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Politique

SAMIR ABOURISK : « J’avais dit que Samuel Sarr était incapable de régler ce problème des délestages »

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SAMIR ABOURISK : « J’avais dit que Samuel Sarr était incapable de régler ce problème des délestages »
On l’avait perdu de vue. Le voilà qui revient sur le devant de l’actualité, plein de bagout. Samir Abourisk, secrétaire nationale de Démocratie citoyenne, et actuel membre du Conseil économique et social a accepté d’animer la grande interview du quotidien la Sentinelle. Dans un entretien à bâton – rompu, et avec son franc – parler habituel, Abourisk est revenu sur les grandes questions de l’heure, non sans donner des conseils pour des solutions par rapport à certaines situations. Entretien.

La Sentinelle : – Avant l’alternance, on vous entendez beaucoup mais depuis 2000, vous êtes devenu aphone. Quelles sont les raisons de votre silence ?

Samir Abourisk : - Je suis un peu aphone pour les journalistes. Vous avez choisi de ne plus vous approchez de nous. Quand je dis « nous » je veux parler de Démocratie Citoyenne et moi-même.

L.S. : – Est-ce parce que vous n’êtes plus très actifs ?

S. A. : - Comment vous ne faites plus d’activités ? Notre parti est plus régulier dans ses réunions structurelles, dans ses réunions à la base. Nous sommes les plus réguliers de tous. Tous les samedi, le bureau politique de Démocratie citoyenne se réunit à son siège. Tous les 6 mois, le comité central se réunit. C’est ce comité central qui est l’organe suprême chez nous à part le Congrès bien sûr. Mais dans les statuts, le Congrès est réservé pour les investitures à la présidentielle et aux législatives. Quant au comité central, c’est l’organe qui a la direction du parti, la ligne du parti.

« Le président Abdoulaye Wade et son gouvernement, son régime si vous voulez, se sont attaqués à ce problème des inondations alors que le Parti socialiste en son temps, avant l’élection présidentielle de 2000, avait projeté de délocaliser tout ce qui est habitable dans le département de Pikine. Beaucoup de gens ne le savent pas, alors que cela existe ».

L.S. : – Si je vous comprends, votre parti marche bien mais on ne vous entend pas sur les grandes questions de l’actualité ?

S. A : - Parce qu’il n’y a rien à dire qui n’ait encore été dit. Vous voulez qu’on se mette là à ressasser, à répéter comme une machine à moudre ?

L.S. : – Mais les populations ont besoin de vous entendre sur les maux qui les assaillent ?

S. A. : - Nous ne cessons de parler. Vous savez, nous ne cessons de parler je vous le dis, je vous le reproche à vous aussi. Vous nous reprochez de ne pas parler, mais moi, je vous reproche de ne pas vous approchez de nous. Pourtant votre profession même, vous indique à vous rapprocher de nous, de nous aider à nous exprimer. Qu’est-ce que vous voulez qu’on fasse qu’on aille toujours vers les journalistes ? En tout cas, à Démocratie citoyenne, nous y réfléchissons beaucoup. Et puis, il y a un caractère que vous devez connaître de Démocratie Citoyenne c’est que ne faisons pas du bruit pour rien. Quand, il faut parler, nous parlons.

L.S. : – Est-ce que se prononcer sur la question des inondations, la question de l’électricité, la flambée des prix c’est ne parler pour rien ?

S. A. : - Vous savez, la question des inondations, nous en parlons cette année. Nous en avons parlé il y a deux ans, nous en reparlerons l’année prochaine. Nous en parlerons encore dans 5 ans. Le problème des inondations, ce n’est pas un problème que l’Etat tout seul peut régler. Si vous me demandez mon avis sur la question des inondations, je vous dirai que les premières structures responsables de ces inondations, ce sont les collectivités locales.

L.S. : – Ah bon !

S. A. : - Ah oui. Ce sont elles qui ont partagé ce territoire, ce pays, cette région, ces départements. Ces départements qui composent aujourd’hui la région de Dakar. On a donné la moindre parcelle de terrain à construire alors qu’on savait très bien qu’il y a des zones qui étaient inhabitables. Et tout ça, c’était des projections politiques. On donnait des parcelles de terrains à qui en voulait.

L.S. : – On ressasse toujours ce phénomène. Mais n’est-ce pas un prétexte fallacieux d’autant plus que même si les populations ont habité dans des zones non edificandi, l’Etat les a trouvées là bas pour leur donner des commodités.

S. A. : - Je veux bien vous suivre dans votre raisonnement. Mais par exemple, si je suis maire d’une commune et qu’on vienne me demander une parcelle de terre là où je sais que cette parcelle de terre est inhabitable que c’est une zone non édificandi, mais je ne la donnerai pas. Mais on a donné à tort et à travers des parcelles de terre sachant que cette zone là, cette région là est inhabitable, qu’elle ne peut pas servir à des constructions à usage d’habitation et même à aucun usage. Le président Abdoulaye Wade et son gouvernement, son régime si vous voulez, se sont attaqués à ce problème des inondations alors que le Parti socialiste en son temps, avant l’élection présidentielle de 2000, avait projeter de délocaliser tout ce qui est habitable dans le département de Pikine. Beaucoup de gens ne le savent pas, alors que cela existe. C’est un dossier qui est là que l’on connaît, il est sur les tiroirs. Ce n’est un problème qu’il faut mettre sur le dos ou sur la tête du président Abdoulaye Wade et de son régime, non. C’est un problème dont nous avions discuté du temps du régime socialiste. Donc, c’est pourquoi, je dis que ce n’est pas un problème que nous allons résoudre. Partiellement le président Abdoulaye Wade a tenté de résoudre en lançant le projet Jaxaay. Il fallait continuer à déménager les gens, à délocaliser, il fallait mettre le paquet. On ne peut pas, bien évidemment, mettre le paquet une décennie, ce n’est pas vrai. L’état n’a pas ces moyens là. Les régimes qui se sont succédés autant le régime socialiste, qu’aujourd’hui le régime libéral, ont commis des erreurs. Mais, il faut réparer dans le temps. Qu’est-ce vous voulez qu’on dise ? Plus que cela ? Il y a des problèmes, il faut les résoudre c’est tout.

L.S. : – Et sur la question de l’électricité

S. A. : - Lorsque le ministre d’Etat actuel Samuel Sarr était directeur général de la Sénélec, j’avais dit qu’il était incapable de régler ce problème des délestages. Non pas qu’il était incapable intellectuellement ou professionnellement non, mais il faut se rendre compte d’un phénomène. Aujourd’hui le Sénégal compte 12 millions d’habitants. On ne se rend pas compte que plus de la moitié de la population, est dans la région de Dakar. C’est grave. L’intérieur se vide. Il n’y a plus personnes. Vous allez dans les grandes villes d’hier, prenez le cas par exemple de Gossas, de Guinguinéo, de Nioro, de Kaffrine, il n’y a plus rien. Tout le monde vient à Dakar. On ne peut plus respirer. Ce n’est pas vrai. Ce n’est plus possible. Il y a un phénomène auquel les gens ne font pas attention. Nous, à Démocratie citoyenne, nous avons réfléchi à ce phénomène. Nous avons dit que la seule solution, c’est de déplacer la capitale, la délocaliser pour l’amener vers l’intérieur. Nous avons avancé que nous devons créer une nouvelle capitale. Il faut prendre une ville que nous avons déjà qui est petite et en faire la capitale. Je donne comme exemple, Tambacounda, quelqu’un peut donner Kaolack, un autre Diourbel. Mais il faut que la capitale s’en aille pour que tout le monde suive le balancement de la délocalisation. Remarquez ce qui se fait dans notre pays, tout ce que vous voulez faire, vous venez faire à Dakar ou dans les environs, ou dans la banlieue.

L.S. : – Vous pensez que délocaliser la capitale sera la solution face à l’encombrement de Dakar ?

S.A. : – Tout d’abord, on sera obligé de réaménager la ville où on va aller la nouvelle capitale. Si nous prenons, par exemple Tamba, elle aura besoin d’un bel aéroport. Toutes les ambassades vont suivre parce que les ambassades sont obligées d’être près du président, le palais est là-bas. Ensuite il doit y avoir le chemin de fer qu’on va réhabiliter, l’autoroute, les grandes sociétés vont aller s’installer. C’est normal, c’est un effet de boomerang.

L.S. : – En combien de temps cela va se faire ?

S. A. : – Ecoutez Abdoulaye Wade a mis 10 ans pour nous faire de belles routes. Il faut le reconnaître, de belles passerelles, de beaux passages, de belles voies de contournements et tout cela en 10 ans. Je pense qu’en 10 ans, on peut avoir une nouvelle capitale.

« Qu’ils disent que le président Wade est âgé, qu’il est fatigué, qu’il est malade de tous ses problèmes qu’on lui assène, je comprendrai. Mais qu’on me dise que non, il ne peut pas se présenter, parce que la loi le lui interdit, alors là, je dis : « arrêtons de charrier ». On ne ferme pas la porte à une deuxième candidature de Wade ».

L.S. : – Donc on va continuer à souffrir des délestages pour dix ans encore ?

S. A : – Non, non je ne dis pas que pendant 10 ans, on va continuer à souffrir les délestages. La capitale s’en va à Tambacounda, cela peut être une autre ville, on sera obligé de construire une nouvelle société, la Senelec sera obligée de construire une usine de ce côté-là. Toutes les directions sont à Dakar, tous les ministères sont à Dakar, toutes les directions nationales sont à Dakar. Aujourd’hui est-ce que vous connaissez une société ou une direction nationale de notre Etat qui soit hors de Dakar ? Il n’y en a pas. Alors que nous venons de sortir d’un long séminaire entre Février et Mars, où l’Onu Habitat a recommandé de ne plus construire à Dakar, j’entends la région de Dakar, de ne plus installer de nouvelles sociétés, de nouvelles fabriques, de nouvelles usines. Pourquoi ne pas demander aux usines d’aller s’installer à l’intérieur du pays ? Pourquoi ne pas demander aux usines de construire en bordure des routes et en bordure de la voie ferrée. Réhabiliter les rails pour permettre aux marchandises que l’on fabrique d’être exportés, au personnel de voyager. C’est pour cela que je dis que ce n’est pas la peine d’en parler. Les gens disent aujourd’hui que Wade est là, il faut qu’il dégage et que je me mette à sa place. Là n’est pas la question. Le président Wade a – t- il fait son travail ou pas. C’est au peuple d’en décider. En 2012, le peuple décidera. Mais est ce qu’il faut pousser Wade vers la porte de sortie, pour mettre à sa place quelqu’un qui a déjà été ici, ou qui a travaillé avec Wade. Eux tous l’ont fait, à part Tanor Dieng

L.S. : - Voilà qui nous amène à parler de la question de l’heure qui est l’illégalité de la candidature de Wade soulevée par les constitutionnalistes. Quelle est la position de Démocratie citoyenne sur cette question ?

S. A. : - Samedi dernier nous avons planché sur ce problème là. Nous ne voyons pas pourquoi le président Abdoulaye Wade ne serait pas admis à briguer un deuxième mandat. ? Nous ne disons pas un deuxième mandat, parce que le premier était en conformité avec la Constitution de Diouf. En 2000, nous avions été aux élections avec la Constitution de 1963. C’était le premier mandat. Abdoulaye Wade a été élu pour un mandat de 7 ans. Maintenant, en 2007, il a eu son premier mandat avec la Constitution de 2001. En 2012, ce sera son second mandat de 7 ans.

L.S. : - Ne pensez vous pas que ce serait un peu superflu ?

S. A. : - Saurait été superflu, s’il n’y avait pas la loi qui l’autorisait. Puisque la loi lui autorise à se présenter, qu’est ce que vous voulez que j’y fasse ? Ce qui me gêne un peu c’est d’entendre des constitutionnalistes qui ont travaillé à la Constitution dire que ce n’est pas valide, ce n’est régulier, ce n’est pas légal. Qu’ils disent que le président Wade est âgé, qu’il est fatigué, qu’il est malade de tous ses problèmes qu’on lui assène, je comprendrai. Mais qu’on me dise que non, il ne peut pas se présenter, parce que la loi le lui interdit, alors là, je dis : « arrêtons de charrier ». On ne ferme pas la porte à une deuxième candidature de Wade.

L.S. : - On va revenir un peu à Démocratie citoyenne, vous dites que votre parti se porte bien, pourquoi on ne vous entend pas sur les débats de l’AST. Qu’est ce qui se passe ?

S. A. : - C’est vous qui dites que je suis de la mouvance présidentielle. Vous m’avez entendu moi à la porte d’Abdoulaye Wade en train de frapper. Je ne suis pas de la mouvance présidentielle. Je ne suis ni de l’AST, ni de la Cap 21. Mais nous sommes en train de négocier autant avec le président Abdoulaye Wade qu’avec d’autres candidats potentiels. Parce que nous pensons, nous Démocratie Citoyenne que nous avons du mal à avoir un cheminement dans ce melting pot de candidats potentiels. Voir Démocratie Citoyenne être candidate, nous ne le souhaitons pas. Aujourd’hui, Démocratie Citoyenne n’a pas les moyens de se présenter à la présidentielle. Mais si tant est qu’il faille le faire, on le fera. Par contre, nous sommes en train de négocier. Démocratie Citoyenne va faire dimanche 29 août un séminaire. Le parti a rappelé tous ses responsables de base y compris ses cadres, nous allons siéger pendant toute la journée pour baliser le chemin de ce que nous allons faire en 2012 parce que ce n’est pas seulement l’élection présidentielle qui nous préoccupe, il y a aussi les élections législatives, il y a les élections sénatoriales et en 2014 il y a les élections locales qui reviennent. Nous voulons savoir ce que nous allons faire, nous sommes un parti qui se projette dans l’avenir.

L.S. : - Vous avez dit tantôt que vous êtes entrain de négocier avec les présidentiables mais vous semblez un peu les discréditer dans votre discours puisque vous avez dit que certains ont été là, on les connaît, d’autres ont travaillé avec Wade. Est-ce que ce n’est un prisme déformant

S. A. : - Non. Cela n’a pas d’importance parce que nous sommes un parti démocrate et honnête. Cela ne nous gêne pas du tout de tendre la main à des partis que nous connaissons très bien. Je peux les nommer. Il y a l’AFP, il y a le parti socialiste. Moi, je suis de formation socialiste et je n’ai pas du tout honte de tendre la main de dire à Tanor « qu’est-ce qu’on fait, qu’est-ce que vous faites ? Qu’est-ce que vous allez faire ? Est-ce que vous vous inscrivez dans telle mouvance ? ». L’élection présidentielle paraît être la plus importante autant pour vous les journalistes que pour nous les hommes politiques, pour la société civile et tout le monde. Alors que pour nous ce n’est pas la présidentielle qui importe parce que, ce qui est important, c’est le parlement autrement dit l’Assemblée nationale et le Sénat en plus du Conseil économique et social dont je suis membre. Mais malheureusement, ce n’est qu’une institution qui donne des avis. Je le dis avec un rictus mais nous sommes un parti un peu opportuniste. Nous voulons savoir exactement quelle est la meilleure partie à prendre. Nous sommes en train de faire des négociations et dimanche on va se réunir on va débattre. On saura exactement, à partir de dimanche, quelle voie pour Démocratie Citoyenne. Ne me demandez si nous allons soutenir le président Wade, candidat sortant et candidat à sa réélection, ne me demandez si c’est Moustapha Niasse si c’est Macky Sall ou un autre, je ne répondrai pas à cette question parce que c’est à mon parti d’y répondre. A la suite du séminaire, nous ferons peut-être un point de presse.

L.S. : - Je ne me retrouve pas dans votre analyse. Vous préférez les législatives à l’élection présidentielle ?

A. S : - Vous voulez savoir si nous sommes pour un régime présidentiel fort ou un régime parlementaire. Je vous répondrai tout de suite, nous sous sommes pour un régime présidentiel fort. Nous l’avons toujours été. Ce pays ne peut être géré par un régime parlementaire. Nous nous connaissons très bien. On a essayé du temps de Senghor et de Mamadou Dia. Vous voyez ce que cela nous a rapporté ce sont de vieux démons que l’on ne veut pas réveiller. Nous voulons un président fort et vigoureux. Je m’arrête là.



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