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Politique

PDS : Qui va succéder à Wade ?

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PDS : Qui va succéder à Wade ?

Après avoir entré en conflit avec tous ses numéros deux, le président Wade peine, à la veille de son départ, à se trouver un successeur pour perpétuer le règne du sopi. Après Wade, le déluge ?

Qui va succéder à Me Abdoulaye Wade à la tête du Pds ? La question mérite d’être posée au moment où le secrétaire général national du Pds a engagé une opération de charme à l’endroit de ses anciens proches collaborateurs conviés à rejoindre la maison du « père » à un moment crucial de la vie du « sopi ». En effet, près de 30 ans après sa première participation, en 1978, à des joutes électorales, Me Abdoulaye Wade s’apprête à livrer son dernier combat. Six présidentielles dont cinq qui lui ont valu, à défaut d’accéder à la magistrature suprême, le statut de leader de l’opposition. Au fil des années donc, le secrétaire général a livré les mêmes combats contre le régime socialiste mais pas avec les mêmes hommes. De feu Fara Ndiaye à Idrissa Seck, Wade a grillé bien de numéros deux avant que ceux-ci ne puissent, de manière définitive, s’imposer comme de potentiels successeurs. Parce qu’en fait le « pape du sopi » n’a jamais véritablement ouvert la voie à sa propre succession. Jouant très souvent à différencier le statut de second du Pds à celui d’héritier, Me Wade s’emportait à chaque fois que la question de sa succession était agitée. D’où la posture très fragile dans laquelle ont évolué ses seconds, tous ayant du mal à survivre à chaque étape de la vie du « sopi ».

On serait, en effet, tenté de penser que Me Abdoulaye Wade se choisit des adjoints en fonction des objectifs qu’il se définit. Fara Ndiaye sera son premier proche compagnon au moment où Me Wade avait besoin d’envoyer des signaux forts à l’opinion sur ses bonnes intentions à conquérir, de manière démocratique, le pouvoir. Considéré comme un fin politique, sa « mission » a pris fin dès que Me Abdoulaye Wade et le Pds ont voulu changer de stratégie en radicalisant la lutte face au régime socialiste. On s’acheminait vers les élections de 88 et le différend doctrinal entre Me Wade et son numéro deux se précisait. L’actualité du « sopi » tournait autour des dénonciations d’importation d’armes libyennes, de violences perpétrées par les calots bleus… Avant même qu’on en arrive à la phase des voitures piégées au lendemain des élections, Fara Ndiaye rend sa démission en même temps que son mandat de député. Il sera remplacé à l’Assemblée nationale par feu Marcèle Bassène. Journaliste à la publication du Pds « Takussan » de 1983 à 90 et animateur avec Me Ousmane Ngom du « Démocrate » de 83 à 84, Mamadou Oumar Ndiaye, actuel Directeur de publication du « Témoin » se rappelle des évènements qui ont suivi le départ de Fara Ndiaye. « Wade s’est rapproché de Boubacar Sall, un va-t-en-guerre, penché vers les marabouts, qui deviendra numéro deux du Pds. Se sentant à l’étroit à l’intérieur du Pds, Fara Ndiaye avait démissionné avec élégance. Car il était le seul à avoir remis son mandat de député parmi les nombreux responsables libéraux qui ont quitté le Pds après les élections de 78 ». Scrutin à l’issue duquel le Pds remporte 18 siéges de députés à l’Assemblée nationale.

En 1985, Me Abdoulaye Wade allait vivre une situation rocambolesque avec l’un autre de ses proches collaborateurs, Serigne Diop, pourtant bien parti pour être l’héritier du « pape du sopi ». Serigne Diop est, en effet, exclu du Pds à la suite du « manifeste des 13 » qu’il avait initié avec feu Laye Diop Diatta, ancien député maire d’Oussouye, Pape Oumar Kane, Alassane Cissokho… Ce dernier était le directeur de l’Institut sénégalais de l’éducation par la formation et l’information (Isefi) créé par la fondation Frederich Neuman et dont la gestion était au centre de cette guerre inter libérale. Mamadou Oumar Ndiaye raconte : « Wade avait convoqué le secrétariat national pour exclure Serigne Diop sans avoir la majorité. C’est finalement le Bureau politique qui décide de son exclusion en octobre 85, après une réunion qui a duré 15 heures de temps ». L’enjeu de l’Isefi était d’autant plus capital que la structure qui était créée pour soutenir financièrement le Pds, était dirigée à l’intérieur du pays par des responsables locaux libéraux. Serigne Diop qui s’était mis sous la coupe de feu Jean Collin (alors homme fort du régime socialiste, Ndlr), affirmait publiquement avoir exclu Wade du Pds. « Il s’était engagé dans une campagne de dénigrement de Me Wade en sortant, au nom du Pds, des communiqués lus et publiés dans les médias publics et un journal « Le démocrate », raconte Mamadou Oumar Ndiaye. Quand Wade porte plainte, la justice se déclare incompétente. Mais à l’approche des élections de 88, le président Abdou Diouf qui avait besoin d’un adversaire crédible saute sur la déclaration de candidature de Me Abdoulaye Wade pour mettre fin au conflit inter libéral. Serigne Diop crée le Pds/Rénovation et soutient, depuis, le candidat du Parti socialiste jusqu’à l’alternance.

Après les violences nées du scrutin de 88, notamment les guet-apens contre Abdou Diouf à Thiès, son fief politique, Boubacar Sall à qui les libéraux ont reproché un flirt avec le Parti socialiste par le biais du milliardaire Djily Mbaye, est en disgrâce.

Me Ousmane Ngom lui succède au poste de numéro deux jusqu’en 1998. Mis à l’étroit par le duo Idrissa Seck-Aminata Tall et après avoir noué des relations de « bon voisinage » avec le président Abdou Diouf à la suite de la participation, en 94, du Pds dans le gouvernement socialiste où il occupait le poste de ministre de la Santé, Me Ngom démissionne au lendemain des Législatives de 98 et crée le Parti libéral sénégalais (Pls). Il mènera campagne pour le candidat Abdou Diouf en 2000.

Un boulevard pour Idy ?

Ayant succédé à Me Ngom au poste de secrétaire national adjoint du Pds, Idrissa Seck exercera ces fonctions pendant près de six années avant d’entrer en conflit ouvert avec Me Wade. Les alliances qu’il a nouées avec l’opposition, notamment avec le Ps et la Ld/Mpt pour les prochaines législatives, n’ont pas de chance d’aboutir s’il décidait, comme l’a déjà annoncé Me Abdoulaye Wade, de retourner au Pds. Quel impact ce retour aura sur la formation libérale si une telle hypothèse se confirmait ? Idy se singulariserait parmi tous les seconds de Wade par le fait de ne pas se présenter à des joutes électorales contre son ancien mentor. Son retour bousculera, à coups sûrs, la hiérarchie actuelle du Pds. Après avoir exercé les fonctions de numéro deux du Pds et celles de PM, Idrissa Seck ne reviendra pas pour faire de la figuration. Le feuilleton qui a entouré le retour du maire de Thiès, accueilli trois fois de suite par le président Wade alors qu’une quatrième audience était prévue au moment où le journal était sous presse, dénote du rôle capital qu’il sera appelé à jouer au sein du Pds. Aucune contestation ne risque de surgir au grand jour tant que le président Wade continuera à diriger la formation libérale. Mais le temps est venu pour le secrétaire général du Pds de penser à sa succession. Et à court terme, il est prévisible que les pôles qui se sont constitués au sein même du Pds, fassent étalage de leurs différends, s’il arrivait à Wade de se désigner un successeur.

Sans se placer dans une posture de dauphin constitutionnel qui revient au président de l’Assemblée nationale, Macky Sall est l’adjoint de Wade au Pds. Seulement, on ne lui prête pas une carrure capable de rassembler les libéraux et de perpétuer le règne de Me Wade. Son atout résiderait dans la volonté des responsables libéraux de l’acclamer pour en faire leur dénominateur commun, en l’absence de Wade. Est-ce possible dans une formation où d’autres revendiquent plus de légitimité ? Me Ousmane Ngom, après avoir dirigé un parti politique, le Pls, pourrait être appelé à jauger, une fois de plus, sa représentativité afin d’hériter la place qu’il juge être la sienne.

Maire de Dakar et président de l’Assemblée nationale, Pape Diop dispose d’une force de frappe financière et d’une bonne base politique dans la capitale qui pourraient l’amener à revendiquer une place de leader dans la prochaine équipe dirigeante. Mais son niveau intellectuel reste une limite l’obligeant presque à devoir s’insérer dans un pôle où il jouera tout de même les premiers rôles.

Après Wade, le déluge ? L’horizon immédiat du « sopi » n’est pas enchanteur du fait d’un leader qui est resté presque trente années sans s’assurer ses arrières gardes. Tout choix qu’il se risquera aujourd’hui à faire mènera à une scission après son départ.



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