Dans une déclaration qu’elle a envoyée hier au chef de l’Etat, l’opposition recommande la tenue de concertations “sérieuses” entre Me Wade et l’ensemble des acteurs politiques et de la société civile. Elle est d’avis que c’est la seule façon de garantir des élections législatives “sincères, régulières et transparentes”.
SOURCE : Le Populaire
“Les partis et coalitions de partis soussignés exigent que des concertations sérieuses soient engagées entre le chef de l’Etat et l’ensemble des acteurs politiques et de la société civile, pour aller à des élections sincères, régulières et transparentes. A défaut, ils tiennent le peuple pour témoin qu’Abdoulaye Wade veut définitivement tourner la page de l’histoire démocratique du Sénégal”, peut-on lire dans la déclaration que des partis de l’opposition ont adressée au président Wade. Les signataires qui réaffirment que “les élections, à la condition qu’elles soient régulières, sincères et transparentes, sont la seule voie légitime pour conquérir et conserver le pouvoir”, réitèrent leur engagement d’inscrire leur action dans cette voie, “afin de préserver la crédibilité et la stabilité de notre pays”.
Refus de “participer à la réédition de la mascarade électorale du 25 février 2007”
Toutefois, ils disent refuser de “participer à toute compétition électorale qui se déroulera dans les mêmes conditions que le scrutin présidentiel du 25 février 2007. L’objectif politique d’une telle attitude est le refus d’être le complice d’une forfaiture et de servir de faire-valoir à une compétition électorale faussée de bout en bout et d’attirer l’attention de l’opinion publique et internationale sur la mauvaise passe que traverse la démocratie du Sénégal avec le système Wade (…) C’est pourtant, dans ce contexte délétère et déplorable que risquent de se tenir, dans quelques semaines, les élections législatives. Dans ces conditions, l’opposition politique a le choix entre participer de façon passive à la réédition de la mascarade électorale du 25 février 2007 ou bien se mobiliser activement pour exiger que les législatives se tiennent dans des conditions dignes du parcours démocratique de notre pays”. Et pour les contradicteurs de Wade, choisir “la première option serait un recul pour le pays, car les élections seraient encore mal organisées, les résultats ne refléteraient pas l’état de l’opinion et, surtout, les rapports de forces réels sur le terrain. La participation de l’opposition ne servirait alors qu’à donner du crédit à un simulacre d’élections. De surcroît, si les élections locales, elles aussi, sont organisées dans les mêmes conditions, les institutions constitutionnelles et politiques seraient irrémédiablement affectées d’une crise de légitimité sans précédent, périlleux pour la viabilité de notre expérience démocratique et pour l’image du Sénégal dans le monde”.
“Il est impérieux de prendre les mesures de redressement avant qu’il ne soit trop tard”
En conséquence, ils en appellent à “toutes les forces vives de notre pays, celles engagées dans les partis, comme celles de la société civile, afin que tous ensemble travaillent à l’avènement d’un système électoral permettant la tenue d’un scrutin régulier, sincère et transparent. Un scrutin digne de la maturité démocratique de notre peuple et de la grandeur de notre pays”. Aussi les opposants estiment-ils qu’“il est impérieux de prendre les mesures de redressement indispensables avant qu’il ne soit trop tard pour notre pays”. A savoir “la remise à plat et à fond” du fichier électoral, “la transparence et la sécurisation du vote des militaires et paramilitaires”, “le plafonnement et le contrôle des dépenses électorales” et “la création, selon un mode consensuel, d’une structure indépendante chargée de l’organisation des élections”, entre autres exigences. Il faut souligner que l’opposition n’a pas raté le chef de l’Etat : “Depuis 1992, notre pays a connu des avancées démocratiques indéniables qui ont permis, entre autres, en 2000, une alternance paisible et incontestée. L’on était alors en droit de croire à l’irréversibilité de l’ensemble de ces acquis. Malheureusement, depuis son avènement au pouvoir, Abdoulaye Wade a, tous les jours, et à chaque occasion, posé les jalons d’un recul de la démocratie, l’illustration la plus parfaite a été l’élection présidentielle du 25 février 2007. Ce scrutin relève incontestablement d’une mascarade électorale, dont nous rejetons catégoriquement les résultats proclamés”. Elle dénonce en outre “la confection d’un fichier électoral truqué, la discrimination dans les inscriptions, la rétention et la substitution de cartes d’électeur, ainsi que l’opacité et le manque de sécurisation du vote des militaires et paramilitaires. Ensuite, la partialité avérée du ministre de l’Intérieur qui, de façon délibérée a empêché nombre de Sénégalais d’accomplir leur devoir civique, à laquelle se sont ajoutés le parti pris et la complicité de certains membres de l’administration territoriale et de la Justice (…)” L’opposition s’offusque également de “l’incompétence et l’incurie de la Céna qui n’a jamais pu ou voulu assumer honorablement ses prérogatives de contrôle et de supervision”.
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