Prétexte pour officialiser ses retrouvailles avec Idy ? : Wade inaugure, pour la seconde fois, Senbus

Le président Wade est attendu, mercredi prochain, dans la cité du Rail. Officiellement, il doit inaugurer l’usine de montage de bus, Senbus. Officieusement, la formalisation des retrouvailles avec Idrissa Seck en serait la principale motivation.

(Correspondance) - Me Wade sera à Thiès mercredi prochain pour l’inauguration de Senbus. Mais au-delà de cette raison annoncée, les observateurs de la scène politique thiessoise perçoivent des effluves politiques en cette visite, surtout quand on sait que l’unité de montage de voitures a déjà été l’objet d’une inauguration. Aussi et à les en croire, il ne devrait s’agir que d’une façon pour le secrétaire général du Pds de sceller officiellement et en public les accords issus des multiples rencontres et négociations entre son ancien Premier ministre Idrissa Seck et lui.‘Une visite pour officialiser le retour d’Idrissa Seck dans les rangs du Pds’, disent-ils.

Aussi, la mobilisation sonnée samedi dernier par Yankhoba Diattara et les responsables du Rewmi pour appeler les Thiessois à accueillir pompeusement le président Wade est-elle pour conforter cette vision des observateurs de la scène politique. Que dire aussi de cette déclaration du même Diattara quant aux dispositions pratiques prises pour assurer une réussite à l’accueil ? ‘Les dispositions pratiques qui sont prises, c’est tout simplement une mobilisation de la grande famille libérale. Aussi bien les militants du Pds que Rewmi doivent se mobiliser et se donner la main dans une ambiance de retrouvailles. Ce message-là a été partagé par l’ensemble des militants. Et mercredi prochain, le président verra une forte mobilisation des militants du Pds en particulier et de la grande famille libérale en général’. L’adjoint au maire de la ville de Thiès se fera plus explicite quand il précise que les militants du parti Rewmi avaient donné carte blanche à Idrissa Seck pour aller discuter avec le président de la République sur les modalités de retrouvailles de la grande famille libérale. ‘Si, aujourd’hui, Abdoulaye Wade déclare qu’Idrissa seck est revenu à ses côtés, nous ne pouvons que nous en réjouir et nous mobiliser en conséquence pour lui réserver un accueil chaleureux ’.

Après les grandes batailles, les grandes amours

Très clair donc pour comprendre qu’on est loin de l’époque où les ‘seckistes’ étaient traqués comme des malpropres à chaque fois que le président Wade envisageait une descente dans la cité du rail. L’époque où la seule phrase consistant à dire : ‘Nous allons l’accueillir à notre manière’ avait sonné comme délit au point de valoir une peine d’emprisonnement ferme à celui qui l’avait dit. Après les grandes batailles, les grandes amours, dit bien l’adage. Mais, l’évidence est aujourd’hui que ces grandes amours qui s’annoncent, sont aussi porteuses de craintes et de doute dans l’esprit des libéraux qui étaient restés fidèles au Pds et qui avaient porté la bataille de déstabilisation de celui qui fut le tout puissant numéro deux de la formation libérale. Une crainte d’autant plus justifiée que l’édile de la ville risque de revenir dans la formation libérale aussi puissant qu’il l’avait quitté il y a plus de quatre ans.

Aucune nouvelle structure n’a été mise en place en remplacement de celles qu’il avait lui-même installées. Pour dire que l’exhumation et la résurrection desdites instances dans la ville de Thiès pourraient sonner le glas de tous les leaders qui avaient commencé à émerger dans l’espace libéral thiessois.

Des leaders dont le désaccord s’est accentué avec l’annonce du retour dans les rangs d’Idrissa Seck. En témoignent les prises de positions tranchées de certains responsables libéraux lors de leur meeting de mobilisation tenu samedi dernier à la permanence du Pds à Thiès. ‘La fédération départementale de Thiès fonctionne mal. Si nos responsables étaient à la hauteur, le président (Wade) allait traiter directement avec eux sur les questions au lieu de confier la mobilisation de Thiès à Farba Senhor qui doit traiter avec les responsables thiessois’, dit Lamine Dramé, premier adjoint au maire de Kayar. Selon lui, il ne faudrait pas que Thiès s’attende à une mobilisation du département pour grossir ses rangs. ‘Nous allons choisir un point de ralliement où nous allons accueillir le président et retourner chez nous’. Ce point de vue sera quelque peu soutenu par le député libéral Adja Anta Dièye. Pour cette dernière, si le Pds connaît des difficultés à Thiès, c’est parce le président n’a pas renforcé celui qu’il a installé dans la ville comme responsable de son parti, en l’occurrence Abdou Fall. Aussi a-t-elle demandé à ce que le secrétaire général national du Pds donne à ce dernier les moyens qu’il faut pour redonner à ce parti la force qui fut la sienne.

Quant à Pape Moussé Diop qui dirigeait la rencontre en l’absence des autres responsables, il se limitera à dire que celui qui a parlé au nom du département, ne l’a fait qu’en son nom personnel. Et que sa prise de position n’engage que lui. Par conséquent, il dira que l’essentiel est que Thiès accueille massivement le président et que, pour cela, il n’y a rien à craindre.

En tous les cas, force est de reconnaître que l’avenir du Pds à Thiès et des différents leaders qui l’animent, sera largement tributaire des déclarations et des dispositions qui seront prises mercredi prochain par le secrétaire général national du parti à l’occasion de sa visite dans la cité du rail. Pour l’heure, les différents états-majors du Rewmi et du Pds se démènent, chacun de son côté, pour lui assurer un accueil digne de son rang. Seront-ils suivis par les populations ? Une question encore sans réponse.