La Commission électorale nationale autonome (Cena) contredit le chef de l'Etat. Le retard dans les inscriptions sur les listes électorales dans les régions autres que Dakar, ce n'est pas de sa faute, ainsi que veut le faire croire un décret présidentiel. Dans un communiqué de presse, parvenu hier, à notre rédaction, le président et le secrétaire général de la Cena, co-signataires du document, se veulent clairs : "La Commission électorale nationale autonome informe l’opinion publique qu’elle ne saurait en aucune façon être tenue pour responsable des retards constatés dans l’inscription des citoyens pour l’établissement des nouvelles listes électorales au Sénégal". Des propos qui prennent le contre-pied du "rapport de présentation du décret 2006–153 portant prorogation du délai des inscriptions sur les nouvelles listes électorales".
Dans ce document dont des extraits ont été repris dans le communiqué de l'organe de contrôle et de supervision des élections en guise d'argumentaire, le chef de l'Etat considère "l’installation tardive des démembrements" de la Cena comme "la cause principale du retard des inscriptions dans les régions autres que Dakar". Des allégations rejetées d'un revers de main par la Cena, laquelle "tient à préciser qu’en dépit d’une absence totale de moyens, tant logistiques que financiers, elle a installé, depuis le 5 septembre 2005, l’ensemble de ses démembrements pour superviser lesdites opérations aussi bien dans la région de Dakar que dans les communes des autres régions du pays". Les rapports entre le gouvernement du Sénégal et la Cena sont de plus en plus heurtés à mesure que l'on s'approche des élections législatives et présidentielle prévues l'année prochaine. Comme si, du côté de l'organe de contrôle et de supervision des élections, il y a un besoin d'affirmer son indépendance vis-à-vis des autorités gouvernementales et du chef de l'Etat lui-même. En effet, ce n'est pas la première fois que Moustapha Touré et son équipe s'inscrivent en faux contre les déclarations du président Abdoulaye Wade. Mais, à chaque fois, le chef de l'Etat se voit rabattre le caquet par Moustapha Touré. Lorsque des retards ont été, une première fois, constatés dans le démarrage des inscriptions sur les listes électorales, la Cena avait pondu un communiqué pour dégager ses responsabilités. On se souvient aussi du cri du cœur lancé par les membres de l'organe de contrôle et de supervision des élections, quelque temps après l'installation officielle de celui-ci, pour réclamer des moyens pour démarrer leur travail.
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