POUVOIR - OPPOSITION : Scénarios pour relancer le dialogue politique

La question du modérateur continue d’occuper une place centrale dans l’amorce du dialogue politique. De part et d’autre des deux camps la volonté d’aller au dialogue est manifeste. Mais il se trouve chaque fois un dernier obstacle à franchir, la désignation d’un modérateur pourra-t-elle faire asseoir la classe politique au tour d’une table. Des bonnes volontés, membres du Pacte républicain comme Alioune tine de la Raddho ou des personnalités comme le professeur Babacar Guèye proposé modérateur par l’opposition soutiennent que si la confiance règne il est possible de dialoguer.

La question du modérateur continue d’occuper une place centrale dans l’amorce du dialogue politique. Depuis la dernière élection présidentielle de février 2007, marquée par une victoire au premier tour du candidat de la Coalition Sopi et fortement contestée par la quasi-totalité des autres prétendants, le fil du « dialogue » a été rompu entre la majorité et l’opposition dite significative ». De part et d’autre, on a toujours proclamé sa volonté de dialoguer qui est devenue, pour certains une exigence pour la bonne santé de notre démocratie.

Mais on n’est jamais allé au-delà des simples déclarations d’intention matérialisées par des échanges de correspondances, des propositions de cadre de discussion, des termes de référence, etc. Depuis le début de l’année 2010, les acteurs qui se sont entendus sur plusieurs questions essentielles butent sur la personne du modérateur médiateur.

C’est le chef de l’Etat, Me Abdoulaye Wade, réagissant aux interpellations répétées de l’opposition regroupée au sein de la coalition Benno siggil Sénégal, les a invités à lui proposer le nom d’un modérateur. C’est dans son adresse à la Nation du nouvel an que le chef de l’Etat avait lancé l’idée en disant que s’agissant du Code électoral, pour sa part, il est « prêt à faire droit aux deux revendications de l’opposition, à savoir d’abord la désignation d’un modérateur, ensuite la traduction en termes de lois des consensus qui seront constatés. Sur la première question, j’attends que l’opposition nous dise comment désigner ce modérateur et quelle sera sa fonction ».

Trois profils proposés

Après quelques jours d’attente, le président Wade relance le débat en proposant le nom de l’ancien Médiateur de la République et actuel président de la Commission nationale électorale autonome (Cena), Doudou Ndir. Le chef de l’Etat avait avancé, entre autres, comme argument sur la pertinence de ce choix, le fait que le président de la Cena est un acteur de fait impliqué dans les questions électorales en tant que responsable de l’organe de supervision et de contrôle du processus.

Par la suite de son coté, l’opposition après avoir récusé Doudou Ndir, propose à son tour le nom du professeur Babacar Guèye comme modérateur. Ce constitutionaliste et membre de la société civile sénégalaise est présenté comme une personne à la fois « compétente, expérimentée et dont la probité morale ne souffre d’aucun doute ».

Cependant, la correspondance adressée par l’opposition n’a pas connu de suite jusqu’au dernier appel du chef de l’Etat, à l’occasion de la fête de la Korité. Ce 20ème appel a été l’occasion du mouvement dit « citoyen », par la voix de l’un de ses membres, Cheikh Tidiane Gadio, de réclamer au non de nouveau pôle son droit à la participation non seulement au dialogue, mais aussi à la désignation d’un modérateur. C’est ainsi que l’ancien ministre d’Etat, ministre des Affaires étrangères, président du Mouvement politique citoyen (Mpc) « Luy Jot Jotna », propose au cours d’une émission radio le nom d’une autre personnalité susceptible de contribuer à la facilitation du dialogue politique.

Tout naturellement, le troisième pôle propose un troisième nom, en la personne de Babacar Touré, patron du Groupe Sud communication. Et Cheikh Tidiane Gadio y est allé de ses arguments pour défendre son idée. Il reconnait toutefois que cette proposition n’est que le fruit d’une concertation informelle entre dirigeants du mouvement dit « citoyen », le patron du Mpc justifie que « si un Babacar Guèye peut nous apporter la pertinence du juriste, un Babacar Touré peut bien nous faire profiter de son expertise et de sa mémoire politique. » Il rappelle que Babacar Touré est un Sénégalais qui a de la hauteur, du recul et qui peut aider son pays à sortir de l’impasse. La société civile n’est pas en reste dans cette dynamique de renouer le fil du dialogue avec la mise sur pied d’un comité d’appui au dialogue politique. Le comité a invité le président de la République à désigner un modérateur pour la relance du dialogue politique.