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Relogement des sinistrés de la Langue de barbarie : Diougop, un site, mille maux

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Relogement des sinistrés de la Langue de barbarie : Diougop, un site, mille maux
La nuit a été longue. L’attente aussi. Ayant contracté une grossesse non désirée, la jeune fille n’a plus de forces. C’était le lundi 25 novembre dernier. Elle saigne. Les contraceptions utérines sont insupportables. 

La douleur l’a assaillie pendant 3 heures de temps avant qu’elle ne puisse avoir un moyen de transport pour l’acheminer dans un hôpital où elle accouchera. La demoiselle, domiciliée, au site de recasement de Diougop dans la commune de Gandon située à 12 kilomètres de Saint-Louis polarisant 56 villages, va finalement perdre son bébé. Un mort-né.

Cette tracasserie hante l’esprit des femmes en âge de procréer vivant dans cette « nouvelle localité ». La zone est dépourvue de poste de santé. « Il n’y a pas de dispensaire, ni d’hôpital. Quand une femme veut accoucher, il n’y a pas de structure de prise en charge. Si une urgence sanitaire se présente, on a toutes les difficultés du monde. Soit c’est le centre de santé Ousmane Ngom distant de 16 kilomètres, le poste de santé de Ngallèle ou l’hôpital régional qui est également à des kilomètres d’ici. 

Ceux qui ont la Couverture maladie universelle vont à Khor et c’est loin aussi », regrette le chef de village Elhadji Babacar Ba. Pourtant, souligne-t-il, Serigne Abdoul Aziz Sy a appris le Coran dans ce lieu. Mieux, Cheikh Ahmadou Bamba ainsi que d’autres hommes religieux y sont passés. Raison pour laquelle, il doit y avoir plus de considérations pour les habitants de ce site.

Représentant du maire de Gandon, Baka Diop confirme, lors de la visite de terrain sur la santé de la reproduction en situation d’urgence avec le Fonds des Nations-Unies pour la population (Unfpa), ce mercredi : « Les femmes sont confrontées à des problèmes d’évacuation sanitaire. Certaines sur le point d’accoucher sont mises sur des charrettes pour les emmener à l’hôpital ». La badjénou gox, Yago Ndiaye acquiesce.

Goxumbathie, Ndartoute et Guet-Ndar, lieux de provenance des populations déplacées

Tout commence avec le Projet 21332-001 du relogement des populations déplacées de la Langue de Barbarie. L’environnementaliste de l’Agence de développement municipal (Adm), Insa Fall retrace le processus de l’installation du site de recasement de Diougop. En effet, la région de Saint-Louis est exposée à des aléas de Dame nature comme l’érosion côtière et les inondations. « En 2003, il y a eu une grave inondations.

Le gouvernement a ouvert une brèche de 7 Kilomètres en aval de Saint-Louis pour sauver la Langue de barbarie en évacuant les eaux. Ce qui avait posé d’énormes difficultés aux 3 quartiers qui sont dans la Langue de Barbarie que sont Goxumbathie, Ndartoute et Guet-Ndar », a fait savoir l’expert en sauvegarde environnementale. Pis, il s’y ajoute la houle qui s’est produite en 2010.

Aussitôt, l’équipe municipale avec l’accompagnement technique et financier de partenaires a entrepris une construction de 68 logements sociaux à Khar Yallah.

Malgré cela, les eaux ont continué à dicter leur loi dans la Langue de barbarie. Le summum est atteint en 2017. Des centaines de familles sont touchées par les catastrophes.

Là, l’Etat, aidé par ses collaborateurs a mis sur la table un projet de 50 millions de Dollars. Ceci, pour la réponse aux besoins immédiats des sinistrés. C’est ainsi que la commune de Gandon a été sollicitée pour l’octroi de 14,4 hectares. Avec Unops et la Mission de facilitation sociale (Msa), 3266 ont été recensés pour 660 tentes achetées. Insa Fall affirme que la première composante était d’amener une partie de Khar Yallah dans ledit site. Djougop a une capacité d’accueil de 800 personnes. Actuellement, il a reçu 580 membres. Un déplacement qui s’est effectué depuis le 25 juillet dernier. « Chaque tente mobilise 5 personnes dont chacune est codifiée », s’empresse-t-il de préciser.

Enclavement, éloignement, insécurité, manque d’évacuation sanitaire, …

L’accès au « nouveau village » est difficile. Outre son éloignement, l’enclavement est décrié. La zone est sablonneuse. La route impraticable. On peut passer des heures avant d’atteindre la route principale. Même si l’électricité est disponible, l’éclairage public fait défaut. Du coup, l’insécurité est grandissante. Sur place, les aménagements sont faits en blocs au nombre 8. Chacun de ces derniers contient 4 cuisines, une toilette pour homme et une autre pour les femmes. Un espace pour les parents et un destiné aux jeux des enfants y sont également érigés. Le site a 4 bornes fontaines, un bureau de gestion du site pour permettre aux populations de faire leurs réclamations.

Ce faisant, l’expert en sauvegarde environnementale a informé que la deuxième composante sera le relogement planifié. 600 logements sociaux en dur y sont prévus.

D’autant plus que, fait-il relever, des habitants de Goxumbathie, Ndartoute et Guet-Ndar qui sont sur une distance de 3,5 Km sur 20 mètres sont ciblés. Au total, 10000 personnes vont rejoindre le site. « Nous allons construire des écoles, un poste de santé, un marché. 15 abris provisoires et 8 salles de classes avec 5 enseignants dont le Directeur sont déjà en place. 

Une phase d’urgence avec des unités mobiles ne va pas tarder. La lutte contre la violence basée sur le genre, les personnes âgées et la prise en charge des enfants de 0 à 5 ans sont pris en compte », dit l’environnementaliste. Tout en soutenant que ce sera un cadre d’habitat qui reproduit le système de concessions.

Le tout est géré par le Comité de coordination qui est principalement une instance de gestion pour le projet de relogement de Diougop et pour la mise en œuvre du Plan d’exploitation et de maintenance (Pem) pour «des lendemains meilleurs ».

Cependant, les salles de classes fonctionnelles n’ont de matériels. Pas de tableau encore moins de tables-bancs. Les élèves sont assis à même le sol. Leurs aînés sont inscrits au Lycée de Ngallèle ou Saint-Louis. Une véritable casse-tête pour leurs parents.

Ménages à bas revenus, grossesses non désirées, mortalité maternelle, saleté…

Toutefois, même s’il existe des plans de contingence ou d’autres cadres, les besoins en santé sexuelle et reproductive y sont insuffisamment pris en compte pour répondre aux besoins des populations affectées. En effet, ces populations touchées par les crises et catastrophes continuent à avoir besoin de soins, de services et des commodités liés à la reproduction, aux consultations pré/post-natales, aux accouchements et aux soins liés aux violences sexuelles, et accès à la contraception.

Secrétaire général de Diougop, Michelle Guèye a plaidé pour un poste de santé provisoire en urgence et une ambulance pour évacuer leurs malades ou les femmes enceintes. « L’évacuation des malades est un problème. Nous sommes issus de familles démunies. Les femmes n’ont que la vente de poisson ainsi que la transformation de produits halieutiques comme activités génératrices de revenus. Et cela se fait par période. Les hommes n’apportent pas grand-chose. En sus, les grossesses indésirées sont nombreuses », confie-t-elle. A propos du site, Michelle Guèye a déploré l’inexistence des bacs à ordures. « Nous ne pouvons pas vivre avec les ordures. Il faut qu’une solution puisse être trouvée dans les brefs délais. Car la saleté est source de maladies ». Occasion saisie par le chef de village pour évoquer le canal des eaux usées qui se trouve à l’Université Gaston Berger. « Il y a des moustiques, des serpents et autres reptiles. Nous sommes en danger permanent. Nous demandons aux autorités compétentes de régler cette situation au plus vite », a laissé entendre El Hadji Babacar Ba, sans sourciller.



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