Pape Diop, Mamadou Seck, Moussa Sy, Baldé,… : Ces «généraux mexicains» dont Wade ne veut plus !

Le Pds, usé, vieilli et fatigué par le pouvoir est un «meurtrier» politique. Le maintien de Wade à la tête du parti souligne a contrario la faiblesse du leadership libéral qui veut se tourner vers l’avenir pour tenter de conjurer la déroute de leur aventure. Pour les «rebelles», les Législatives seront une sacrée paire de manches comme le confirment leurs performances électorales de ces dernières années. Au fond, ils se sont toujours réfugiés sous le parapluie…électoral de Wade qui aimantait la sympathie des Sénégalais lors des rendez-vous électoraux.

La liste des frondeurs et des départs donne des urticaires : Pape Diop, Mamadou Seck, Abdoulaye Baldé, Ousmane Masseck Ndiaye, Moussa Sy…. Le scénario est digne du film Un jour sans fin : Tant le Parti démocratique sénégalais (Pds) se réveille chaque jour au son de cette même ritournelle depuis l’humiliante défaite du 25 mars 2012. A l’évidence, la Pme libérale n’est plus qu’une addition d’entreprises unipersonnelles où se côtoient de personnalités soucieuses de leur avenir individuel et de barons locaux jaloux de leur rang et de leur pouvoir. Ce qui a précipité la guerre civile libérale entre Wade et ses ex-bras droits qui pensent qu’il veut écarter du jeu toute cette génération de présidentiables. Il est clair que Abdoulaye Wade ne court pas le risque d’un coup d’Etat malgré la rébellion, mais l’affaissement généralisé de ce parti est de mauvais augure pour les Législatives. C’est la seule certitude de l’heure : Les libéraux vont vers une déroute…électorale. Le mépris accordé par le chef de l’Etat à cette rébellion donne un aperçu de la faiblesse de la force de frappe de ces hautes personnalités. Pour lui, c’est un regroupement de vieux chats essoufflés. La prochaine échéance présidentielle paraît objectivement hors de portée pour eux : Ont-ils la popularité pour leur assurer l’adhésion de la majorité libérale ? Ils sont juste des tigres en papier qui ne peuvent feuler. C’est là où le choix de Oumar Sarr sera difficile à remettre en cause : il a la légitimité électorale qui lui permet de coordonner ce parti. Tout comme les statuts du Pds qui donnent au secrétaire général le pouvoir de le nommer à ce poste.  

Pape Diop : Sans base, sans leadership
Pour la critique, il est trop introverti pour assumer le nouveau leadership libéral. Dans un parti déchiré, divisé par des haines fratricides qui l’emportent sur des alliances stratégiques, il doit sa position d’intouchable dans la ville de Dakar qu’à l’ex-constante. Depuis 2009 (Elections locales), l’ancien maire de Dakar et le Pds ont collectionné des défaites dans la prestigieuse et stratégique capitale. Lors de la Présidentielle, la coalition Fal2012 a été emportée par un véritable raz de marée. Les chiffres donnent encore le tournis : Macky Sall a gagné haut la main avec 272 268 contre 83 429 voix pour Abdoulaye Wade. Le Secrétaire général a donc compris que cette représentativité de Pape Diop est juste illusoire. Mieux, la confiance de l’électorat de la capitale est un long bail décroché depuis les années de galère de l’opposition. Alors qu’en politique, la base affective est un gage de légitimité au-delà de la personnalité controversée. Il lui reste, bien sûr, une partie de la Gueule Tapée où il compte quelques fidèles alliés bien entretenus. Il peut compter sur l’appui de Moussa Sy devenu le porte-parole occulte de cette fronde. Aux Parcelles, il y a déjà une nouvelle redistribution des cartes : La montée en puissance de Mbaye Ndiaye (ministre de l’Intérieur), le «recrutement» de Demba Dia par Abdoulaye Wade entre autres ne simplifient pas la tâche aux «rebelles».

Mamadou Seck : Comme tout le monde à Pikine
Trop invraisemblable… L’aus­tère président de l’As­semblée nationale se fond dans le décor politique à Pikine. Comme tout le monde. Il a longtemps battu sa stratégie politique sur les mouvements de jeunes à travers des subventions accordées aux mouvements navétanes et l’As Pikine. Cette longue guéguerre entretenue avec Aminata Lô est venue rappeler sa fragilité dans la populeuse banlieue qui n’a plus de tutelle politique personnalisée. Wade a longtemps gagné là-bas avant de s’écrouler cette année après le changement de mairie en 2009 (179 948 contre 72 034 voix). Que représente Mbao sur l’échiquier politique de la banlieue ?

Ousmane Masseck Ndiaye : Fragilité saint-louisienne
Abdoulaye Wade l’a longtemps trimballé entre les ministères avant de lui confier le Conseil économique et social. Depuis 2009, il chute dans l’opinion politique avec la perte de la mairie de Saint-Louis au profit de Cheikh Bamba Diéye. Cette Prési­dentielle a encore prouvé que, malgré les forces libérales mutualisées à Saint-Louis (Ous­ma­ne Ngom, Cheikh Tidiane Sy, Madické Niang, Baïla Wane, Ahmeth Fall Braya…), le leadership saint-louisien ne s’adosse sur aucun responsable. Quoiqu’il puisse représenter l’aile historique du parti, sa représentativité est loin d’être à la hauteur de ses hautes fonctions (47 711 contre 27 575 voix).

Abdoulaye Baldé : Infime espoir…
Son entrée dans l’arène politique remonte à…2003. En neuf ans, il est devenu un géant politique dans la région de Ziguinchor. On a ce­pendant occulté un fait: La puissance financière du parti au pouvoir ajoutée à ses hautes fonctions lui ont permis de déboulonner Robert Sagna. Long­­temps inamovible maire de Ziguin­chor. Sans ciller, il a reconnu le concours de l’argent dans sa légitimité en an­nonçant sa démission de la mairie de Ziguinchor qui serait très lourde à porter. Cette Présiden­tielle est également venue remettre en cause ses fragiles acquis avec cette improbable défaite au second tour dans cette région (19 612 contre 26 408 voix). Lui au moins fait partie des intellos qui tentent de donner une pensée, une direction, une sympathie à leur orientation politique.

On est tous d’accord : Le Pds joue sa survie sur un chantier titanesque. Ces «frondeurs» doivent aussi retrouver un logiciel performant après des années de paresse intellectuelle et réenchanter leur électorat ( ?) désabusé par la raclée de 2012. Ce n’est pas gagné pour ces leaders qui se sont embourgeoisés pendant douze ans. En croyant surtout que l’argent pouvait tout régler. Déjà des regrets éternels ?