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Politique

Reportage : Maisons, écoles et mosquées inondées au Sénégal

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Reportage : Maisons, écoles et mosquées inondées au Sénégal
Depuis 2005, l’hivernage rime avec inondation dans la banlieue dakaroise. Les quartiers construits, souvent irrégulièrement, dans les bas-fonds asséchés après plusieurs années de sécheresse, sont sous les eaux. Maisons, écoles, mosquées, rien n’est épargné.

Le pagne relevé jusqu’aux genoux, Marème Guèye se fraye un chemin dans l’eau verdâtre pour accéder à sa chambre. Cette année encore, la pluie a englouti une bonne partie de sa maison. Mère de six enfants et épouse d’un handicapé, cette résidente du quartier Sam Sam III, raconte son quotidien difficile de sinistré.

"Je me lève chaque fois qu’il pleut pour évacuer l’eau jusqu’à ce que la pluie arrête. Je n’ose pas dormir quand il pleut par peur d’être envahie par l’eau. Mon époux est un handicapé et j’ai des jeunes enfants", déclare Marème Guèye.

Pour aller faire ses courses, Marème Guèye enferme ses gamins dans sa chambre pour, dit-elle, "éviter qu’ils ne se noient" dans sa cours inondée.

"On superpose des briques jusqu’à une certaine hauteur pour pouvoir faire la cuisine et pour accéder à nos chambres", confie-t- elle.

A une centaine de mètres de la maison de Marème Guèye, l’école primaire du quartier flotte dans l’eau.

"L’école est inondée chaque année et la situation s’aggrave d’ année en année. Nous avons beaucoup d’élèves dans cette école mais présentement, il n’y a que six classes qui sont fonctionnelle sur 17", explique Moussa Mbaye, président du comité de gestion de l’école.

Les enseignants instaurent un système de rotation pour pouvoir satisfaire tous les élèves.

 "C’est une école qui roule à 100% parce qu’il n’y a pas assez de classe et on ne peut pas laisser les enfants dans la rue. Il y a une équipe d’élève qui travaille le matin, d’autre monte le soir et le samedi et le dimanche sont réservés à un autre groupe . C’ est le système de rotation que nous avons mis en place", renseigne Abou Sow, vice-président du comité de gestion.

Au milieu des ruelles défoncées par les eaux, plusieurs ré sidents de Sam Sam III nettoient leurs meubles abîmés par la pluie.

Une vaste étendue d’eau, un véritable lac, sépare Sam Sam III de Sam Sam I. Tout autour traine des tas d’immondices auprès de maisons inondées, abandonnées par leurs propriétaires.

 Plus loin, Abdoulaye Ndiaye, habitant de Sam Sam I, explique les difficiles conditions de vie. "Dans ce quartier, tout fonctionne au ralenti à cause des inondations. L’eau a envahi nos maisons, nos écoles et a rendu nos routes impraticables. On ne peut plus rien faire correctement ici à cause de l’eau. Nous abandonnons nos maisons le jour à cause des odeurs nauséabondes". Ici, même la mosquée est envahie par les eaux.

"C’est en ce début de Ramadan que la mosquée a été inondée. Nous avons tout essayé mais on n’a pas pu évacuer l’eau. Alors on a décidé d’abandonner la mosquée jusque après l’hivernage", se dé sole l’imam Mady Mbaye.

Entre eau verdâtre et nauséabonde, tas d’immondices, les habitants de Sam Sam sont exposés à plusieurs sortes de maladie.

 Wagane Guèye, chef du poste de santé, note déjà beaucoup de cas de paludisme et de maladie dermique.


"Actuellement la pathologie dominante c’est le paludisme à cause des inondations. Il y a aussi les maladies dermiques parce que les enfants jouent à côtés des flaques d’eau. Nous avons déjà enregistré 622 malades et la plupart des malades ont le paludisme", indique-t-il.

De son côté, le gouvernement se veut rassurant. D’après Mansour Ndoye, qui préside le comité national de lutte contre les inondations, les sinistrés seront logés sur un site viabilisé de 50 hectares.

Le ministère de l’Habitat est en charge de ces opérations de relogement des victimes des inondations. Face aux députés, le 23 juillet, le ministre Oumar Sarr avait annoncé la construction de six cents maisons préfabriquées qui seront disponibles au mois de septembre.

Le dernier Conseil des ministres du mois de juillet (jeudi 29 juillet) a annoncé le lancement "imminent" d’un programme de 100 000 logements sociaux, en partenariat avec les Saoudiens et les Chinois. Au niveau du ministère de l’Intérieur, un programme d’é radication définitive des inondations a été arrêté au mois d’avril dernier.

Ce programme d’un montant global de 167 milliards de francs Cfa, est destiné à la « réalisation de bassins de rétention, à la réhabilitation et à la revitalisation des lacs, des mares et des marigots et à la réalisation d’ouvrages de connexion et d’ interconnexion ».

En attendant la réalisation de ces projets, les inondations continuent de causer d’énormes dégâts.

 Depuis 2005, ces inondations ont condamné 493 quartiers sous les eaux et causé 45 décès ainsi que 320 000 sinistrés, selon les chiffres officiels. Ce bilan est provisoire car la saison de pluie a commencé et les eaux qui avaient envahi les quartiers n’ont pas encore été totalement évacuées.

Nicolas Ly (Xinhua)



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