Comme à son habitude, Talla Sylla s’est livré à une longue “marche grise” dans les rues de Fatick, fief du N°2 du Parti démocratique sénégalais (Pds) où il était hier après-midi. Le leader du Jëf-jël qui, jusqu’ici, avait été quelque peu réservé, a eu un discours incendiaire à l’endroit du Président Wade. “J’ai décidé depuis quelque temps de ne pas parler de Wade que je connais. Mais comme ils persistent à vouloir me liquider, je vais vous dire tout sur eux, car j’ai abandonné Abdoulaye Wade en 1996 parce que je savais beaucoup de choses sur lui qui m’ont fait perdre confiance. Mais pour ne pas que les Sénégalais disent que j’ai été acheté par Abdou Diouf, je me suis tu jusqu’en 2000, avant de commencer à critiquer la gestion de Wade et de son régime”, lance le candidat à la présidentielle. “Je vous dis ici et maintenant que le problème du Sénégal, ce n’est pas que ses dirigeants sont incompétents, mais c’est que le Sénégal est dirigé par un criminel. C’est ça le fond du problème, qu’on le veuille ou non”, lance Talla Sylla devant une foule nombreuse au marché central de Fatick. Et de citer en exemple Me Babacar Sèye dont le meurtre a été commandité par Me Wade, Balla Gaye dont la mort est une tache que porte Wade, la tentative d’assassinat à coups de marteau sur lui-même. Et sur cette dernière exaction, Talla Sylla indique que la gendarmerie a conclu que “les commanditaires comme les exécutants sont au palais présidentiel”. Le leader du Jëf-Jël a nommément cité Ismaïla Mbaye comme une victime collatérale de l’impunité qui a sanctionné l’agression.
“Le problème du Sénégal, c’est qu’il est dirigé par un criminel”
Selon Talla Sylla, avant même que Latif Coulibaly n’écrive que Me Sèye a été tué par Wade, il avait fini d’imputer ce crime à ce dernier. “Wade a voulu me corriger en demandant à ce qu’on me coupe la langue, puis il m’a fait agresser à coups de marteau et c’est criminel”, souligne-t-il. “Que ce soit clair. Aujourd’hui, ils sont au pouvoir, ils pillent le peuple, mais nous, en ce qui nous concerne, il n’y a ni famille, ni ami, ni confrérie. On fera ce qu’on doit faire une fois au pouvoir. Personnellement, je pardonne pour tout ce qu’on m’a fait, mais je ne peux pardonner pour ce qui a été fait au Sénégal et aux Sénégalais. Si moi, Talla Sylla, je suis élu le 27 février 2007, Tous ceux qui ont volé l’argent du Sénégal payeront. J’ai entendu des gens dire qu’il faut rassurer Wade pour avoir des élections paisibles et transparentes, mais il n’y a rien à rassurer. Que ce soit Ablaye Wade, Karim Wade, Viviane, Sindiély Wade ou tout autre personne de son entourage ou ailleurs, tous ceux qui ont volé rendront compte”. Et pour le leader du Jëf-jël, “il ne s’agit pas de règlement de comptes ou d’audits comme ceux de Wade, mais il doit être clair dans l’esprit de tout le monde que l’argent volé au Sénégal et au peuple sera rendu et les coupables mis en prison s’il ne remboursent pas”. En outre, Talla Sylla se promet d’être la sentinelle avec tous ses partisans pour des élections libres et transparentes. “Il n’y aura pas de trucage des élections. L’opposition qui crie au vol n’a qu’à prendre les devants et ses responsabilités. Nous, on s’opposera en tout cas à Wade pour avoir des élections libres et transparentes”, annonce Talla Sylla, qui a aussi parlé à Fatick du projet de Constitution qu’il propose aux Sénégalais. Il a notamment abordé la réforme des institutions judiciaires en déclarant que s’il est élu, “le ministère de la Justice sera supprimé. Il sera remplacé par un ministère chargé des relations avec les institutions que sont le Parlement et la Justice, entre autres. Cela, de sorte qu’il n’y ait plus de tutelle sur la justice”. A la place du Conseil de la magistrature que préside le président de la République, Talla Sylla promet de créer une autre autorité de la justice dirigée par un magistrat professionnel, et cette autorité sera indépendante de tous les pouvoirs. En plus, l’Inspection générale de la justice sera détachée et placée en dehors de la haute autorité, souligne Talla Sylla. Il faut retenir qu’il y avait beaucoup de tension à Fatick, avec les libéraux qui ont également voulu organiser une contre-manifestation en sillonnant la ville avec leur cortège. Mais il y a eu plus de peur que de mal, car la police veillait au grain et il n’y a eu aucun débordement. D’ailleurs, le cortège de Talla Sylla était encadré par trois véhicules.
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