Présidentielle 2007 : À quel Abdoulaye Wade se fier ?

Il arrive que, dans la recherche de sa personnalité, qu'un adolescent se dédise ou qu'un vieil homme, du fait du poids de l'âge, prenne le contre-pied de ses précédentes déclarations. Mais quand l'anomalie de la confusion pointe le nez dans le discours du premier des Sénégalais, on ne peut que s'inquiéter. À moins que Me Wade, qui n'est plus sûr de sa candidature à la prochaine présidentielle, ne verse encore dans l'intrigue politique ; qu'il ne déteste point. Parce que, les antécédents sont bien là et tout frais.

" Il ne m'appartient pas de dire que je serai candidat ou si je nele serai pas (…) Si le parti (Ndlr : le Pds) me désigne, évidemment j'assumerai cette fonction. Il n y a aucun problème à ça ". Les propos sont du chef de l'État sénégalais et non moins secrétaire général national du Parti démocratique sénégalais (Pds). Ils ont été recueillis par Rfi, en marge du 11 ème sommet de la Francophonie , qui se tient depuis jeudi dernier à Bucarest, en Roumanie. En clair donc, " la seule constante" du parti au pouvoir ne sait pas encore si elle sera sur la ligne de départ de la prochaine élection présidentielle ! Pourtant, Me Wade a déjà désigné son Premier ministre, Macky Sall, par ailleurs son adjoint dans le Pds, comme son directeur de campagne pour le scrutin fixé en début d'année prochaine. Dernièrement aussi, à l'occasion de son face-à-face avec la Convergence autour du président pour le 21é siècle (Cap 21), M. Sall avait déclaré aux souteneurs de Me Wade qu'il leur ferait place dans le directoire de campagne de son mentor. Pourtant encore, Me Wade avait dernièrement avancé devant ses " sentinelles ", à l'endroit de l'opposition : " Je n'ai pas d'adversaire, vous savez que je vais gagner les élections " ! Pourtant également, comme des champignons après la pluie, les mouvements de soutien, " pour la réélection de Me Wade ", fleurissent de plus belle. Commodité devant les grandes démocraties ou exemple de démocratie interne ? En tout cas, Me Wade a précisé que leur parti va se réunir " dans peu de temps pour désigner son candidat" , comme si un seul de ses militants osera lever le plus petit doigt dans les rangs des libéraux pour proposer sa candidature à la prochaine présidentielle, sous la bannière du Pds. Me Wade a-t-il ainsi parlé pour mieux ferrer ses férus ; surtout que son " fils banni " est en train de démontrer qu'il affrontera bel et bien le "pape du sopi " ? L'hypothèse n'est pas à écarter. Tout comme les propos de Idrissa Seck, qui déclarait, en avril dernier, que les informations en sa possession ne lui permettaient pas d'avancer que Me Wade sera candidat à la prochaine présidentielle, ne peuvent pas ne pas affleurer dans les mémoires. Me Wade bluffe-t-il ou est-il handicapé en direction de 2007, sans vouloir le déclarer ? Ce sont les principales questions qui reviennent, depuis hier, dans bien des débats. Dans l'entretien avec Rfi, qui a duré moins de six minutes, Me Wade a ajouté, à l'endroit de ceux qui mettent en exergue ses 80 ans, qu'on " peut toujours gloser sur mon âge ". Et d'ajouter que " Dieu seul sait qui enterrera l'autre ". Et de se désoler de " parler comme ça ". À qui pense-t-il ? À son ancien second dans l'État et le Pds, Idrissa Seck ? Le cas échéant, cela signifierait qu'on va vers des élections tumultueuses. Car entre candidats, on ne doit pas s'enterrer, mais s'affronter ; juste le temps que durent les élections.