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Politique

PARIS - REMISE DU PRIX HOUPHOUET-BOIGNY A WADE : Variétés sénégalaises sur Seine

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PARIS - REMISE DU PRIX HOUPHOUET-BOIGNY A WADE : Variétés sénégalaises sur Seine

A L’UNESCO - Cérémonie colorée en présence de hautes personnalités :

Correspondante à Paris - Entouré de sa famille, ses amis, des membres du gouvernement et de chefs d’Etat, Abdoulaye Wade a reçu, hier, à l’Unesco, le Prix Houphouët-Boigny pour la recherche de la Paix des mains de Henry Kissinger, président du jury. Retour sur une journée dédiée à la paix.

Les alentours de l’Unesco ont pris, hier, les allures d’un quartier de Dakar. Discussions en wolof, femmes en boubou, joueurs de djembés... L’objet de cette ambiance : la remise du Prix Houphouët-Boigny au Président Abdoulaye Wade. Des centaines de Sénégalais se sont massés très tôt autour du siège de l’organisation, pour assister à la cérémonie de remise du Prix. Dans la confusion la plus totale. Les forces de police françaises, avant d’intervenir devant la porte, semblent, pendant quelques minutes, dépassées par l’ampleur que prend l’événement. Une foule compacte investit les abords de la salle. Après de nombreuses bousculades et moults contrôles, l’heure est à l’attente. Dans un coin du hall, des personnes distribuent des plaquettes dédiées à «Abdoulaye Wade, un Président dans l’Histoire», ainsi que des clefs Usb aux couleurs de l’Unesco et du Sénégal. Le fascicule, dont l’éditorial est signé Macky Sall, reprend le parcours d’Abdoulaye Wade, ses chantiers, ses réalisations, la liste de ses diplômes, ainsi que ses distinctions. Le Fonds de solidarité numérique y est également présenté. Une fois dans la salle et une heure après, rien ne commence encore, mais l’assistance est quasiment au complet. Aux premiers rangs, les plus observateurs peuvent distinguer Viviane Wade, Karim et Sindiély Wade. Mais aussi de nombreux ministres, parmi lesquels, Cheikh Tidiane Gadio, Bacar Dia, Djibo Kâ, Farba Senghor, Madické Niang, Issa Mbaye Samb ou encore Ousmane Masseck Ndiaye, des élus du Pds, Modou Diagne Fada ou Doudou Wade, des chefs d’entreprise, le directeur de la Bicis ou M. Mboup, directeur de Pétrosen, des artistes... Chacun y va de son commentaire : «Tiens, Alain Madelin est là-bas ! », «J’ai aperçu Thione Seck tout à l’heure»... Une chose est sûre : le gratin dakarois a fait le déplacement. Ne pouvant accueillir toutes les personnes présentes dans la salle où a lieu la cérémonie, l’Unesco a mis à disposition des convives une seconde salle pour une retransmission de l’évènement.

Après une heure d’attente, le temps que tous les invités prennent place, la cérémonie débute enfin. Sur scène, le jury prend place. Autour de son président Henry Kissinger et du Directeur général de l’Unesco, Koïchiro Matsuura, sont présents, Alioune Traoré, le secrétaire exécutif du Prix, Iba Der Thiam, Jean Foyer... A leur suite, entrent Abdoulaye Wade, accompagné d’Abdou Diouf, parrain du Prix, puis les Présidents Olusegun Obasanjo du Nigeria, Teodoro Obiang Nguema Mbasogo de la Guinée-Equatoriale, Mamadou Tandja du Niger, Marc Ravalomanana de Madagascar, Amadou Toumani Touré du Mali, João Bernardo Vieira de la Guinée-Bissau, Jakaya Kikwete de Tanzanie, l’ivoirien Henri Konan Bédié. Il y a aussi le Premier ministre du Niger, le ministre des Affaires étrangères du Royaume d’Espagne, Miguel Angel Moratino, ainsi que ceux de l’Algérie, de la Côte d’Ivoire, le chef de la majorité de la Chambre des Lords du Royaume-Uni, le secrétaire général de la Ligue des Etats arabes, Amr Moussa...

CONCERT D’HOMMAGES

Abdoulaye Wade est accueilli sous les cris du public, qui clame «Président ! Président !». Un orchestre entame alors un hymne. Puis, Alioune Traoré prend la parole. «Ce 16 mai 2006 restera à jamais gravé en lettres d’or dans les annales du prix de l’Unesco.» C’est avec ces mots et pour recevoir les «neuf chefs d’Etat présents», ainsi que la veuve de Félix Houphouët-Boigny, que le secrétaire exécutif du Prix ouvre la cérémonie. «Le lauréat d’aujourd’hui est un homme hors du commun, unanimement respecté dans son pays et dans le monde, qui a consacré sa vie à la cause de la paix, de la démocratie et de la renaissance du peuple africain, j’ai nommé Maître Abdoulaye Wade», entame-t-il sous les applaudissements du public. Il poursuit son discours en saluant le fait que Me Wade est le 3e Africain, après Nelson Mandela et Frederik De Klerk, à recevoir le Prix Houphouët-Boigny, «un chiffre qui semble vous porter bonheur : vous êtes le troisième président de la République du Sénégal», plaisante-t-il. Après Alioune Traoré cède la parole au Directeur général de l’Unesco, Koïchiro Matsuura. Ce dernier, «heureux de s’associer à la décision du jury», rappelle la contribution de Me Wade à «la démocratie au Sénégal» et «(ses) médiations dans les crises politiques en Afrique». Dans le domaine de l’éducation, il rend également hommage au rôle du Président à la conférence de Dakar de 2000, où ont été fixés les objectifs de L’Education Pour Tous et au fait que 40% du budget de l’Etat sénégalais y soient consacrés. Avant de conclure sur «la place du continent africain sur la scène politique internationale» pour «répondre au défi de la mondialisation et de la gouvernance mondiale».

Puis, une intervention, sans doute l’une des plus attendues de la cérémonie : celle de Abdou Diouf, très applaudi. Après avoir salué tous les invités, l’ancien Président s’interroge : «Comment ne pas exprimer ma joie et ma satisfaction pour ce grand honneur fait à un homme de cœur et de générosité, dont l’engagement pour la paix a été constant, déterminé et efficace ? Bien avant de prendre ses fonctions de chef d’Etat, Me Wade était toujours prêt à prendre son bâton de pèlerin pour éteindre les incendies, prévenir les conflits, aider à la gestion et au règlement des crises.» Pour preuve, il pourrait citer de «très nombreux exemples de son implication personnelle et pertinente dans plusieurs pays de notre continent». Mais, Abdou Diouf a tenu à revenir sur le cas du Zaïre, en 1991. avant de louer «les solutions originales et intelligentes qu’il avait élaborées, (qui) avaient été acceptées par tous et devaient permettre à ce grand pays de retrouver une vie politique apaisée, dans le cadre d’un Etat de droit accepté par tous». Et Diouf de déplorer : «Si ces solutions avaient été appliquées alors, nous aurions fait l’économie de 15 années de violence, de destruction et d’instabilité généralisée.» L’ancien Président cite également l’implication d’Abdoulaye Wade dans le règlement des crises, ivoirienne, malgache ou bissau-guinéenne.

Sur le plan religieux, le secrétaire général de l’Oif tient à rappeler la «place centrale (de Me Wade) dans la promotion du dialogue islamo-chrétien». Sous les applaudissements du public, Abdou Diouf félicite Wade : «Je suis votre compatriote, je suis votre prédécesseur. C’est pourquoi, je suis particulièrement fier de tous vos accomplissements dans ce domaine de la paix.» En guise de conclusion, l’ancien Président rappelle à Me Wade que le jury lui confère «une grande responsabilité, que vous mesurez, j’en suis sûr, à sa juste valeur, celle de poursuivre l’œuvre de paix, de concorde, de dialogue et de fraternité du Président Houphouët-Boigny». Après le discours d’Abdou Diouf, est annoncée l’arrivée de Jacques Chirac. En attendant, c’est au tour de Henri Konan Bédié d’intervenir, «au nom du rassemblement des membres de la famille du Président feu Houphouët-Boigny, du rassemblement des Houphouëtistes et en (mon) propre nom». Il salue son action en Côte d’Ivoire, mais aussi pour le processus de paix entamé en Casamance.

La cérémonie se poursuit alors en Anglais, avec l’intervention d’Olusegun Obasanjo. «Fier de participer à cette reconnaissance des exploits d’un des grands guerriers de la paix», le Président du Nigeria avoue alors avoir éprouvé une «profonde gratitude», quand Abdoulaye Wade, lui «a demandé d’être à ses côtés aujourd’hui». Olusegun Obasanjo tient à saluer les «efforts nationaux en tant que Président et le rôle essentiel pour l’établissement d’une démocratie durable en Afrique».

Tout au long de la manifestation, le maître de cérémonie est obligé de rappeler à l’ordre certaines personnes du public. Vêtues de bleu et de jaune, couleurs du Pds, accompagnées d’un griot, et visiblement heureuses d’être présentes, elles saluent les interventions de leurs clameurs. Au grand dam de l’organisateur...

MOTS DU RECIPIENDAIRE

Avant le discours d’Abdoulaye Wade, Jacques Chirac prend la parole. Pour le président de la République française, ce Prix «récompense fort justement une pensée et une action mises au service de la paix, au service de la démocratie, et il couronne un parcours politique consacré à la bonne intelligence entre les hommes et entre les Nations». Pour preuve, il cite les «solutions imaginatives à des querelles qui s’éternisent» et la «décision courageuse d’abroger la peine de mort au Sénégal». Pour conclure, le Président français rend hommage au «peuple sénégalais, riche de tant de brillantes personnalités». En hommage à Léopold Sédar Senghor, il lance : «Recherchons tous, par des cérémonies telles que celle qui nous rassemble, la bonne volonté et l’énergie des hommes, cette symbiose à laquelle nous appelle le Président-poète, universel, éternel».

Avant le discours de Wade, place à la musique. L’artiste guinéen, Mory Kanté, accompagné d’une chanteuse, joue deux de ses morceaux. Puis vient le moment tant attendu par les invités : l’intervention de Me Wade. Après une large ovation et, pour commencer, le président de la République annonce l’ouverture d’une Semaine sénégalaise à Paris, pendant laquelle livres, coiffure, habitat, art, peinture, sculpture, artisanat, musique, cinéma et mode, seront à l’honneur. Après avoir remercié chacun d’être présent aujourd’hui à ses côtés, Me Wade «confesse qu (‘il) cherche encore ses mots, tant l’émotion (l’)étreint au plus profond de (lui)-même». Il rend ensuite hommage à Félix Houphouët-Boigny, «pour le legs précieux qu’il laisse aux générations présentes et futures (...), toujours parmi nous». Se tournant vers le jury du Prix, Wade «accepte avec humilité cette prestigieuse distinction» et la dédie au «peuple sénégalais qui (lui) a inculqué les valeurs universelles de tolérance et de paix», ainsi qu’à «l’Afrique-mère». S’agissant de la prime de 122 000 euros que le Président a reçue, il tient à souligner que «le montant du chèque qui accompagne ce Prix sera destiné à la Case des Tout-Petits». Il remercie ensuite Viviane Wade, «la Sénégalaise d’ethnie toubab comme elle dit (septième ethnie du Sénégal)», toujours «non pas derrière (lui) (...), mais constamment à (ses) côtés». La suite de son intervention est un hommage à Léopold Sédar Senghor. Dans un discours largement consacré à la jeunesse et à l’éducation, Abdoulaye Wade précise : «Ce prix ne doit jamais être le sacrifice des vies humaines, des jeunes surtout, intrépides par l’âge, à l’ambition des adultes». Le Président revient également sur son parcours d’opposant, ses séjours en prison, «sans rancune», et sur l’Alternance. Il évoque aussi le dialogue islamo-chrétien, auquel un Sommet à Dakar va prochainement être consacré. Sa conclusion : «Le Prix qui m’est décerné est, certes, une récompense et un encouragement, mais aussi une invite à persévérer dans la quête de la paix. Et c’est à cela que je m’engage solennellement devant vous, en étant conscient que la recherche de la paix est un sacerdoce.»

Après tous ces discours, la cérémonie prend fin. Devant l’Unesco, les invités se retrouvent, se saluent et échangent leurs commentaires sur la cérémonie. Ainsi s’éternise, pendant quelques minutes, ce qui aura été une journée du Sénégal à Paris.



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