Reçu par Serigne Bara : Pierre Aïm vilipende Ablaye Diop

Installé au Sénégal depuis une décennie, l’homme d’affaires Pierre Aïm vient de fouler pour la première fois le sol de Touba. Mais cette découverte du patron d’Africa Cola de la demeure de Khadim Rassoul était loin d’être fortuite. Venu informer le khalife général des mourides de son projet d’installation d’une unité de traitement d’eau minérale dans la cité religieuse, il est longuement revenu avec Serigne Bara sur ses démêlés avec la douane sénégalaise.

(Correspondant) - C’est vers 13 h 30 avant-hier, mardi, que Pierre Aïm, accompagné de quelques-uns de ses collaborateurs, notamment son expert comptable, a été reçu par El Hadji Bara Mbacké. L’entretien, de plus d’un tour d’horloge du khalife général des mourides avec son hôte, s’est déroulé au domicile Serigne Fallou, sis à Touba Mosquée. Il a été marqué par une séance d’explication du Pdg d’Africa Cola relative à son intention de percer le dispositif économique de Touba par l’installation d’une unité de traitement d’eau minérale. Mais ces échanges auront vite pris une autre tournure. Et, vraisemblablement, cette nouvelle brèche ouverte par l’homme d’affaires en cours de discussion, est de loin celle qui le préoccupe le plus.

Documents à l’appui, Pierre Aïm a, en effet, tenté de convaincre le khalife sur son innocence dans cette affaire d’importation de sucre pour le ravitaillement de son usine de boissons. Son exposé détaillé, incriminant tout au long l’immixtion d’une main étrangère dans cette affaire, ne l’a pourtant pas dissuadé de parler d’un complot orchestré par l’argentier de l’Etat du Sénégal, moyennant quelques privilèges. En bloc, il a rejeté toutes les allégations portées contre lui. Pierre Aïm a minimisé au même moment le montant du chiffre que la douane lui a notifié ; avec notamment les 16 millions de nos francs retenus pour évaluer le surplus des exportations en sucre, par rapport à son chiffre d’affaires.

Pour avoir servi une fin de non recevoir à cette complainte des gabelous, l’homme d’affaires a été mis sous le coup d’une mise en arrêt de production de boissons, assujetti d’une amende, avant d’être placé sous mandat de dépôt. C’était le 10 août passé. Et se voulant serein face au marabout pour la suite du dossier, il soutient n’avoir jamais reconnu devant la justice les faits qui lui sont reprochés, contrairement à certains propos malveillants diffusés par des responsables du pouvoir. ’J’ai accepté de transiger suite à une invite du ministre Madické Niang qui m’avait promis de régler le problème’, a-t-il déclaré devant le khalife ; et d’ajouter que ‘cela constitue un recul démocratique’.

Le khalife, en bon juge, l’invita dans sa réponse à garder son mal en patience, le temps de recueillir la version des ‘incriminés’. Séance tenante, le guide a tenté en vain de joindre le ministre des Finances, qui se trouvait en ce moment à Washington pour les besoins de la signature du Millénium Acompte. Serigne Bara a désigné par la suite un de ses neveux pour le suivi du dossier. Et il aura rassuré son hôte de la diligence en toute légalité de cette affaire.

El Hadji Bara demandera ensuite à Pierre Aïm et à sa délégation de se rendre dans son village natal de Touba Bogo pour découvrir le site devant abriter l’unité de traitement d’eau minérale. A une trentaine de kilomètres à l’est de Touba, une superficie de 120 hectares lui a été concédé pour le projet. Celui-ci va démarrer en octobre pour une durée de six mois. Son coût est estimé à un milliard, dont les 50 % seront pris en charge par le Fonds de promotion économique ; 25 % par la société Afrique Investissements et les 25 % restants par la communauté mouride. Une soixantaine d’emplois directs constitueront la main d’œuvre avec une capacité de production d’un million de bouteilles d’un litre par mois. A côté de cette usine, l’homme d’affaires promet aussi une exploitation agricole dans cette localité et la construction d’une cité ouvrière.