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Politique

PROFESSEUR COUMBA NDOFFÈNE DIOUF CANDIDAT À LA PRÉSIDENTIELLE 2012 : « Les Sénégalais rêvaient d’honneur, on leur propose le népotisme »

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PROFESSEUR COUMBA NDOFFÈNE DIOUF CANDIDAT À LA PRÉSIDENTIELLE 2012 : « Les Sénégalais rêvaient d’honneur, on leur propose le népotisme »

Coumba Ndoffène Diouf  s’est livré à un véritable réquisitoire contre les tenants du pouvoir actuel. Pour ce professeur d’université aux Etats-Unis, candidat déclaré à la future présidentielle, le Sénégal vit une période sinistre et difficile déclinée par la misère collective, la prolifération des gaspillages des fonds publics et la violence. Dans cet entretien, il est d’avis que  les « Sénégalais rêvaient d’honneur, on leur propose le népotisme ».

Le  Matin-  Comment jugez-vous la situation actuelle du pays en tant que candidat déclaré à la future présidentielle ?
 
Pr. Coumba Ndoffène Diouf  - La situation nationale actuelle provoque un écœurement naturel et compréhensible chez tous les patriotes sénégalais. Cet écœurement habite également les  pays, vrais amis du Sénégal. Cette situation, malheureusement nourrit le populisme et accélère la décadence du pays. 

 Ce sont des constats. La gestion du troisième président de la République est aux antipodes de toutes les règles, de toutes les normes de la bonne gouvernance. La marche du pays sous le régime actuel est cadencée par les complots, par la corruption, par les coups tordus, par les intimidations, par les détournements de deniers publics. La rumeur qui est une insuffisance d’informations voile davantage le rapport déjà opaque entre gouvernants et gouvernés.  

Nous avons l’impression que les tenants du pouvoir, obnubilés par un sentiment de puissance et d’impunité, ne veulent pas, ne peuvent pas s’arrêter. Tout cela génère l’inquiétude naturelle des  Etats Unis et de tous les pays qui croient aux Droits de l’homme et des peuples. Les diverses instances nationales ou mondiales qui veulent prévenir plutôt que guérir sont offusqués et effarouchés.

Justement, vous qui vivez aux Etats-Unis, comment avez vu jugé la dernière sortie du président Wade contre  l’Ambassadeur de ce pays au Sénégal ?

 
Dès son accession au pouvoir, le Président Wade a commencé à cultiver une originalité faite de désinvolture, d’irrespect des normes, de négation de contraintes, d’ignorance des bienséances. Cette attitude a engendré des déséquilibres et des dysfonctionnements de toutes natures et de tous ordres.  

L’Etat, l’Administration, le Droit, les us et coutumes connaissent un bouleversement négatif profond qui sape les fondements de la Nation. Le paradoxe insoutenable est que Wade a été élu et même réélu, pour toiletter le paysage et les mœurs politiques.  

Il a choisi de salir davantage : c’est triste. En l’an 2000, les sénégalais réclamaient, une refondation sociale qui aurait pour socle : la justice, le mérite, l’éthique de la responsabilité. Les Sénégalais rêvaient d’honneur, on leur propose le népotisme.

 
Le Sénégal ne risque-t-il pas de perdre le Millénium Account. Cet ambitieux programme des Etats Unis, destiné à certains pays africains ?

 
Permettez-moi de rappeler que le Mca est dans son essence une aide humanitaire. Les Etats Unis ont fait le choix de contribuer à l’éradication de la pauvreté dans le monde. Pour atteindre cet objectif, ils dégagent une enveloppe pour un pays en fonction de ce que ce pays propose. Et avec le président Bush, les américains ont décidé de surveiller l’utilisation de l’enveloppe de près. Il ne suffit plus d’aider. Il faut aider avec efficacité. Le contrôle est protecteur.

 
C’est-à-dire…

 
La corruption qui sévit au Sénégal est connue à travers le monde : c’est la justification de notre accès à cette aide après le Mali, le Burkina Faso, le Bénin, le Ghana. Simplement parce  que l’Etat sénégalais dirigé par Abdoulaye Wade et son équipe ne réunissait pas les standards de performance requis pour bénéficier de ces fonds.  

Parmi ces standards de performance figuraient : la bonne gouvernance, sinon le degré zéro de la corruption, du moins sa réduction à un niveau insignifiant, une politique de santé viable et porteuse d’espérance, le respect des libertés fondamentales, le culte des lois, etc. Le mode d’exercice du pouvoir par Abdoulaye Wade, pouvait-il qualifier le Sénégal, en vue de l’obtention de cette aide ?  

Sur le vu des pratiques sénégalaises, il était naturel et inévitable que les Américains soient amenés à s’interroger et à avertir. L’enjeu ne se situe pas dans la mise en scène d’une rencontre pour défendre des principes qu’on ne respecte d’ailleurs pas. Le véritable enjeu réside dans la volonté d’infléchir les mœurs politiques sénégalaises actuelles pour que cette aide ne soit pas retirée. 

Quelle est la votre stratégie en tant que candidat à la présidentielle pour faire face à tout cela ?

 
Il n’est nullement besoin d’être grand clerc pour affirmer qu’à l’allure où vont les choses dans ce pays nous n’allons pas vers les chaos. Que faire ? Devons nous toujours continuer à dénoncer et crier notre désapprobation. Cela ne suffit plus. Il faut agir et la meilleure action, à nos yeux, consiste à partager avec les sénégalais nos capacités de révolte. Et pousser cette logique jusqu’au bout, c’est solliciter les suffrages de nos compatriotes, pour reconstruire un autre Sénégal, mettre le Sénégal de nos rêves sur les fonts baptismaux.  

Nous le savons tous, parce que nous le constatons tous politiquement, le système judiciaire a perdu toute crédibilité, la confusion actuelle présage d’un chaos certain, l’administration a perdu son lustre, elle n’a plus de serviteurs, elle est infestée de sangsues. Le droit d’expression connaît trop de limitations pour perpétuer un ordre social juste, débarrassé des aliénations et des pesanteurs qui, à terme, désagrègent le tissu social.

La citoyenneté a perdu sa consistance.  

Tout est perdu, il n’y a plus d’horizon prometteur ou déchiffrable. Nous avons un ersatz d’autorité politique miné par l’âge et les incompétences. Le sénégalais est las, le Sénégal est déboussolé. Notre état social actuel ne préfigure pas un soulèvement populaire mais plutôt une anarchie indescriptible. Il nous faut enrayer le processus. Toute la posture de Maître Wade se résume, à « l’art de faire croire », à la magie  d’anesthésier les populations.

 
Récemment, il y a eu un projet de modification de la Constitution, pour créer un poste de Vice-Premier ministre. Votre commentaire…

La Constitution est désacralisée aujourd’hui, elle ressemble au devoir d’un potache qui ne maîtrise pas le sujet qu’il traite : ratures, redites, méconnaissance du sens des mots et des phrases. De plus, une Constitution est trop au-delà du Vulgaire pour servir des magouilles politiciennes.

Avec quelle énergie, les entreprises vont fonctionner, avec quelle énergie les élèves et les étudiants vont-ils devoir préparer les cours et examens, où trouver le gaz, les ménagères ignorent la réponse c'est-à-dire que leurs enfants ne peuvent même plus manger.

 
Vous semblez être réfractaire aux mouvements citoyens qui pullulent, pourquoi une telle position vis-à-vis de ces citoyens ?

 
Je ne suis pas réfractaire aux mouvements citoyens. Au contraire. Indiscutablement, pour tout Sénégalais patriote et conscient, les blessures et les plaies qui gangrènent le corps Sénégal sent à combattre, sans hésitation et avec énergie. 

Les dégradations politiques, économiques, sociales et éducatives qui se métastasent dans tous les autres secteurs constituent un danger qui peut désagréger la Nation. Il faut résoudre ces problèmes. Il faut remettre le pays sur la bonne voie. D’où la nécessité de se mobiliser, de s’organiser pour faire tomber le système Wadien.  

Le champ citoyen a besoin d’homogénéité. Le mouvement citoyen ne sera efficace et performant que grâce à un pilotage unidirectionnel. Ce mouvement après avoir trouvé une essence doit postuler à la permanence, source de stabilité et de viabilité. L’éparpillement des forces oppositionnelles n’est pas la meilleure méthode pour faire tomber le système Wadien.

 
Pensez-vous qu’il y a des motivations personnelles derrière ces mouvements ?

 
Nous le savons tous : beaucoup de personnes ne s’engagent dans le Mouvement citoyen que parce que leurs frustrations seraient résolues. Leurs engagements sont temporaires, manipulateurs, utilitaristes. Nous devons vaincre les suspicions des populations. Ne les trahisons pas. Encore une fois, l’éthique intellectuelle doit prévaloir dans nos mœurs politiques et sociales.

 

Les méfaits du régime de Wade n’ont pas commencé en 2010. Où étaient la plupart des animateurs des mouvements citoyens d’aujourd’hui ?  Nous ne parlons pas de position, nous parlons de trajectoire qui la valide ou l’invalide.

Il n’est pas acceptable d’instrumentaliser les mouvements citoyens pour retrouver les bonnes grâces de Wade.

 
Les mouvements citoyens n’ont-ils pas le droit de se faire entendre ?

 
Pourquoi pas. Mais ce n’est pas le moment de jouer avec les préoccupations et les destins des Sénégalais. L’heure est grave. Le moment est crucial. Le Roi patriarche et le prince héritier acoquinés avec des politiciens véreux, un gouvernement nébuleux, disposant d’un agenda que tout un chacun devine, ne se préoccupent que de la pérennité de leurs situations, à tous prix. Ne leur abandonnons pas le Sénégal.

Nous vivons une période sinistre et difficile déclinée par la misère collective, la prolifération des gaspillages des fonds publics et la violence. Voilà des années que je dénonce l’aveuglement et l’affaissement de l’opposition sénégalaise qui ne donne plus d’espoir de cohésion nationale contre ce régime abusif et malin.

L’opposition sénégalaise malade d’elle-même se laisse divertir par les dénégations de Wade, par les stratégies de son système. Aujourd’hui, c’est l’heure pour les forces citoyennes de faire l’histoire. Les forces citoyennes saines doivent et peuvent faire sortir le pays de l’impasse. Le Bénin, le Mali et d’autres pays dans le monde ont montré la voie.



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