Pour avoir rompu la solidarité gouvernementale : Le leader d'Aj/Pads va-t-il démissionner?

Candidat à l'élection présidentielle, donc adversaire du président sortant, Landing Savané ne pouvait s'empêcher de décocher des flèches pour tirer sur son allié libéral. Mais, en le faisant, il se rendait coupable d'un manque de solidarité gouvernementale parce qu'il est toujours membre du gouvernement. Pour combien de temps encore ?

Landing Savané a choisi de se présenter contre Abdoulaye Wade tout en refusant de démissionner du gouvernement. Une posture, pour le moins, dichotomique. Parce qu'en tant que candidat à l'élection présidentielle, donc adversaire du président sortant, il ne pouvait s'empêcher de décocher des flèches pour tirer sur son allié libéral.

Pendant les 21 jours de campagne électorale, Landing Savané a été particulièrement virulent contre Wade à qui il reproche d'avoir blanchi Idrissa Seck sur le dossier des chantiers de Thiès. Il a descendu en flamme le régime libéral et ne s'est pas gêné, outre mesure, à dégager sa responsabilité lorsque le gouvernement est accusé de prévarication. Pour se dédouaner, il lâche : ‘On peut être parmi des voleurs sans être voleur’. Mais, en attaquant le gouvernement, Landing Savané se tire une balle dans la jambe et se rend coupable d'un manque de solidarité gouvernementale. Il est toujours ministre d'Etat et les ministres d'Aj/Pads siègent encore dans le gouvernement dirigé par le Premier ministre, Macky Sall.

Cet équilibrisme n'a pas été payant. Landing Savané, qui n'a jamais dépassé le score de 3 %, voire 4 % dans une élection présidentielle, risque encore de rester dans ces eaux-là. Le leader d'Aj/Pads a joué et perdu, il doit en tirer toutes les conséquences. Et la première qui s'impose à lui est son départ de l'attelage gouvernemental. En effet, en décidant de se présenter à l'élection présidentielle, il a mis fin, unilatéralement, au contrat politique et moral qui le liait à Wade.

Pour justifier la présence d'Aj/Pads dans le gouvernement, Landing Savané a toujours brandi sa participation à l'avènement de l'alternance. ‘Nous sommes membres de l'alternance’, se plait-il à rétorquer à ses détracteurs qui réclament la démission des ministres Aj/Pads du gouvernement. Il vient lui-même de battre en brèche cet argument. Parce que Wade ne lui doit pas sa nouvelle victoire, laquelle sonne le glas de cette ère appelée alternance et qui a débuté un soir du 19 mars 2000. De tous les acteurs de ce tournant dans l'histoire politique du Sénégal, seul Landing Savané est encore présent dans le gouvernement. Pour combien de temps ? Va-t-il attendre l'humiliation d'une défénestration ? Wade ne court plus, en tout cas, le risque de faire de lui un martyr de l'alternance en le boutant hors du gouvernement. Parce que l'alternance est finie.