Paru il y a de cela longtemps, un des articles de Jean Daniel, Directeur de l'hebdomadaire le Nouvel Observateur devrait être lu, relu et, surtout, largement diffusé ici au Sénégal. Une affaire d'argent continue de défrayer la chronique avec ce qu'il est convenu d'appeler l'affaire des chantiers de l'Agence de l'Organisation de la Conférence Islamique (Anoci) aux destinées de laquelle président Karim Wade, le fils du président de la République et l'ancien commissaire de police Abdoulaye Baldé, Secrétaire général de la présidence de la République. Il y a lieu d'éclairer la lanterne des citoyens car il y va de l'image et de la crédibilité de notre cher Sénégal.
À ce jour, le scandale du fameux compte K2, sous l'ancien régime, n'est toujours pas élucidé. Pour mémoire, à sa dissolution, l'ONCAD avait laissé un passif supérieur à 100 milliards de francs CFA non dévalués. Nul ne sait ce que sont devenus ces milliards, fruits du dur labeur de ceux qu'on appelle avec beaucoup de mépris les paysans. Au tout début de la première alternance au sommet de l'Etat, en l'an 2001 exactement, il a été beaucoup question des mystérieuses licences de pêche qui auraient été bradées sous le régime socialiste. De gravissimes accusations avaient été portées et Ousmane Tanor Dieng, ancien tout puissant ministre d'Etat, chargé des Affaires et Services présidentiels sous Abdou Diouf avait été convoqué et entendu par la Division des Investigations Criminelles (DIC). Nul ne sait comment se termina cette affaire.
Le nouveau pouvoir n'a pas, curieusement été épargné par les parfums de scandale. Sur la jolie Mme Aminata Tall, par exemple, ont pesé de graves soupçons. À travers les colonnes de notre confrère Sud Quotidien, des révélations avaient été faites à propos de denrées alimentaires vendues dans des marchés de gré à gré. Cette affaire, à ce jour, n'a pas été élucidée et c'est dommage.
Aujourd'hui, c'est Abdoulaye Baldé et, de manière incidente, Karim Wade qui sont au centre de la controverse politico-médiatique. Ce, suite aux déclarations et «révélations» d'un individu aux comportements bizarres et d'une versatilité extraordinaire. Il serait manipulé. C'est-à-dire corrompu, acheté. Chaque fois qu'il est question d'argent, spéculations, conjectures et fantasmes suivent.
L'argent de feu Babacar Kébé dit Ndiouga et de feu Djily Mbaye de Louga suscitent toujours un grand nombre de commentaires délirants. Aujourd'hui, il est avéré que Djily Mbaye et Ndiouga Kébé furent de grands amis de despotes africains. Niouga aurait mystiquement envoûté le tristement célèbre Joseph Désiré Mobutu de l'ex-Zaïre.
Le MFDC est régulièrement secoué par des querelles qui ne sont pas d'ordre idéologique mais qui tournent plutôt autour de la question de l'argent. Dans son désormais célèbre CD 1, Idrissa Seck parlait d'un partage du butin au sommet de l'Etat.
Le mot vespasienne renvoie aujourd'hui à un lieu où l'on soulage la vessie. Vespasienne vient du nom du philosophe Vespasien. C'est ce dernier qui disait que l'argent n'a pas d'odeur. L'Allemand Karl Marx, pourtant, définissait l'argent comme équivalent général. Selon Karl Marx, l'argent est cette marchandise spéciale, ce fétiche qui permet l'échange de toutes les marchandises. Ici au Sénégal, il n'y a plus d'idéologie, de convictions politiques. Les nombreux transhumants en sont une illustration vivante. Il n'y a, en dernière instance, que l'argent qui les intéresse.
Lundi 26 Juin 2006
La Voix, HEBDOMADAIRE du 26 Juin au 2 Juillet 2006
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