l’avions dit, mais on ne nous avait pas crus. Les gens, sous le feu de l’enthousiasme et de la soif de nouveauté, nous rétorquaient invariablement : « Bayi lèène Gorgui mou ligguèye ! bayi lèène ko mou ligguèye ! » Voilà, aujourd’hui, tout le monde peut constater la grande dérive… Ce qui est difficile à admettre dans tout ça, c’est que tous les secteurs sont à genoux. Sans exception. C’est, je crois, un motif suffisant pour dire avec Dansokho, qu’il faut mettre un terme à ça… 

Avis sur…

Aminata Tall
C’est difficile de parler comme ça des gens mais pour Aminata, disons que j’ai eu la chance de siéger dans le même gouvernement qu’elle. Je l’ai vue travailler. C’est une dame qui des convictions fortes. Et elle est très courageuse. Et vous le savez, quand quelqu’un a ce genre de dispositions, il est difficile de l’ébranler. Aminata Tall a des convictions, elle se bat pour ça et elle ne craint pas…

Modou diagne Fada
Voilà un jeune que j’apprécie beaucoup. Il était l’ami de mon petit frère Pape Babacar Mbaye. Je le respecte surtout parce qu’il a le même parcours que nous. Il s’est engagé en politique très tôt, ce qui a une incidence sur la qualité de ses convictions. Il a fourni la preuve de sa compétence et de son efficacité quand il a été responsabilisé. Pour toutes ces raisons, j’ai beaucoup de respect pour lui…

Idrissa Seck
Idy, je l’ai connu très tôt ; précisément depuis 88. Nous avons souvent entretenu des relations cordiales et correctes. Lui aussi, je l’ai vu à l’œuvre. Il s’est bien battu pour ce à quoi il a cru. Il a des difficultés avec son parti, maintenant il lui revient je crois de continuer à se battre, si tant est que ses convictions sont restées intactes…

Iba Der Thiam
C’est un homme que respecte beaucoup. C’est quelqu’un que j’ai connu très jeune, qui a participé à ma formation et que je considère comme un homme de conviction. Mais ce qui m’inquiète un peu, ce sont ses positions politiques. Mais après tout, ça c’est l’homme politique. Moi, j’ai connu l’homme intrinsèque, l’enseignant, l’homme de culture…

Abdoulaye Wilane
Un garçon formidable, constant, et efficace. Franchement, j’ai une admiration réelle pour ce garçon, qui est un modèle de conviction et de fidélité…

 



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