Là où passe Me Abdoulaye Wade, la tempête déferle plus que la brise ne souffle. Après Idrissa Seck, en avril 2004, Macky Sall, le neuf de ce mois, le voilà qui marcherait maintenant sur la deuxième personnalité du pays, Pape Diop. Trop de fronts, pour un président de la République dont le pays est confronté à l’angoisse existentielle.
Idrissa Seck est un adversaire potentiel pour le chef de l’Etat et du Parti démocratique sénégalais (Pds). En dépit de se réclamer du Pds, qu’il ne veut pas quitter par stratégie et obsession, l’ex-Premier ministre a déclaré, à qui veut l’entendre, qu’il est « né » pour « devenir » président de la République. Son résultat, de près de 14 % à la dernière présidentielle, à l’issue de laquelle il s’était positionné deuxième, n’a pas manqué de raviver son ambition. Il a ses « escadrons ». Macky Sall, depuis sa destitution mercredi dernier à la tête de l’Hémicycle, s’est affirmé comme l’un des opposants des plus radicaux de son ancien mentor, le « pape du sopi ». Ses alliances avec les trotskistes de Mahmoud Saleh, ses projets de jonction avec ses anciens camarades de And Jëf, qui ne veulent plus de Landing Savané, l’élan de députés vers sa cause, ses bonnes relations avec les familles religieuses du pays et sa côte de popularité à l’Extérieur, devraient amener Me Wade à considérer son ancien Premier ministre et ministre de l’Intérieur comme un adversaire à ne pas sous-estimer. Me Wade ne devra pas encore ouvrir un énième front, pour qui connaît le conflit latent qui couve entre lui et les responsables « authentiques » du mouvement national des femmes libérales ; Mme Aminata Tall en particulier. Mais, voilà : on lui prête de vouloir s’en prendre maintenant au président du Sénat, Pape Diop, qu’il reconnaît l’avoir servi et soutenu, financièrement, durant les années de braise. Que penseront les Sénégalais et l’opinion internationale d’un chef qui finit toujours par s’en prendre à ses plus proches « lieutenants ». Ils ne peuvent pas tous être « mauvais ». Le cas échéant, Me Wade serait un « cas », pour n’avoir pas su s’entourer. Il s’y ajoute qu’en dehors de ses « fils putatifs », Me Wade devra faire face à l’autre opposition réunie dans le Front siggil Sénégal, qui a coupé les amarres avec son régime depuis la proclamation des résultats de l’élection présidentielle de février dernier. Me Wade doit éviter de créer une autre frustration dans les rangs de son parti, parce qu’également Pape Diop n’est pas un « enfant de chœur ». Il est fort discret, pragmatique et ne manque pas de moyens ; certainement, aussi, de sympathisants. Il a investi dans les rangs des libéraux. Il est toujours le maire de Dakar. Me Wade à l’assaut de Pape Diop, une « sainte alliance » ne sera pas à écarter, demain, entre celui-ci, Idrissa Seck, Macky Sall et certainement l’opposition dite radicale. Attention encore, parce que le syndrome des marchands ambulants ne s’est pas trop éloigné de Colobane et environs, les ménages ploient sous la cherté de la vie, le secteur de l’éducation et celui de la santé ne se sont pas tempérés, les jeunes, de la banlieue et du monde rural », manquent de travail ; sans compter le cas Farba Senghor, sur lequel les Sénégalais attendent d’être édifiés. La marmite bout. Elle est remplie. Attention au couvercle !
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