Prorogation du mandat des députés: La Cpa risque l’implosion !

Alors que la loi portant prorogation des mandats des députés de la présente législature avait été votée par l’Assemblée nationale, les leaders de l’opposition juraient de mettre fin à leur mandat de députés au plus tard le 30 juin 2006. Amath Dansokho, Abdoulaye Bathily, Moustapha Niasse, Ousmane Tanor Dieng et Madior Diouf ont tous déclaré qu’ils ne siègeront plus à l’Assemblée après le 30 juin ! A deux semaines de la date butoir, les choses se précisent et les positions se décantent. Comme d’habitude, l’opposition regroupée dans la Cpa se trouve plus que jamais devant un dilemme : revenir sur une décision hâtivement prise ou respecter ses engagements avec toutes les conséquences fâcheuses que cela pourraient impliquer !En prenant la décision de quitter l’Assemblée nationale à la date du 30 juin 2006, l’opposition n’avait guère réfléchi, ni sur le projet de loi qui leur était soumis, ni sur les conséquences ultérieures et immédiates de ladite décision. Ayant voté le projet de loi couplant les élections présidentielles et législatives programmées en février 2007, il était dès lors inévitable de proroger le mandat des députés au-delà du 30 juin 2006 afin que l’Etat ne se retrouve dépourvu d’une institution parlementaire. Les esprits compliqués n’ont pas voulu prendre l’affaire telle quelle. Ils ont accusé la majorité de vouloir tripoter les institutions. Pour s’opposer à cette démarche, ils préconisent de quitter l’Hémicycle le 30 juin, date qu’ils considèrent comme marquant la fin de la présente législature. Le Président du Groupe libéral, M. Doudou Wade les avait rectifiés en situant la fin des mandats parlementaires au 17 mai 2006.

Bref, les partis de l’opposition font actuellement face à un sérieux dilemme : leurs députés ne veulent pas du tout quitter l’Assemblée avant le 25 février prochain, alors que les leaders s’étaient engagés de manière démagogique à bouder le parlement en fin juin ! Se rendant compte de leur forfaiture, certains d’entre eux ont voulu faire amende honorable en cherchant maladroitement de nouveaux prétextes pouvant justifier leur volte-face. Ousmane Tanor Dieng, a très tôt nuancé sa position en se ménageant des soupapes de sortie. Il est vrai qu’au même moment, Khalifa Babacar Sall et Aminata Mbengue Ndiaye appuyaient sur la pédale pour radicaliser ce qu’ils appellent «une position de principe».

De l’autre côté, les animateurs du courant «Démocratie et Solidarité» fragilisaient à leur manière les positions du parti socialiste moribond. A la Ligue démocratique, Abdoulaye Bathily était souvent désigné comme un individualiste qui prend des positions au nom du parti en fonction de sa propre situation. Ainsi, la décision du boycott n’a jamais fait l’unanimité au sein des «Jallarbistes». Le Pit de Dansokho n’a pas meilleur sort. L’homme aux positions solitaires, n’emballe pas forcément la poignée d’intellectuels qui l’entourent. Il semble que le boycott de l’Assemblée a été vigoureusement débattu du côté de Khar Yalla (permanence du Pit) sans qu’un accord explicite ne soit trouvé…Mais le gros problème se pose chez les «progressistes».

Moustapha Niasse serait mis en minorité par ses camarades de l’Afp qui estiment qu’il serait aberrant de refuser une prorogation légalement votée par l’assemblée nationale. Les cadres du parti avaient déjà donné le ton en optant pour le respect de la prorogation du mandat des députés. Les partis membres de la Cpa se concertent présentement sur la position à prendre, mais d’ores et déjà tout porte à croire que la majorité de leurs députés n’accepteront pas de suivre un quelconque mot d’ordre en faveur du boycott. Les leaders se demandent, à juste raison, si le peuple pourra leur faire confiance après tant d’engagements non tenus ? En tout état de cause, la Cpa, elle, est grosse d’un risque d’implosion qui s’exacerbe avec le débat sur le boycott de l’Assemblée.