RETOUR D'IDRISSA SECK AU PDS : Ces petits arrangements qui fragilisent nos institutions

Des déclarations par-ci par-là, des rencontres et audiences interminables, des interventions de tout bord, feuilleton Wade – Idy, en passant par les arrestations, on assiste à une offensive contre les institutions. Jamais l'impératif de consolider le pouvoir d'un président n'a été aussi cyniquement officialisé. Comme si dans notre cher Sénégal, il n'existait plus de citoyens, mais simplement des politiciens avides de pouvoir.

Le télescopage de discours aidant, chacun a une logique propre ; et cela n'est pas anodin. Il signale des tendances de fond, tout comme les occurrences de tel ou tel mot dans un discours suffisent à révéler la tonalité générale. De ce point de vue, tout au niveau politique et judiciaire, le Sénégal présente un concentré d'actes, de décisions, de mesures qui convergent vers un but unique mais inavoué : accélérer la précarisation de nos institutions, les entraîner dans une spirale descendante, et généraliser l'insécurité des citoyens. Tel est le constat, clair à nos yeux sur ce que constitue le feuilleton Wade – Idy que le président de la République et son parti, le Pds ont instauré dans ce pays pour régler leurs problèmes internes. Tel est aussi le Constat fait sur les partis de l'opposition qui, comme les tenants du pouvoir, transfèrent leurs contradictions ailleurs qu'en leur sein. Toutes les manœuvres sont permises au Sénégal pour conserver le pouvoir, ou pour y accéder. Beaucoup de choses se sont passées, et continuent de se passer, sans que personne ne semble lever le doigt pour les dénoncer. À la limite, on les trouve normales. Parmi elles, l'arrestation d'Idrissa Seck, sa libération, suivie d'un non-lieu partiel, sa rencontre au palais avec le maître des lieux, sa participation à la présidentielle, et son éventuel retour. Tout un processus que les Sénégalais ont suivi, et continuent de s'interroger ; puisqu'en face, le pouvoir ne se sent pas obligé de justifier ses décisions. Les arrestations de Bara Tall, de journalistes, de certains hommes politiques comme Agne, Jean Paul et Barthélemy Dias, les agressions physiques et verbales, les menaces de mort, les calomnies, les mensonges etc. Autant d'actes qui interpellent directement la mobilisation de la justice. Son silence est interprété par beaucoup d'observateurs comme un aveu d'impuissance, résultat d'un processus de démantèlement, d'affaiblissement du pouvoir judiciaire toujours aux mains d'hommes politiques, aux intérêts souvent partisans. Que savons-nous des chantiers de Thiès et des fonds politiques que Idrissa Seck avoue avoir pris, de la fortune colossale qu'il disposerait ? Rien ! Si ce n'est que des déclarations contradictoires obéissant à des contextes différents. La stratégie de nos dirigeants, de nos hommes politiques en général repose sur ce qui n'est pas exagéré d'appeler, un grand dessein de manœuvre : idée de refondation pour créer un grand parti, retour des fils égarés, disparition annoncée du front Siggil Sénégal etc. On sait que le débat politique sur la crédibilité de nos institutions est de plus en plus posé, donnant l'occasion aux Sénégalais de se prononcer librement. Mais le constat est que les Sénégalais dans leur majorité ne sont pas édifiés sur le comportement de nos dirigeants et de nos hommes politiques. Ils ne nous disent rien. Et veulent qu'on les croit. Les seules déclarations qu'ils nous servent ne sont que « rideau de fumée ». Les négociations qui se déroulent entre Wade et Idy, dans le cadre de la refondation du Pds vont sans doute être dominées par la question du rôle que va jouer l'ancien Premier ministre, mais aussi la nouvelle place qu'il va occuper. Dans sa nouvelle volonté, Wade a donné mandat au comité directeur de décider sur le retour de Idy. Cela suscite des interrogations sur l'avenir politique de Idy, c'est également une façon de mettre Idy sous pression.