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PASSE-PRESENT - De l’idylle d’hier au divorce aujourd’hui : Quand Idrissa faisait rarement l’éloge de Wade

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PASSE-PRESENT - De l’idylle d’hier au divorce aujourd’hui : Quand Idrissa faisait rarement l’éloge de Wade

Les temps passent, les contextes évoluent et les hommes s’adaptent. Leurs propos restent. Comme pour dire que les paroles s’envolent mais les écritures restent. Du beau temps de son idylle avec son «père d’emprunt», Idrissa Seck, nouvel opposant dans l’arène politique sénégalaise, ne manquait pas de louer son Me Abdoulaye Wade. Ce qui était d’ailleurs dans l’ordre normal des choses. Toutefois, l’on aura constaté qu’il le faisait rarement et quand il s’y mettait, c’était pour le comble. Aujourd’hui qu’il s’est retrouvé dans le camp adverse, il serait intéressant de savoir si le Secrétaire général de Rewmi garde toujours son admiration envers son ex-patron au Parti démocratique sénégalais (Pds). Même si, dans sa dernière «Lettre à tous les Sénégalais», il reconnaît qu’il «n’éprouve aucune rancune à l’endroit de Wade», qu’il «lui conserve tout le respect qu’inspire son parcours politique». Et en dépit des épreuves qu’il a subies…

A 29 ans, Idrissa Seck montrait tout l’intérêt qu’il portait à la défense des intérêts collectifs. Dans une interview accordée au journaliste Mamadou Omar Ndiaye dans l’hebdomaire Sopi n° 36 du vendredi 25 Novembre 1988, page 4, il déclarait en ce qui concerne son parti : «Tant que le Pds reste dans l’axe de la démocratie, de la liberté et de la défense des opprimés et des sans voix, il reste ma famille naturelle.»

En 2000, au cours d’une émission de la télévision nationale, En Toute liberté, sur son cheminement avec Wade et la gestion de l’alternance, Idrissa Seck déclarait : «Les décisions sont les siennes (de Wade). J’émets des avis, quand je suis invité à le faire et toujours à travers ma liberté de n’émettre que des avis qui procèdent de mon système propre, c’est-à-dire ma foi, la loi et le règlement ; et l’envie que j’ai que toutes les décisions soient conformes à l’intérêt supérieur de la Nation.»

Dès les premiers mois de l’Alternance politique réalisée au Sénégal, Idrissa Seck, alors puissant ministre d’Etat et Directeur de cabinet de Abdoulaye Wade fraîchement élu président de la République du Sénégal, faisait remarquer dans les colonnes du journal Walf Quotidien n°2441 du jeudi 04 mai à la page 4 que :«Le Président Wade n’est pas là pour partager des postes à des amis ni à de vrais partis politiques. Il veut que les Sénégalais sentent le changement.»

Quelques mois plus tard, en pleine campagne électorale pour les législatives, M. Seck, tête de liste de la coalition Sopi, prenait la défense du chef en s’en prenant vertement à Moustapha Niasse, alors fraîchement démis de ses fonctions de Premier ministre et qui s’attaquait au gouvernement de Wade. En riposte, l’ex-numéro 2 du Pds lançait à Niasse dans le journal Walf Fadjri n° 2727 du 12 avril 2001 : «Tu t’es trompé sur Wade parce que celui-là est une légende politique qu’on ne peut ni manipuler, ni tromper, ni trahir impunément. Un homme de cette envergure, qui a la confiance de son peuple, de sa jeunesse, on ne peut pas s’attaquer à lui sans dérailler».

Et dans cette période de quête des voix, les Sénégalais gardent encore en mémoire tout le brouhaha qui a entouré la participation de Wade à ces joutes législatives. Là où finalement l’ombre de Me Wade finit par apparaître dans l’affiche de la coalition Sopi et derrière Idrissa Seck. Avec ce fameux slogan qui en a fait baver : «Le Pds ak Mom.» Une trouvaille de Idy par rapport à laquelle nombre d’observateurs de la scène politique s’étaient offusqués. Pour cause, ce slogan avec lequel les libéraux et alliés ont battu campagne, surtout avec le «Mom» (Ndlr : lui ) était assimilé à une déification de Me Wade…

DIVERGENCES

Dans les archives du journal L’Actuel n° 563 du 30-31 août 2003, le Premier ministre de l’époque défendait tout haut la volonté du Président Wade à organiser des élections claires et transparentes : «(…) Personne, au Sénégal, en Afrique et dans le monde, ne peut soupçonner Abdoulaye Wade d’avoir l’intention d’altérer le système électoral qu’il a d’abord conquis avec patience, endurance, pendant 26 ans, au prix de sa liberté et parfois même de sa vie.»

Dans L’Info 7 n° 754 du 12 avril 2001, à propos d’un meeting à Mbour, le nouveau patron de Rewmi disait que «Me Wade est une légende politique qui s’est nourrie de la confiance de son peuple, de sa jeunesse et, par conséquent, il mérite de ces élections au moins 90% des voix (…)».

Parfois même, Idrissa Seck, «Mara» de son surnom, s’en allait de ses prières sur fond de métaphores du genre :«Je prie que chacun de vos rêves, telle une semence en terre fertile, abondamment arrosée sorte sa pousse, s’épanouisse, se dresse sur sa tige et laisse sa rainure s’élancer au ciel à la satisfaction des populations sénégalaises et africaines» (Numéro spécial du Soleil à l’occasion de l’inauguration de Senbus industries, le 17 septembre 2003). Il faut aussi rappeler le refus par M. Seck, alors Premier ministre, de prendre en charge les grands projets du Président Wade, dans son discours de politique générale en 2003, en pleine dualité au sommet de l’Etat.

Dans sa dernière «Lettre à tous les Sénégalais», rendue publique à l’occasion de son retour au bercail, après une absence de cinq mois au pays, le créateur du parti Rewmi confessait : «Il m’aurait suffi de dire oui à tout, de n’exprimer aucun désaccord, ni sur le projet de loi Ezan, ni sur la place de la famille dans l’Etat, ni sur les délais irréalistes des nombreuses promesses présidentielles, pour conserver tous les privilèges attachés à ma position d’alors, de quasi président de la République ; et l’idylle d’un compagnonnage ininterrompu de 30 ans se serait poursuivie sans heurts. Mais, comment aurais-je pu alors accomplir la mission que je m’étais assignée en mars 2000 ?»

En outre Idy, le disciple de Wade, aura bien assimilé les leçons du Maître. Surtout dans la façon de communiquer. A savoir les moments choisis pour communiquer avec le «peuple». Depuis qu’Idrissa Seck a décidé de briguer les suffrages des Sénagalais, il choisit des instants solennels pour parler à ses compatriotes. En attestent ses deux adresses faites le 3 avril dernier, veille de la fête de l’indépendance et sa dernière correspondance à ses compatriotes la veille du ramadan.

Dans cette démarche, l’on a découvert, à travers les archives du Pds et plus précisément du journal Sopi, que Me Wade procédait de la sorte en se mettant dans les habits d’un président de la République tout en étant opposant. Ainsi, le Président Abdoulaye Wade s’est adressé à ses concitoyens à travers les colonnes de Sopi, organe de son parti, le 31 mars 1989, par un discours à la nation, intitulé «Peuple debout».

 



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