Hier, à la nouvelle émission Face au public de la Rts. Un plateau de rêve. Un invité de rêve. 90 minutes de présentation d’un Sénégal, tout proche du nirvana économique et social. Le nouveau jardinier des rêves présidentiels aidés dans sa prestation par des reportages-maison face à deux confrères-hôtes, responsables de journaux privés. Un format biaisé. Biaisant. Les images qui volent au secours ou qui sont comme des recours.
Le plateau télévisé de la Rts a été paré. Bien paré. Orné comme une belle, prête à convoler comme une nouvelle mariée en nuits de noces. C’est qu’il recevait un hôtel singulier, le Premier ministre Macky Sall, pour la première fois dans ce genre d’exercice et pour une première émission, baptisé Face au public. L’acte inaugural du format sera-t-il consacré pour les autres émissions que la Rts nous promet : un invité soumis à une discussion entrecoupée de reportages-maison ? M’enfin !
Quoi qu’il en soit, le format dans sa partie relative aux reportages en appui ou en illustration, est certainement de nature à servir de recours et de secours au Premier ministre. Surtout que ces reportages ne se sont illustrés que sur la présentation du côté fleuri du jardin de Me Wade qu’arrose son Premier ministre. Ce n’était pas certainement trop demander qu’une séquence de ces reportages se promenât sur quelques hideurs de notre pays. Et diantre, il en existe des images désolantes de la pauvreté dans nos rues envahies de mendiants, des charters qui déversent des milliers de jeunes émigrés aux rêves brisés. Le format caractérisé par des reportages qui ont entrecoupé les réponses du Premier ministre Macky Sall a imprimé à l’émission un incontestable cachet marketing, avec les inévitables conséquences d’images qui masquent d’éventuelles carences du discours. Comme quoi la télé, ce n’est pas toujours la réalité !
Il y a aussi l’effet généralisant, globalisant de certains reportages qui sont venus en appoint au débat avec le Premier ministre Macky Sall. Il y a les images de ces jeunes, en blouses bleues et neuves, au milieu d’un champ. Un téléspectateur peu informé sur le monde rural peut bien être tenté de croire que c’est là une réalité dans tout le Sénégal des profondeurs. Et hier, on a vu que le Sénégal des mille et une nuit des lumières et des chantiers.
Mais, c’est aussi un choix qui ne manque pas de vertus. Les reportages qui entrecoupent des discussions politiques peuvent toujours constituer des moyens de preuve, «des pièces à conviction», des sources d’échanges connectés à la réalité des images qui peuvent aussi être celles du réel. Ces reportages peuvent aider le téléspectateur à mieux être dans l’intelligence des faits.
En tout cas, Macky a eu droit pour un début à un bon marketing politique. Aux suivants.
Cependant, il est permis de jeter un regard critique, un peu décalé sur ce format composé par la Rts, le Premier ministre Macky Sall, le présentateur et nos deux confrères-invités ontpassé en revue le bilan de deux années. Il a en tout cas les apparats d’une émission de marketing politique. On a d’ailleurs un peu désenchanté en regardant une émission amputée du direct qui aurait pu mieux juger et jauger de la spontanéité et de la capacité en toutes circonstances du Premier ministre de défendre son bilan. Surtout que ce chef de gouvernement est doublé d’un directeur de campagne du président de la République, le vrai livreur de bilan, car seul délégataire du suffrage universel. Mais, oh, ce n’est qu’un bien mignon petit péché !
0 Commentaires
Participer à la Discussion