Les voitures que l’Etat du Sénégal avait acquises pour assurer le transport de ses hôtes lors du Sommet de l’Organisation de la conférence islamique (Oci) sont mises officiellement en vente. Cette opération intervient après qu’un très proche du Chef de l’Etat et un fonctionnaire en service au ministère des Affaires étrangères avaient tenté, en vain, de vendre quatre de ces véhicules. Il a fallu que l’information s’ébruite pour que les deux hommes battent en retraite. En ce moment, une enquête avait été ouverte par la gendarmerie pour faire la lumière sur la vente de ces véhicules en dehors du circuit légal. Mais, depuis une semaine, l’Etat du Sénégal s’est résolu à échanger ces bolides de prestige contre des liasses de billets.
L’appel d’offres a été lancé dans l’édition du «Soleil» de jeudi dernier avant d’être reproduit dans le numéro d’hier du quotidien national. Ces véhicules, au nombre de 165, sont proposés au public qui a la possibilité de les visiter au Bataillon du Train sis sur la route de Ouakam. Il s’agit, entre autres, de Mercedes S350, S600, S500, de 16 Lexus et de 60 berlines de marque «Sarir». Ces «Sarir» équipées d’ordinateurs et de téléviseurs, ont été offertes au Sénégal par la République islamique d’Iran et leur réception avait lieu dans l’enceinte du Palais présidentiel. En effet, l’on en sait un peu plus sur les raisons qui ont poussé l’Etat à vouloir vendre les voitures. Selon les confidences de fonctionnaires impliqués dans l’élaboration de la procédure, «les comptes du Trésor étant toujours au rouge, la mise en vente de ces bolides aiderait à renflouer les caisses de l’Etat». Seulement, l’aliénation de ces biens publics est, selon nos interlocuteurs, «une nécessité en cette période de préparation des élections locales dont l’Etat peine à mettre en place le budget estimé à plus de 5 milliards de francs Cfa».
Si l’on en croit nos différentes sources, le matériel électoral ainsi que les imprimés doivent être en place bien avant les élections qui se tiendront le 22 mars prochain. «A l’approche de cette date et devant le défaut de moyens du Sénégal, il fallait accélérer la procédure pour prendre toutes les dispositions utiles». Même si le produit de la vente de ces véhicules ne couvre pas la totalité du montant dont l’Etat a besoin, il reste que, ajoutent des sources, «plus de deux tiers du budget pourraient être bouclés». D’après les calculs effectués, si les 165 voitures de grand luxe sont cédées, même au plus grand bazar, «elles n’apporteraient pas moins de trois milliards de francs Cfa. D’ailleurs, on évoque la rationalité pour justifier ce choix opéré par l’Etat du Sénégal». «Cette opération est de loin plus réaliste que de laisser les voitures inutilisées, avec des frais d’entretien en plus».
Ce n’est pas la première fois que l’Etat du Sénégal mette en vente une partie de ses biens mais cette tendance à brader les bijoux de famille s’est accentuée avec la crise financière que traverse le Trésor public. Une situation qui a abouti à l’incapacité de l’Etat à payer la dette intérieure dûe au secteur privé. Il a fallu faire recours à des emprunts obligataires et aux prêts pour limiter les dégâts. Cela, après que les actions flottantes que l’Etat détenait dans le capital de la Sonatel et l’hôtel Méridien Président furent mises en cession.
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