Qui l'eût cru ! Même si le silence de Ndamal Kadior était bien trop bruyant pour laisser entendre quelques chuchotements, on s'imaginait mal une alliance contre-nature entre les deux poulains et anciens premiers ministres d'Abdoulaye Wade qui se sont livrés une guerre sans merci où tous les coups étaient permis.
La prophétie de Cheikh Yérim Seck sur le plateau de Face2Face de Aïssatou Diop Fall sur Tfm, n'avait donc rien d'une prédiction à la Selbé Ndom, quand il disait que les relations Idy-Macky étaient au beau fixe. Yérim avait bel et bien ses quartiers "dans la tête de" Macky et Idy; en atteste aujourd'hui la nomination d'Idrissa Seck à la tête du Conseil économique, social et environnemental ainsi que celles de ses poulains Yankhoba Diattara et Aly Saleh Diop au gouvernement.
Aujourd'hui, le leader de Rewmi cherche, à travers son point de presse de clarification post-nomination, à ôter des yeux des Sénégalais les lunettes déformant par lesquelles ils perçoivent son acte, en convoquant l'intérêt général. Mais les faits sont têtus.
Parfum d'un deal
"Après plusieurs mois d'échanges dans le cadre du dialogue national comme au cours de plusieurs rencontres en tête à tête avec le président, après une analyse lucide et sereine du contexte international africain et sous régional et national, la nécessité nous est clairement apparue de répondre positivement à l'appel du président de la République pour une union de l'ensemble des forces vives de la nation pour mieux faire face aux défis du moment", déclare Idrissa Seck jute après sa nomination.
Suffisant pour laisser planer à mille lieues le parfum d'un deal qui était d'ailleurs suspecté au sein même de la Coalition Idy2019 et de sa propre formation politique où les militants, pris de court par une telle décision aux antipodes de tout ce qu'ils ont longtemps défendu, sont tombés des nues.
Barthélémy Dias avait donc raison de parler d'opposant dealer au lendemain de la présidentielle de 2019 et qui lui avait valu des attaques de la part des rewmistes.
Plusieurs observateurs voient en Idy le futur dauphin de Macky. Celui que le fin stratège politique de l'Apr choisira pour assurer ses arrières vu toute la tension autour des troisièmes mandats dans la sous-région ouest africaine (Guinée et Côte d'Ivoire).
Qui connaît le personnage principal du fameux feuilleton politico-judiciaire sénégalais "Lui et Moi", sait qu'il n'accepterait point de se renier et troquer sa dignité contre de la Pacotille. En d'autres termes si L'orange accepte de virer au marron c'est pour une bonne raison.
Amadou Ba, Mimi Touré, Makhtar Cissé et Aly Ngouille Ndiaye, les agneaux du sacrifice
L'éviction du gouvernement et des autres institutions de tous les dauphins naturels (Amadou Ba, Aly Ngouille Ndiaye, Makhtar Cissé et Mimi Touré) indique à suffisance tous ces placements et replacements de pions dans ce jeu d'échec politique.
Ces quatre hauts responsables qui se donnaient de subtils coups de corne dans l'enclos apriste pour se préparer à prendre le contrôle de l'appareil politique une fois que le chef aura fait de la place, devront prendre leur mal en patience. Car, leur mentor a un autre plan en tête.
Rewmi a plus à y perdre qu'à y gagner
Pour Rewmi, la formation de celui qui était jusque-là pressenti pour être chef de l'opposition, la décision de rejoindre le gouvernement est lourde d'enjeux.
Déjà fragilisé par Macky Sall depuis 2012 avec les départs de Pape Diouf, Oumar Guèye, Me Nafissatou Cissé, Youssou Diagne, Oumar Sarr (à ne pas confondre avec Oumar Sarr de Dagana), Thierno Bocoum, Abdourahmane Diouf et Colonel Kébé, le parti d'Idrissa est sous le creux de la vague de contestations qui secoue ses rangs depuis cet-après-midi du dimanche 1er novembre 2020.
Survivra-t-il à ce énième choc ? Le temps édifiera.
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