Qu’a-t-il fait de ces gens ? S’il leur demande de dégager, ils disparaissent. S’il leur demande de se baisser, ils s’exécutent jusqu’à épouser la forme de leurs aïeuls primates. Serigne Modou Kara subjugue ses inconditionnels qui l’observent, le scrutent des yeux…Et s’émerveillent. Le souffle qui sort de sa bouche semble leur servir d’oxygène et lorsqu’ils expirent, se distille en cœur : ‘Dieureudieufé Sérigne Touba’. C’est à 17 h 45 minutes que Serigne Modou Kara Mbacké qui aime se définir comme un leader, arrive au stade Demba Diop à bord d’une Bmw décapotable de couleur blanche.
Certains fidèles témoignent l’avoir attendu dès les premiers rayons du soleil. Du haut de son véhicule, l’homme habillé en Jellaba beige, assorti d’un pantalon blanc fera à deux reprises le tour du stade saluant le public. Un public fou ! Sur la tête du guide moral du Parti pour la vérité et le développement (Pvd), reste bien noué un turban mariant les couleurs de cette mise digne d’un chef indien. Derrière lui, planent une pléthore de pancartes. On peut lire ‘Dahira des homonymes de Mame Diarra’ ou alors ‘Tous derrière le général Kara’…
Il prendra le micro au milieu de ‘soldats’, ses propres soldats, composés d’hommes et de femmes habillés en treillis et accroupis sur le gazon synthétique du stade. Alors, commence un long discours clair-obscur et fortement ponctué par des ‘dieureudieufé Serigne Touba’. Une formule reprise par cette foule dans une forte clameur. Comme un professeur, il tient le micro, se ballade de gauche à droite, pointe du doigt cette foule majoritairement acquise à sa cause.
Des sourcils qu’il plie et replie rythment son propos. Ses mains très agitées, témoignent de ce désir ardent de se faire comprendre par le public, son public. Serigne Modou Kara aime se faire écouter. Parler en même temps que lui suscite sa colère et souvent de sévères réprimandes : ‘Dégage !’, ‘baisse-toi et ne te relève plus !’, ‘Ça suffit !’… L’on s’exécute sans piper mot.
Surtout, il faut religieusement l’écouter car il soutient : ‘Quiconque m’ignore, ignore un cœur limpide purifié par le fondateur du Mouridisme Cheikh Ahmadou Bamba’. Seul spectateur d’un spectacle qui semble unique, Kara Mbacké a voulu faire une démonstration de puissance devant un parterre d’invités du gouvernement.
Après avoir cité le Socialisme et le Libéralisme, il dira que le temps du Mouridisme est arrivé. De quoi soulever la fibre fanatique des inconditionnels qui ont crié, claqué les doigts et remué la tête face à cet homme qui les fascine.
Dans son discours, le Maître enverra plusieurs émissaires auprès du président Wade. Même si la marque de plusieurs hommes politiques est de verser dans les propos nuancés, de ce discours-là, la quintessence est que le Pvd soutiendra en 2012 la candidature du Président Wade à condition que le parti reçoive, en contrepartie, des privilèges du régime en place.
19 h passées, tout est dit. Des mélodies divines accompagnent la foule qui s’éloigne et crée un embouteillage monstre sur l’avenue Bourguiba. Rendez-vous est pris l’année prochaine pour la réédition de ce grand rassemblement tant attendu par les fidèles.
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