PRESIDENTIELLE 2007 - Une candidature dans la société civile sur la ligne de départ : Me Mame Adama Guèye pour mettre fin au règne des politiciens

La société civile ne veut plus laisser les hommes politiques s’éterniser dans la gestion du pays. Et pour mettre fin à l’hégémonie de la classe politique qui a montré ses limites, c’est Me Mame Adama Guèye qui se présente sous la bannière d’un homme de la société civile. L’acte de candidature, qui recoupe l’alternative proposée par une grande puissance occidentale, sera déclaré demain.

Le moelleux fauteuil présidentiel de Me Wade continue de faire saliver les Sénégalais, à moins de trois mois de la course pour sa conquête ou reconquête. En effet, après que des candidats se sont déclarés partants pour la course à la présidentielle de 2007, un nouveau concurrent vient de se déclarer. Seulement, cette fois-ci, c’est loin des terrains politiques, des alliances idéologiques et stratégiques, que la volonté s’est affichée. C’est sur le champ fertile de la société civile qu’un candidat à la succession de Me Abdoulaye Wade est sorti. Il s’agit de Me Mame Adama Guèye, apprend-on de membres de son entourage. D’ailleurs, nombre de ses proches, avec qui nous avons discuté, soufflent que «sa déclaration de candidature sera faite demain, vendredi, lors de la conférence de presse qu’il a convoquée». Une rencontre au cours de laquelle le nouveau candidat fera le point sur «la situation actuelle du pays», lit-on dans le communiqué de presse. Ainsi, Me Guèye grossit un peu le rang des candidats indépendants déclarés, après Ousmane Kane, un Sénégalais vivant aux Etats-Unis, Yaré Fall, un fonctionnaire de l’Unesco, selon des informations parues dans la presse.

L’intéressé, que nous avons joint, hier, au téléphone, a été avare en mots. Ne voulant faire aucun commentaire sur l’information, il se contente juste de répondre : «Je ne confirme, ni n’informe l’information que vous tenez. En tout cas, je donne rendez-vous le vendredi à la conférence de presse qui sera tenue.» Mais, son entourage confie que «le projet a été mûri depuis plus de deux années durant lesquelles Me Guèye s’est investi dans un programme d’écoute des populations et de ses collègues de la société civile. Le but était d’avoir une vision claire sur la nécessité d’avoir un candidat indépendant au sein de la société civile».

Ce pas franchi par Me Guèye, par ailleurs ancien coordonnateur du Forum civil, recoupe avec la proposition alors faite par une représentation diplomatique occidentale accréditée à Dakar et très influente dans la gestion des affaires politiques du Sénégal. A ce moment, la presse avait même révélé que «cette ambassade avait commandité une enquête sur le Sénégal et l’avait confiée aux services secrets de leur pays. Une enquête au terme de laquelle il a été suggéré la nécessité d’avoir un homme neuf et incolore politiquement pour relever le défi de remettre le pays sur les rails et de garantir la stabilité politique». Cette exigence s’expliquait par le constat d’une «situation nationale catastrophique, liée à la mauvaise gestion des ressources, la banalisation des institutions et la menace qui pèse en permanence sur les libertés individuelles et collectives».

NOUVELLE DYNAMIQUE

C’est dans le souci de corriger «ces errements du régime de Wade» et celui «d’insuffler une nouvelle dynamique salutaire» pour le Sénégal que ce pays, ami du Sénégal, s’était convaincu de l’urgence de trouver l’homme sauveur au sein de la société civile. A cet effet, trois personnes ont été ciblées pour rompre avec la routine politicienne. Ainsi, les noms de Me Mame Adama Guèye, Me Boucounta Diallo et de Ibrahima Fall, fonctionnaire à l’Organisation des Nations-Unies (Onu), ont été avancés par la représentation diplomatique. Le choix de ces Sénégalais découlait des propositions, alors faites par les populations lors de l’enquête des services de renseignement.

Par ailleurs, l’initiative de Me Mame Adama Guèye intervient au moment où la candidature de la société civile à la présidentielle est souvent soulevée au niveau de l’opinion qui est déterminée à se départir de la gestion des hommes politiques. Cette position, affichée par les Sénégalais, trouve sa pertinence dans le constat selon lequel la classe politique est discréditée. D’une part, l’on note la volonté de changer le régime du Parti démocratique sénégalais (Pds) et les pistes qui s’offrent ne semblent pas enchanter les populations.

En effet, une nébuleuse portant sur la gestion des deniers publics oppose Me Wade et son ancien Premier ministre, Idrissa Seck, lui aussi candidat déclaré à la présidentielle. Dans cette affaire, l’opinion sénégalaise se considère grugée face au deal qu’il y a entre ces deux hommes. Un deal qui a conduit à la libération de M. Seck sur des accusations portant sur des milliards de francs encore non élucidés et qui risquent de ne jamais livrer ses secrets. D’autre part, l’opposition, regroupée au sein de la Coalition pour l’Alternative (Cpa), est en passe de montrer ses limites de s’entendre autour de l’essentiel : la candidature à la présidentielle et la liste unique aux législatives. Ce qui laisse penser à un éclatement de la Cpa. Et c’est devant cette situation, où l’espoir semble perdu du côté des politiciens, que Me Mame Adama Guèye compte proposer une démarche de rupture, sous le drapeau de la société civile et probablement sur un programme axé sur la transparence dans la gestion de l’Etat. <15>[email protected]