POLEMIQUE : Des intellectuels volent au secours de Wade

Des intellectuels ont décidé de voler au secours du président Wade pour l’épauler dans son combat pour la défense du Monument de la Renaissance africaine qui suscite d’énormes polémiques. Réunis ce week-end à travers le «Club Panafrika», ils entendent s’impliquer dans la sensibilisation des populations sur l’intérêt de ce projet symbolisant la réhabilitation de l’Afrique.

Me Abdoulaye Wade peut désormais se frotter les mains. Car, il ne portera plus à lui seul le combat pour la défense de «son» Monument de la Renaissance africaine. Des intellectuels et autres universitaires qui se sont réunis ce week-end à l’Université Cheikh Anta Diop ont décidé d’entrer dans la danse. Le «Club Panafrika» composé des intellectuels d’Afrique et des diasporas africaines veut dorénavant «mouiller son maillot» dans la sensibilisation des populations de l’intérêt africain du monument. L’objectif étant, dit-on, de replacer le Monument de la Renaissance africaine dans son contexte et son époque, en particulier les différents maillons symboliques avec lesquels il forme un système global. Un système destiné à marquer dans la conscience des africains et du monde, le recouvrement par l’Afrique et les africains et les diasporas africains, de l’initiative historique qui avait été perdue depuis les premières mondialisations qui débutent au 16ème Siècle, prémisses de l’époque mercantiliste, de la traite, puis de la colonisation.
Exaltant les mérites du président Wade d’avoir eu le courage de symboliser la renaissance africaine à travers ce monument, le Pr Djibril Tamsir Niane soutient : «je vois ce monument comme un élément fort de la réhabilitation de l’Afrique». M. Niane a montré combien le Monument de la Renaissance est important pour servir de repère d’une Afrique libre et engagée dans la voie de l’émergence. Non sans évoquer les «malentendus procédant d’un défaut d’explication» sur le monument, le professeur Iba Der Thiam explique qu’il faut toujours faire appel aux «sachants» pour donner des éclairages aux populations. Et c’est aux intellectuels, note-il, qu’il revient de donner à la société des repères. Il est indiqué que «l’université et, avec elle, l’intelligentsia, demeure paradoxalement absente du débat, alors que tout lui commande de voler au secours d’une opinion publique perplexe et dubitative, qui se demande où cette polémique politico-religieuse va mener le pays». La rencontre, le week-end passé à l’Université Cheikh Anta Diop, a été l’occasion de souligner la nécessité de remobiliser l’intelligentsia africaine et panafricaine résidente au Sénégal. Cela, afin d’éviter les tendances à la «diabolisation du Panafricain global» par la clarification des idées et des orientations. Les panélistes ont démontré que l’Afrique a besoin d’avoir des symboles, des valeurs et une intelligentsia qui pense son devenir en ne la vidant pas de sa dimension idéologique. Posant le problème des retombées financières du monument qui doivent être bénéfiques aux populations sénégalaises et africaines, Mme Denise D’Erneville invite à «ouvrir les yeux pour voir où l’Afrique doit aller». Mme D’Erneville, qui souligne la nécessité de «porter ce projet africain» du monument, soutient que «si nous voulons réaliser l’Union africaine, il ne faut pas négliger ce jalon que tous les Etats africains doivent s’approprier». Ce symbole de la renaissance appartient à tous les africains et pas seulement aux sénégalais, indique Serigne Mboup de la Cellule initiatives et stratégies (Cis).