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Politique

Renégociation avec Idrissa Seck, dialogue avec l’opposition : Wade dans ses petites manœuvres

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Renégociation avec Idrissa Seck, dialogue avec l’opposition : Wade dans ses petites manœuvres

Après la bérézina électorale subie par la Coalition Sopi 2009, le président de la République et Secrétaire général national du Parti démocratique sénégalais (Pds) s’envole pour Paris aujourd’hui, après un Conseil ministériel qui ne sera pas comme les autres. Mais, avant son départ ou à son retour, il rompra le silence dans lequel il s’est emmuré. Une sortie médiatique et publique qui servira de boussole à ceux qui attendent les décisions majeures que Me Wade prendra, après avoir pris la mesure de l’ampleur de la débâcle électorale de son camp et de son parti. Mais d’ores et déjà, un parfum de manœuvres politiques flotte du côté du Palais Léopold Sédar Senghor et, sous ses effluves, des échanges avec Idrissa Seck sur les modalités de son retour au Pds, mais aussi une volonté craintive de faire appel à l’opposition victorieuse pour son entrée dans un gouvernement d’ouverture.

Tout comme la nuit, les lendemains d’une défaite électorale portent conseil. Groggy, sonné, uppercuté par la cinglante défaite infligée à la mouvance présidentielle par l’opposition regroupée au sein de Benno Siggil Senegaal et par une partie de son ex-famille politique à travers Idrissa Seck de Rewmi et Macky Sall de l’Alliance pour la République (Apr), le «Pape du Sopi», selon plusieurs confidences arrachées au cercle restreint «osant» supporter son humeur, est en train de cogiter sur «un nouveau testament politique» à partir «des enseignements tirés des résultats sortis des urnes dimanche 22 mars 2009».
En effet, confie un conseiller à la présidence de la République, «depuis les résultats des élections, le chef de l’Etat est en train de réfléchir à une formule d’alliance politique à nouer, sur quelle structure s’appuyer pour re-contrôler la situation, à partir du moment où le projet de se faire succéder par son fils (Karim Wade) semble être tombé à l’eau». C’est pourquoi, révèlent nos interlocuteurs ayant requis l’anonymat sous prétexte qu’il faut attendre un «avis officiel du Président ou du parti (le Pds)», Wade «a eu des échanges téléphoniques avec Idy», l’ancien Premier ministre et ex-maire de Thiès, sorti largement victorieux du duel électoral dans cette commune. Idrissa Seck, président de Rewmi s’est montré «assez ouvert» à la volonté exprimée par Me Wade de le retrouver à ses côtés. Cette ouverture de Idrissa Seck s’est matérialisée avant même les échanges téléphoniques avec Me Wade, quand l’ancien Pm a fait surseoir à l’initiative des responsables et militants de Rewmi de célébrer leur victoire à Thiès. Motif invoqué par Idrissa Seck : sa famille politique est «en deuil» après la bérézina électorale qu’elle a subie.

FREQUENCE MODEREE
De quoi alimenter l’argument de ceux qui pensent que la dernière sortie de Hassane Bâ de la «Génération du concret», sur Walf Tv, reconnaissant que Idrissa Seck est une réalité politique dans la Cité du Rail, sonne comme un écho surgi de la tente…présidentielle. Hassane Bâ n’est d’ailleurs pas le seul à émettre sur cette fréquence modérée, après que le Pds et surtout la «Génération du concret» ont eu à snober, avant le scrutin du dimanche, la proposition de Idrissa Seck de faire liste commune à Thiès et à Dakar et ont même fait capoter la rencontre annoncée, en ce temps-là, entre les directions politiques du Pds et de Rewmi. Presque tous ceux qui ont rompu d’avec le mutisme au Pds, à l’image de Papa Samba Mboup et Oumou Khaïry Guèye Seck, pour décrypter la débâcle électorale subie par le Sopi, dansent maintenant la valse des retrouvailles avec Idrissa Seck et même avec Macky Sall. En effet, des gens de l’entourage présidentiel, en particulier les épigones de la «Génération du concret» battent leur coulpe, après avoir fait croire au Président Wade que Idrissa Seck était en perte de vitesse à Thiès. Wade, rappelle un ancien député frondeur, membre du Rewmi, «était dans de bonnes dispositions pour avaliser le retour de Idrissa Seck, mais du fait de ces informations-là, il a préféré manœuvrer, en faisant attendre dans l’espoir que le leader de Rewmi sera battu aux Locales». Les résultats des élections ont apporté un cinglant démenti à ces renseignements fournis à Wade, car la nouvelle tournure électorale a démontré l’assise populaire de Idy dans son fief thiessois où il a laminé le Premier ministre Hadjibou Soumaré, le ministre d’Etat, ministre des Finances Abdoulaye Diop, le ministre de l’Enseignement supérieur Moustapha Sourang et de gros calibres du Pds et de la «Génération du concret», comme Abdou Fall, Bacar Diagne. En dépit des moyens colossaux et de grosses sommes d’argent qui ont plu sur Thiès, pendant la campagne électorale et lors des descentes du Président Wade et de son fils Karim, aucun «garrot politique» n’a pu arrêter la déferlante Orange. Aujourd’hui, confie un proche du Président, «Me Wade ne semble plus tenir à sa succession par Karim, et Idy a une carte en main, lui qui a toujours revendiqué ses actions au Pds». D’ailleurs, des pontes libéraux, dont le maire sortant et sorti Pape Diop, ont envoyé des signaux à Idrissa Seck pour des retrouvailles «fraternelles».
Dans la foulée des confidences, certains ont évoqué les raisons du départ précipité de Karim Wade pour la France. Au-delà de la raison familiale, il y a le fait que Karim aurait mal encaissé les reproches que lui a faits son père ; ce dernier l’aurait vertement savonné à propos de «la “Génération du concret” qui lui a fait croire qu’elle avait une envergure nationale et que la bataille électorale serait facilement gagnée». Or, Me Wade est entré dans une colère noire, après les résultats des élections ; il aurait signifié vertement à son fils qu’il ne digérait pas cette défaite, au vu des moyens très importants qu’il a mis à sa disposition et à son mouvement.

LES CRAINTES DU PRESIDENT
Ce n’est pas seulement l’exigence de reconstruction du camp d’un Sopi électoralement dévasté qui est aujourd’hui la préoccupation du Président Wade. L’ouverture à la classe politique, surtout  à l’opposition regroupée au sein de la Coalition Bennoo Siggil Senegaal, figure en bonne place dans le nouvel agenda politique que le chef de l’Etat va décliner. S’il ne le chante pas ou ne le pleure pas à audible voix, ce conseiller au Palais Léopold Sédar Senghor est persuadé que la déroute électorale de dimanche, rendra «Me Wade plus humble pour mieux gérer le pays pendant les trois ans qui lui restent et ainsi organiser une élection présidentielle dans les règles, avant de partir comme son prédécesseur Abdou Diouf». Seulement, sur l’état d’esprit de Me Wade, un de ses conseillers relève «la crainte du Président d’être snobé par l’opposition ; cela d’autant plus qu’à chaque fois qu’il a lancé un appel au dialogue, l’opposition s’est refusée à répondre». Que l’opposition ne veuille pas travailler avec lui, c’est cela que craint aujourd’hui le Président, insiste-t-il. Les craintes de Me Wade semblent être fondées, par l’attitude d’une opposition qui a fini par se faire à l’idée que ses appels au dialogue ne sont que des manœuvres, ruses et autres coups de Jarnac pour diviser une coalition qui a conscience d’avoir bénéficié électoralement de son propre élan unitaire. En tous les cas, il y a de quoi nourrir ces craintes, si on se réfère à la position exprimée par Me Alioune Badara Cissé de l’Apr/Yakaar, hier dans les colonnes de Walfadjiri : «Nous ne répondrons pas à un appel de Wade.»
Or, selon ce proche collaborateur du Président, Wade a en perspective la mise en place d’un «gouvernement d’ouverture» en direction de l’opposition et de la société civile, après avoir passé un «grand coup de balai dans le gouvernement, la présidence de la République et même au sein du Comité directeur du Pds». Ce que semble avoir ébruité hier, Mouhammadou Lamine Massaly, un jeune proche de Wade (lire en page 2). Quoiqu’il en soit, «le Président a le dos au mur», pour dévaliser la formule d’un juriste, proche du chef de l’Etat. Et, ses explications ne manquent pas de pertinence. En effet, relève-t-il, «Wade est obligé de dialoguer avec une opposition qui contrôle de grandes villes comme Dakar, Thiès, Kaolack, Saint-Louis et des Conseils régionaux.» Or, la «politique de décentralisation procède d’un transfert des compétences de l’Etat». Sous ce rapport, explique-t-il, les «gens de l’opposition ne peuvent pas gérer des compétences transférées de l’Etat et être en situation de conflit avec le président de la République» ; d’où, la nécessité pour Me Wade, dont le camp est aujourd’hui «sociologiquement minoritaire dans le pays», de «dialoguer avec l’opposition, avec fair-play, pour une meilleure gestion des affaires publiques». Par conséquent, Me Wade ne peut pas se mettre dans une posture «d’épreuve de forces» avec cette opposition qui contrôle les leviers de la décentralisation.



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