Qu’arrive-t-il donc au Sénégal ?

Mais ce n’est que l’apparence. En vérité, la Nation sénégalaise souffre le martyr social et moral. Dignement et silencieusement, elle reste impavide comme un fauve blessé attendant l’heure de l’assaut. Malgré le dénuement d’un nombre incommensurable de citoyens qui vivent dans des conditions sociales inimaginables, la Nation tient en main son honneur et affronte, chaque jour, les phases difficiles qui jalonnent l’âpre chemin de la vie sociale. En face d’elle, une classe politique dirigeante aux ordres d’un père et de son fils règne par le mitre et le hausse col avec le silence complice et conspirateur de responsables politiques alliés et d’hommes d’Etat qui en acceptant silencieusement l’ordre monarchique du tribun nombriliste et incorrigible.

Cet ordre monarchique bouleverse la Nation. Il est comme une malédiction qui accompagne l’entrée du Sénégal dans ce XXI ème siècle qui n’a même pas encore une décennie. Avec l’avènement de Wade au pouvoir, un petit clan de sémi-sénégalais allogènes à la civilisation nationale, sortis on ne sait d’où, s’est accaparée de tous les leviers de commande en procédant à une sorte de OPA sur les finances publiques qu’ils garrottent impunément aux dépens du contribuable ! Le Sénégal souffre cette gestion des affaires publiques qui a plus les allures d’un règne monarchiste que d’une direction politique en phase avec les règles jacobines et universelles de bonne gouvernance.

Jamais dans l’histoire, de la période précoloniale à nos jours, le Sénégal n’a connu un régime aussi prédateur avec autant de scandales financiers sur fonds de vol de milliards de francs CFA. Et qui va payer ces milliards qu’empochent ces parvenus qui volent et qui n’en finissent pas de voler si ce ne sont les pauvres contribuables sénégalais eux-mêmes ? Wade et les libéraux sont des « bandits ». Et comme tout bandit, ils ont avec l’argent des rapports qui relèvent d’une maladie incurable. A près de 90 ans, Wade est encore plus que jamais obnubilé par l’avoir et le pouvoir. N’est-ce pas pathologique ? À un âge où on attend de lui la sagesse et l’application de la morale, il adoube et défend ceux-là mêmes qui sont accusés de graves crimes et les protège par un usage malsain de ses prérogatives constitutionnelles. Grands donneurs de leçons aux apophtegmes drapés d’un humanisme nul et trompeur, Wade apparaît plus que jamais comme le mal du temps, celui sous le magister de qui l’impunité, la forfaiture, la surfacturation, le dépassement budgétaire et l’oligarchie affairiste se sont profondément installés dans ce pays, hélas, déraillé de la bonne orbite qu’il avait emprunté en 2000, à l’applaudimètre mondial.

Ce qui est irresponsable et inacceptable est que devant leurs honteux forfaits, les libéraux et ceux qui les ressemblent convoquent l’expérience du Parti socialiste défait en 2000 en guise d’exutoire pour banaliser leurs crimes et leurs contre-valeurs. N’est-ce pas là une tragédie qui renseignent que si l’Alternance en 2000 a été une exigence historique irrévocable, le choix porté par les électeurs, au second tour, sur Wade a été vraiment une erreur. On a aimé le vieil homme sans le connaître. Et ceux qui l’ont élu ne l’ont pas lu. Seulement, en 2000 les socialistes devaient partir même s’ils sont revenus au pouvoir par la hideuse porte de la transhumance. C’était irréversible. Ils étaient les habitants de la foudre de l’histoire et de l’ouragan de la colère nationale. Malheureusement, on a voulu un Chef d’Etat humainement généreux. On s’est retrouvé avec un chef d’Etat dispendieux, épris de gabegie et de confort princier. On a voulu un système gouvernemental réduit avec un train de vie de l’Etat revu à la baisse. On s’est retrouvé avec un système dirigeant avec un nombre incalculable de ministres dont près de vingt Ministres d’Etat ! Une première en Afrique et peut-être dans le monde !

On a voulu un assainissement des Institutions et du jeu politique. On s’est retrouvé avec un Chef d’Etat qui, non seulement débauche lui-même en faisant de l’acte de trahison un acte d’héroïsme, mais ne souffre d’aucune infamie de voir son nom directement cité dans des tentatives de corruption. . On a voulu une Première dame qui parle souvent au peuple. Mais on s’est retrouvé avec une Première dame tentaculaire et terriblement bavarde. On a voulu que le frère du Président Diouf sorte du gouvernement pour des raisons éthiques. On s’est retrouvé avec un Président Wade dont toute la famille, y compris ses nièces et neveux, s’accapare de l’Etat et de toutes les opérations financières à leurs exclusifs bénéfices bancaires. On a attendu la vérité sur les licences de pêche, on s’est retrouvé pire avec des milliards de Thiès, de Taiwan, de Sudatel, entres autres, qui disparaissent comme ça entre des membres d’une même famille et d’un même clan ! Mais qu’arrive-t-il donc au Sénégal ?