Pr El Hadji Mbodji, Constitutionnaliste: "La limitation des partis politique est antidémocratique"

Invité ce vendredi sur la Radio municipale de Dakar (Rmd), le professeur de Droit constitutionnel, El Hadji Mbodji s’est dit opposé à une limitation des partis politiques. En effet, à la suite du président Wade, du Pr Iba Der Thiam qui ont posé le débat, le Constitutionnaliste s’inscrit dans une autre mouvance. Selon certaines sources un projet de lois est en cours d’élaboration au niveau de l’hémicycle et serait voté par la majorité libérale.

Selon El Hadji Mbodji, Professeur de Droit constitutionnel à l’Université Cheikh anta Diop de Dakar, la limitation des partis politiques par la Constitution serait une mesure "drastique et antidémocratique". Il fonde son désaccord à toute limitation des partis politiques en se référant à la Constitution. C’est "antidémocratique". D’après lui, "ce n’est pas une bonne chose pour la démocratie." De plus "il n’ y a pas péril en la demeure", dit -il. Beaucoup de ces partis "ne participent pas aux élections et ne participerons peut-être jamais", a expliqué le Constitutionnaliste.

Analysant la présence de ces partis politiques qualifiés de "partis télécentres", il reconnaît que le nombre de partis politiques qui ont une existence légale dépasse présentement la centaine. Parmi eux, pas moins de six partis ont participé à l’élection présidentielle de février 2007. Les autres candidats étaient des indépendants. Pour assainir le landerneau politique, le Pr Mbodji propose de "dépoussiérer la loi de 1981 sur les partis politiques qui comporte six articles". D’après lui, cette loi qui contraint les partis politiques à remettre chaque année un rapport d’activités, financiers et autres exigences légales n’est même pas respectée.

Pour réguler la prolifération des partis politiques, le professeur El Hadji Mbodji propose également d’agir sur la recevabilité des candidats à la présidentielle ou aux législatives en leur imposant certaines contraintes comme : le parrainage d’un nombre de signatures d’élus (comme c’est cas en France), l’exigence de disposer de listes sur l’ensemble du territoire.

Faisant le parallèle avec les Usa et la France, le Pr Mbodji note qu’il n’ y a pas de contraintes dans ces pays, où c’est le libre jeu des lois politiques qui détermine la place de chaque parti. Cependant explique le Pr Mbodji, les coalitions de partis qui se forment actuellement participent à une certaine "homogénéisation". En effet, déclare-t-il, "sans imposer de lois, on va vers une bipolarisation : d’un côté les partis de la mouvance présidentielle de l’autre, les partis d’opposition".

Il rappelle que l’idée soulevée par la majorité présidentielle n’est pas nouvelle. En 1976 Senghor avait limité les partis au nombre de trois. A l’époque, il y avait le Ps pour le Socialisme démocratique, le Pds qui représentait le courant du travaillisme libéral et le Pai d’obédience Léninisme-marxisme. En 1978 un quatrième courant est autorisé : le conservatisme. Le "multipartisme intégrale" a été instauré par Abdou Diouf dés son arrivée au pouvoir en 1981. Déroulant son argumentaire, il avance que c’est depuis l’alternance, beaucoup de partis politiques ont vu le jour.