REPORTAGE - Après la prolongation des inscriptions : Les commissions désertées

Suite au rush qu’ont connu les centres d’inscriptions sur les listes électorales, le président de la République avait déclaré que les Sénégalais sont négligents ; ils attendent toujours le dernier jour. Vrai ou faux, les commissions sont à nouveau désertées après les affluences lors de la clôture des inscriptions.

Aujourd’hui, Thomas Thiabos, président de la commission d’inscriptions de Scat Urbam n’est pas débordé. Il trouve même le temps de distribuer des cartes aux citoyens qui s’étaient inscrits à son centre. Depuis la date de la dernière prolongation, il n’a pu inscrire que 50 personnes, rapporte-t-il, avec un brin de regret dans le propos. Thiabos ne s’explique pas le comportement des Sénégalais qui «préfèrent toujours attendre la date buttoir, pour venir se bousculer devant la commission sans être sûrs de se faire inscrire». Surtout par les temps qui courent avec les délestages incontrôlables et les pluies, il y a des couacs dans le bon fonctionnement des commissions.

Pourtant, le jeudi dernier, à la même heure, vers midi, dans ce centre socio-culturel de Grand-Yoff où est logée la commission, il y avait foule. Il y avait, rien que sur la liste d’attente, plus de 150 personnes. Les couloirs qui sont aujourd’hui déserts bruissaient des commentaires de ceux qui ne figuraient pas sur les listes. L’on se rappelle cette étudiante venue du Canada avec ses roupettes. Elle ne pouvait comprendre qu’on fixe une date pour l’obtention de la carte d’identité. C’est que, l’étudiante, à l’image de nombreuses personnes venues au dernier moment, tentait d’expliquer l’attentisme des Sénégalais qui fait «qu’ils attendent toujours au dernier moment pour agir ou réagir». Mais, M. Thiabos, lui, s’énerve à ce propos. «Je ne sais pas ce qui se passe dans la tête des Sénégalais», s’interroge-t-il avec un regard qui frise le mépris pour les retardataires.

Son collègue, Hamidou Ndiaye, président de la commission du foyer socio-éducatif de Grand-Yoff se pose les mêmes questions. Et c’est avec beaucoup d’enthousiasme que cet homme, âgé d’une soixantaine d’années sort les papiers pour brandir les chiffres. «On a inscrit 275 personnes le jour du dernier délai et 300 étaient en attente. La commission mobile a inscrit, ce jour-là, 188 personnes, mais le lendemain, quand on a prolongé l’inscription il n’y avait personne. On s’est retrouvé avec 9 inscrits seulement.» Pourtant, à l’intérieur du Foyer, un groupe assez important attend. Mais, ils sont pour la plupart des gens qui sont venus pour retirer leurs cartes d’identité. Comme le témoigne la jeune Martine Diémé, au sourire contagieux, avec son callipyge trahissant sa maigreur.

Cette situation pousse Hamidou Ndiaye à lancer un appel aux citoyens. Il leur demande de venir s’inscrire pendant qu’il est encore temps pour lui faciliter la tâche. Il se souvient de la dernière date limite fixée par le ministère de l’Intérieur et informe, que ce jour-là, ils avaient travaillé jusqu’à 22 heures pour satisfaire la forte demande. Et il prévoit le même scénario à la prochaine date prévue le 15 septembre ; cela, au vu du ralentissement qu’il a constaté depuis le 1er septembre.

Dans les autres commissions de la capitale, le spectacle ne varie pas. Les membres des commissions remuent les pouces. Hier, à l’heure de la pause, la commission mobile des Sicap-Amitié n’avait inscrit que 12 personnes pour une fréquence journalière 150 personnes, révèle le représentant de la Commission électorale nationale (Cena), Gallo Diallo. Toutefois, renseigne M. Diallo, la plupart des retardataires viennent de l’intérieur du pays ou sont des personnes qui vivent à l’étranger, qui sont au pays pour les vacances.

De toute façon, au centre d’Etat civil de Derklé, le président de la commission Youssoupha Diarra pense que l’Etat a fait ce qu’il devait faire. «C’est la quatrième fois qu’on prolonge les inscriptions.» Seulement, admet-il, les coupures d’électricité empêchent d’exécuter convenablement le travail. Comme pour confirmer que la Senelec n’assure pas sa partition dans ce jeu ou ce yoyo électoral.