Jeune et ambitieuse, Mme Mbodja Niasse ne se contente pas d’être une fille de marabout, confinée au foyer. Elle est entrée dans l’arène politique pour soutenir son père, Serigne Mamour Niasse, en créant son propre mouvement de soutien dont le sigle renseigne sur l’objectif : Avec Mbodja pour aider Mamour. Ici, elle revient sur les relations entre son leader et Me Wade d’une part, et de sa collaboration avec Idrissa Seck, d’autre part.
Vous dirigez un mouvement de soutien dénommé Andak Mbodja Japalé Mamour (Amjam). Comment est née cette association et quels sont vos objectifs ?
Je suis une citoyenne sénégalaise qui souffre, comme tout le monde, des difficultés des populations. Les femmes et les enfants sont exposés à la paupérisation et il n’y a plus d’espoir chez les jeunes. C’est pour soutenir les populations, surtout au niveau de la région de Kaolack, que nous avons décidé de faire de la politique. Nous soutenons Serigne Mamour Niasse par ce que nous savons qu’il a de la volonté et aime son pays. L’objectif donc est de soutenir Serigne Mamour parce que nous avons confiance en lui ; nous apprécions sa démarche et sa pensée. Il peut apporter les changements que le peuple attend.
Aujourd’hui, nous comptons beaucoup de démembrements dans le pays et au Maroc où j’ai installé une cellule.
Pourquoi vous avez choisi de créer un mouvement de soutien au lieu de rejoindre les instances de base. Est-ce parce que vous voulez profiter du fait que votre leader est en même temps votre père pour créer le mouvement de soutien ?
Non, du tout ! Au contraire, cela me rend la tâche difficile. Au début, je militais comme un simple membre dans le Rassemblement du peuple (Rp). J’ai commencé à militer alors qu’on cheminait avec l’Afp. Au niveau des instances du parti, j’ai milité dans le mouvement des élèves et étudiants, mais aussi au niveau des jeunesses. Finalement, je dérangeais dans le parti. Chaque fois, on me reprochait ma liberté de recruter des militants dans des secteurs d’autrui et certains faisaient des réclamations auprès de mon père. Je n’avais pas de limites dans le recrutement et mon père me faisait tout le temps ces reproches. En fin de compte, j’ai créé mon mouvement de soutien pour mettre fin à tout cela et mettre mon père à l’aise.
Vous soutenez le leader Serigne Mamour Niasse qui, à son tour, appuie Idrissa Seck. Est-ce que cela ne freine pas vos activités ?
Serigne Mamour a soutenu Idrissa Seck dans les moments les plus difficiles, quand ce dernier était en prison. Leur collaboration ne me dérange pas, car je sais que Serigne Mamour a préféré Idrissa Seck pour les valeurs qu’il incarne et l’espoir qu’il porte.
On a parlé dernièrement de rapports heurtés entre ces deux leaders. Qu’en est-il ?
Les gens parlent, mais ils sont en bons termes. J’en sais quelque chose, car je sais qu’ils se parlent régulièrement au téléphone.
Je dois par contre dire que Idrissa Seck doit revenir à la base. S’il aime vraiment son pays, comme il le proclame, il doit se rapprocher des populations et leur parler. Quiconque veut prendre les devants de ce pays doit bouger. Il doit faire des activités.
Pourtant, on a parlé de négociations entre Serigne Mamour et Me Wade. On a même dit que Serigne Mamour aurait accepté de rejoindre le Pds pour sortir son fils, actuellement détenu en Arabie Saoudite…
C’est une fausse information. Serigne Mamour ne négociera jamais avec tant d’égoïsme. D’ailleurs, Me Wade ne peut pas faire mieux que Serigne Mamour en Arabie Saoudite. Si Wade pouvait intervenir là-bas, il l’aurait fait, car il y a d’autres fils de dignitaires, de chefs religieux emprisonnés en Arabie Saoudite. Serigne Mamour n’attend rien de Me Wade sur cette affaire ; il maîtrise la situation. Cette affaire n’est pas si dramatique qu’on le prétend. C’est une certaine presse qui a voulu l’amplifier. Encore une fois, je démens catégoriquement les élucubrations selon lesquelles Serigne Mamour est en train de négocier avec Wade. Mamour Niasse n’est pas intéressé par des postes de ministre, d’ambassadeur ou à l’Oci, encore moins par de l’argent ou des voitures que l’on fait miroiter aux autres hommes politiques. Il est plutôt occupé par les difficultés des populations et surtout les paysans qui souffrent de ce régime.
Pour revenir à l’actualité, comment vous analysez les délestages et le problème des ordures dans la capitale ?
Cela montre tout simplement que Wade est incapable. Il est vieux, il est incapable ; alors il doit démissionner. Dakar est maintenant comparable à certaines capitales d’Afrique comme Lagos. Les coupures sont devenues insupportables et la principale conséquence c’est que l’économie est au ralenti. Tout le monde n’a pas les moyens d’acheter un groupe électrogène. Regardez, ce qui s’est passé avec les enseignants ! A l’heure de la globalisation notre enseignement devrait rivaliser avec ce qui se fait dans les pays développés. Mais, j’ai l’impression que les multiples voyages du chef de l’Etat ne lui servent pas grand-chose. Quand il est incapable de régler le problème de l’assainissement du pays, je me demande s’il faut encore lui faire confiance. Pourtant, cela ne demande pas des milliards ; c’est juste un problème d’organisation. A Kaolack, ce sont des associations qui sont en train de régler la question de l’insalubrité. Pourquoi pas à Dakar ?
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