Il est 16 h au ministère de l'Intérieur. La salle de conférence du 4e étage devant abriter la rencontre entre Me Ousmane Ngom et tous les partis politiques légalement constitués, est déjà remplie comme un œuf. Ils sont tous là. Du chef ou représentant du parti politique le plus représentatif au plus insignifiant, en passant par ceux-là dont on ignore tout jusqu'au sigle. C'est de bonne guerre puisque c'est une manière de justifier le récépissé délivré par le ministre de l'Intérieur et prouver qu'on existe.
A l'arrivée de Me Ousmane Ngom, toute la salle se lève pour l'accueillir. L'organisateur des élections donne aussitôt l'organigramme de la rencontre. ‘Pour des raisons pratiques, je vais d'abord donner la parole au coordonnateur de la Cpa. Puis, ce sera au tour de celui de la Cap 21 et, enfin, au porte-parole des partis non alignés’, déclare Me Ousmane. ‘Non, Monsieur le ministre, nous ne sommes pas des non-alignés. Nous sommes le Cpc’, rétorque Samir Abourizk qui donne, ainsi, le la de la pagaille. ‘Mais le Cpc n'existe plus depuis longtemps’, répond un chef de parti. Abourisk clame encore : ‘Qui a enterré le Cpc ? Il existe bel et bien et nous y sommes. Ce sont les traîtres qui ont,plutôt quitté le Cpc’, fulmine le patron de Démocratie citoyenne (Dc). Me Massokhna Kane vole à son secours en pestant : ‘Il a raison, il n'y a pas de non-alignés. Il faut dire partis indépendants’.
Malgré cette cacophonie, Me Ousmane Ngom arrive à recentrer les débats. Et la parole est donnée à Ousmane Badiane, coordonnateur des plénipotentiaires de la Cpa. Comme à son habitude, celui-ci se met à faire une sorte de bilan du processsus électoral. C'était sans compter avec la présence de Mahmouth Saleh. ‘Motion de procédure Monsieur le Ministre, il fait hors sujet’, hurle le leader de l'Urd/Fal. ‘Non, M. Saleh, vous n'avez pas la parole. Laissez Ousmane Badiane terminer’, tempère Me Ngom. Rien n'y fait. Saleh, le tout nouveau ministre-conseiller du président Wade, continue de crier faisant raisonner toute la salle. Ousmane Badiane se résout à écourter son discours pour ne pas créer un incident.
La parole est maintenant à Samba Diouldé Thiam qui y va sans fioritures. C'est le tour au porte-parole des non-alignés. ‘Il ne peut pas y avoir de porte-parole, car ce groupe n'existe pas’, s'emporte encore Abourisk soutenu par Abdoulaye Makhtar Diop. Comme un maître devant ses élèves, Ousmane Ngom rappelle encore à l'ordre : ‘Mais laissez quand même votre ex-porte-parole s'exprimer’. Abdou Diouf, puisque c'est ainsi qu'il se nomme, y va dans un discours truffé d'incongruités. Au point d'énerver toute la salle.
Arrive maintenant le clou de ce cinéma. C'est un certain El Hadji Malick Badji, secrétaire général du Rassemblement démocratique des républicains (Rdr) qui tient à parler. ‘Non, on respecte les formes. J'ai déjà donné la parole à toutes les tendances’, martèle Ousmane Ngom. ‘C'est un diktat Monsieur le Ministre, mais je vais parler’, s'entête le leader du Rdr qui défie ainsi le ministre de l'Intérieur. ‘Encore une fois, je ne vous donne pas la parole et si vous continuez, vous sortez de la salle’. Badji continue malgré tout. ‘Sortez-le de la salle. Allez, faites-le sortir’, ordonne Me Ousmane Ngom. Aussitôt dit, aussitôt fait. Le secrétaire général du Rdr est jeté dehors par les policiers comme un malpropre avec sa veste et son cartable. Avait-il oublié qu'il se trouvait dans les locaux du patron des policiers. Sûrement.
0 Commentaires
Participer à la Discussion