PRÉSIDENTIELLE 2007 - Un candidat de recours sort de la Société civile

On parle de plus en plus de faillite de la classe politique sénégalaise et certains observateurs n’hésitent pas aujourd’hui à théoriser la nécessité d’une implication de la Société civile dans les prochaines élections pour permettre aux Sénégalais de disposer d’une véritable alternative. Les choses semblent bouger dans ce sens, avec la décision de l’universitaire Yoro Fall, fonctionnaire de l’Unesco, à déclarer sa candidature à la prochaine présidentielle.

Elles sont de plus en plus nombreux les voix à appeler à une candidature de la Société civile aux prochaines élections présidentielles. C’est que, de l’avis de nombreux observateurs, la classe politique sénégalaise actuelle, sans exception, est frappée par un phénomène de faillite qui la disqualifie à l’unanimité. « La confrontation du 19 mars 2000 n’avait pas laissé de place à une troisième voie. La doctrine était, tous contre le Parti socialiste et ses satellites. Le camp de l’alternance avait gagné, mais n’a pas répondu aux attentes. Ainsi, ils sont de plus en plus nombreux en penser que le Sénégal a sauté de Charybde à Scylla en passant de l’ancien régime à celui qui le gouverne actuellement. Et les ruptures enchaînées dans le camp de l’alternance n’y changent rien.

Face à l’échec du pouvoir en place, les seules alternatives qui s’offrent sont, soit ceux qui ont été sanctionnés le 19 mars 2000, soit des alliés des gouvernants actuels, qui se sont retrouvés dans l’opposition à la suite de querelles de partage de pouvoir et/ou de divergences sur la manière de gérer les affaires du pays. En dehors du Ps, tous ceux qui critiquent le Pds aujourd’hui ont eu à être ses complices dans sa manière de gérer le pays, et ne disaient rien tant qu’ils étaient admis au pouvoir. Il y a aussi la transhumance, les autres formes de reniement qui ont contribué à discréditer la classe politique. Si le choix des électeurs se limite aux seuls hommes politiques, le prochain président, qui qu’il soit, sera élu par défaut ». Cette analyse d’un observateur averti de la scène politique donne une idée de la situation.

Un fonctionnaire international nommé Yoro Fall

C’est dans ce contexte que l’on annonce l’entrée en scène d’un candidat de la société civile. On parlait de Ibrahima Fall de l’Onu. A défaut d’avoir l’ancien doyen de la Faculté de droit de l’Ucad, on reçoit quand même un Fall, universitaire lui aussi, ancien membre du corps enseignant de l’Ucad, évoluant également dans le système des nations unies, précisément dans un organisme spécialisé, l’Unesco. Il s’agit de Yoro Fall, professeur d’histoire, en fonction à l’ Unesco, présentement en poste à Accra, en tant que chef de trois programmes dans les pays de l’Afrique de l’Ouest et du centre : « Développement économique, social et culturel » ; « Paix et gouvernance » et « Préservation, conservation et restauration du patrimoine culturel ».

A en croire les informations qui nous sont parvenues, M Fall qui a été bien travaillé, aussi bien de l’intérieur que de l’extérieur des frontières nationales, est disposé à venir en découdre avec les politiciens professionnels « pour sauver la patrie menacée de confiscation et d’accaparement par une classe de professionnels du pouvoir ». La candidature de cet universitaire, à en croire nos sources, présente beaucoup de similitudes avec celle de Yayi Boni qui a pris le pouvoir au Bénin, et les contextes politiques entre les deux pays ont également pas mal de points communs.

D’ailleurs, poursuivent les mêmes sources, on aurait tort de sous-estimer cette donne nouvelle dans les confrontations électorales, surtout que le concerné, membre fondateur du Syndicat autonome des enseignants du supérieur (Saes) et de la Rencontre africaine des droits de l’homme (Raddho), est connu et plutôt bien apprécié dans les milieux universitaires et au sein de la Société civile de notre pays. « On compte beaucoup sur ces élites, pour appuyer la candidature de Yoro Fall et la faire adopter par les populations », a déclaré un universitaire sénégalais paraissant jouer un rôle dans ce qui semble être la structure chargée de la préparation de l’entrée en scène de Fall.

Sur un autre plan, on révèle que le futur candidat, ayant fait plusieurs pays de la planète dans le cadre de ses activités professionnelles, est adossé sur le plan international à un réseau de relations qui peut se révéler très utile. On parle également de moyens importants qu’il aurait déjà mobilisés pour les besoins électoraux.

C’est au début du mois de décembre prochain que Yoro Fall qui va se faire placer en disponibilité par l’Unesco, foulera le sol sénégalais pour faire sa déclaration publique de candidature et se lancer aussitôt dans la collecte des 15 000 signatures qui devront porter cette candidature, comme la loi l’exige aux candidats indépendants. Sur ce point d’ailleurs, on précise que des partis politiques n’ayant pas les moyens de s’acquitter de la caution étaient disposés à héberger la candidature de l’universitaire, comme le font souvent les invités - surprises aux élections chez nous. Seulement, poursuit-on, M Fall a tenu à passer par la formalité des 15 000 signatures, ce qui, à ses yeux, serait le premier signe de légitimation de sa candidature