Démocratie citoyenne (Dc), le parti politique dirigé par Samir Abourizk garde un souvenir amer de son compagnonnage avec le président Wade. Dans une correspondance adressée à ce dernier, le 22 octobre 2007, le leader de Dc signifiait au président de la République, non sans amertume, que l’alliance que son parti avait nouée avec le Pds et qui l’avait amené à le soutenir activement durant les différentes échéances électorales n’aura en définitive valu aux membres de Démocratie citoyenne que ‘déception et frustration’. Les membres de Dc justifient leur colère par le fait ‘d’avoir été écartés des listes législatives et sénatoriales et d’être la seule formation politique alliée à n’avoir pas été honorée’ Et c’est fort de ce constat que le parti dont le siège est à Rufisque a tenu à consacrer les premières pages de son mémorandum ‘strictement confidentiel’ et relatif à son partenariat politique avec Me Wade à la gestion post-alternance. En effet, c’est un bilan peu glorieux que Abourizk et ses camarades ont dressé, dans la première partie de leur volumineux document, des réalisations du président Wade. De l’avis de Démocratie citoyenne, le président de la République n’a pas su exploiter les opportunités à lui offertes, notamment l’héritage d’un Etat ‘aux finances publiques saines’ et l’obtention d’une majorité confortable à l‘Assemblée nationale après une brillante élection à la magistrature suprême pour permettre l’émergence de son pays.
Au contraire, constatent les membres du parti des démocrates et citoyens, l’actuel locataire du palais de l’avenue Léopold Sédar Senghor n’a apporté à son peuple que désillusion et désespoir. Puisque, soulignent les auteurs du mémorandum, dès l’entame de leur mandat, ‘l’amnésie s’est littéralement emparée du camp des vainqueurs pour faire planer des menaces graves sur le caractère incompressible de toute démocratie (…), balayant du même coup, toute tentative de la bâillonner’.
Analysant les différents choix politiques du président Wade depuis son élection à la tête du pays, Dc considère que ceux-ci sont complètement inadaptés et ne pouvaient constituer une réponse à la demande sociale qui était, pourtant, ‘la base fondamentale de la légitimité du président Abdoulaye Wade’. Et le constat de Démocratie citoyenne, sept ans après l’accession de ce dernier au pouvoir, est que ‘le Sénégal va mal’. Les ‘démocrates’ en veulent pour preuve la situation alarmante du Sénégal des profondeurs où, disent-ils, le marasme économique a fini de s’installer. C’est pourquoi, soulignent les dirigeants de Dc, ‘jamais dans l’histoire politique du Sénégal, divorce n’a été aussi profond et aussi criard entre nos populations et leurs gouvernants’.
Mais le mal causé par le régime issu de l’alternance ne s’est pas seulement limité au monde rural : il étale ses tentacules dans d’autres domaines. C’est ainsi que se désolent les signataires du mémorandum, le patrimoine de l’Etat et les ressources de la Nation connaissent un triste sort sous le régime de Wade parce que ‘bradés à des hommes d’affaires nationaux et étrangers, à des dignitaires religieux et coutumiers, à des hommes politiques prébendiers’. Ces pratiques peu orthodoxes et dangereuses pour le Sénégal, ajoutées à des conflits fonciers récurrents, continuent, selon Dc, de désagréger le tissu social déjà fortement menacé par le péril religieux. ‘L’ingérence religieuse sur la scène politique et dans l’enseignement public depuis octobre 2002, laisse apparaître des remarques de plus en plus désobligeantes, en violation de toutes les dispositions de notre Loi fondamentale et des textes réglementaires en vigueur. Cette ingérence menace dangereusement le concept de laïcité et entend imposer l’obligation d’afficher l’allégeance du citoyen à une confrérie religieuse, créant ainsi des liens de sujétion et un brouillage total des repères’, s’offusquent Samir Abourizk et ses camarades.
Ces derniers passent au crible d’autres secteurs de la vie de la Nation ayant connu des crises sans précédent avec la survenue de l’alternance. Dans le chapitre des secteurs à scandales sous le régime de Wade, Démocratie citoyenne met au premier plan celui de la Justice. Et Dc de soutenir que ‘notre justice est infirme et la caporalisation de son système et de certains hauts magistrats a fini par asseoir un déséquilibre social et une remise en question du rôle prépondérant de l’Etat’.
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