REGARD SUR... : Rigueur, patriotisme, efficacité ( par Bara DIOUF)

Le président Abdoulaye Wade, en brillant intellectuel, patriote hors pair et averti, a tiré courageusement les leçons des consultations électorales du 22 mars 2009.

L’œil du maître, c’est d’abord et avant tout sa capacité de voir, de comprendre et de décider. Mais, surtout d’écouter son peuple et d’être en accord avec lui, quand il n’a pas tort.

Le peuple sénégalais, qui dénonce et condamne un certain laxisme, un laisser-aller, un appétit de jouissance, un manque de patriotisme et de pudeur d’un grand nombre de collaborateurs du régime, a exprimé clairement, en mars dernier, sa réprobation et réitéré son invitation à plus de rigueur et de discernement dans le choix des hommes qui nous gouvernent et qui prétendent être les « hommes du président ». Les hommes sur lesquels ne devrait, selon eux, peser aucun soupçon, aucune méprise dans le jugement.

Le réveil, en de pareilles circonstances, sera toujours brutal, comme il l’a été en ce 1er mai 2009 qui vit l’avènement d’un nouveau gouvernement, avec Monsieur Souleymane Ndéné Ndiaye à sa tête, à la place de Monsieur Hadjibou Soumaré.

Sentir le pouls de son peuple et en tirer toutes les conséquences est la qualité première d’un chef. Les semaines et les jours qui ont précédé le changement de l’attelage gouvernemental ont bien heureusement révélé le courage politique, la capacité d’écoute et la volonté de dialogue du président avec son peuple et d’entente avec lui. Il refuse l’orgueil obstiné de prééminence de la fonction qui a conduit souvent les chefs à des positions où l’appétit de puissance l’emportait sur la raison. On ne gouverne pas un peuple contre sa volonté et ses désirs, singulièrement quand ils sont justifiés.

Entre un « Centre commercial » qui, sans doute, offre des emplois et booste l’économie, et le maintien du Stade Assane Diouf, où tout Dakar a évolué depuis les temps immémoriaux de sa création et de la définition de sa fonction, le choix, avec les temps, les difficultés financières et les pénuries que nous vivons, pourrait sembler difficile. Mais, c’est oublier que plus qu’un progrès économique discutable et à venir, le Stade Assane Diouf symbolise une culture, un humanisme, l’attachement de tout un peuple à sa civilisation, à son passé, à sa volonté de se forger dans le sport une âme forte, seule à même de lui permettre de faire face et d’affronter les rigueurs du moment. Et puis, le parrain « Assane Diouf » à lui tout seul est un modèle et un symbole, comme le fut, dans un passé plus lointain, à l’époque sombre de la colonisation et du développement séparé et inégal des races, un autre héros sénégalais, originaire de Saint-Louis, du nom de « Ben Bareck ». Sa victoire à Paris, sur le ring du temps de Blaise Diagne, sur l’invincible Carpentier alors champion français de « lourds », a été, mieux qu’une économie abondante, le levain d’une prise de conscience nationale qui conduira, près de cent ans après, à l’indépendance nationale du Sénégal. C’est aussi au nom de ce nationalisme humaniste, de ce patriotisme de combat dans le dialogue avec son peuple qu’il ne saurait désavouer, que le président Abdoulaye Wade n’a pas hésité à renoncer à la vente, à France Télécom, des actions de la Sonatel. Et pourtant, au nom des intérêts immédiats du même Sénégal aujourd’hui très « endetté » et qui a besoin d’argent frais pour se libérer, Maître Wade possédait là un argument pour se débarrasser d’actions sans doute fructueuses, mais qui n’étaient pas plus importantes que la crédibilité financière du Sénégal. De surcroît, la nation pourrait sûrement les retrouver demain, sous d’autres formes, peut être même plus rentables.

Le président de la République, en choisissant le camp de la majorité des Sénégalais dans cette affaire Sonatel, a fait le bon choix. Celui que le résultat des élections récentes du 22 mars lui dicte d’adopter.

Il en est de même de la diminution drastique des ministres d’Etat, des ministres et des conseillers qui n’ont su ni assumer la responsabilité politique de leurs fonctions, ni prévoir la colère qui grondait au sein du peuple qu’ils avaient la mission d’encadrer. En se débarrassant de plus de trente d’entre eux, inutiles budgétivores qui ont perdu jusqu’au sens de l’Etat, le président Abdoulaye Wade prouve non seulement qu’il demeure en parfaite harmonie avec son peuple qui réclame la diminution du train de vie de l’Etat, mais que dans son nouveau gouvernement, toutes les mesures seront prises pour plus de rigueur dans la gestion des deniers de l’Etat, plus d’efficacité dans la dévolution de fonctions, et plus de patriotisme dans la lutte de sortie de crise du Sénégal. L’avènement de Karim Wade au sein de l’équipe est, à ce titre, la consécration du mérite de celui à qui nous devons les réalisations de l’Anoci en autoroutes, ponts et autres autoroutes à péages et, surtout, l’Aéroport international Blaise Diagne, notre futur orgueil national. Ses détracteurs, qui mettent en doute ses compétences et ses mérites, ne semblent pas, bien heureusement, accorder le moindre crédit à leurs propos malveillants du moment. Le ministère de Karim, loin d’être l’abattoir prédit, ne ferait-il pas déjà la preuve de la compétence de notre compatriote et de la légitimité des ambitions qu’on lui prête ?