Nous avons appris que quand les temps changent,
il faut apprendre à s’adapter aux nouvelles réalités
Barack Obama
Le moment est enfin arrivé. Le choix fait par la quasi-totalité des leaders des partis politiques sénégalais de prendre part à la mouvance présidentielle n’était sûrement pas la bonne stratégie pour pousser Macky Sall à répondre aux attentes des populations. En mars 2012, il était impérativement nécessaire de faire bloc afin de tourner définitivement les 12 ans d’alternance sous le joug d’Abdoulaye Wade. Mais, ce n’était peut-être pas une raison pour que les partis politiques qui étaient sensés jouer le rôle d’opposants à Macky Sall décident tous de rejoindre le gouvernement de Abdoul Aziz Mbaye. Tous feront entendre le même son de cloche : après avoir participé au départ de Wade et de ses alliés, il était indispensable d’accompagner Macky Sall, vainqueur du second tour du 25 mars 2012, à réaliser ses projets pour l’intérêt général du peuple sénégalais. Ces ralliements quasi aveugles ont-ils été faits pour la cause exclusive de la population ? Je réponds sans équivoque par la négative. C’est juste, et rien de plus, le résultat de calculs politico-politiciens.
Ce qui s’est passé au lendemain de la victoire la fameuse coalition Benno Book Yakaar (BBY) est propre à un Etat dans des moments difficiles de troubles politiques. Abdoul Aziz Mbaye se retrouve obligé de mettre en place une sorte de gouvernement d’union nationale malgré l’incompatibilité des courants et tendances politiques. En effet, les partis de gauche, de droite et des centres se retrouvent au sein du même gouvernement. Drôle de retrouvaille quand la gauche traditionnelle du Sénégal, le Parti Socialiste et les socio-démocrates de l’Alliance des Forces du Progrès (AFP) et du Front pour le Socialisme et la Démocratie/Benno Jubël soutiennent et mettent en œuvre des projets des libéraux de l’Alliance Pour la République (APR/Yakaar). Ce qui peut paraître incommode dans certaines démocraties. Mais comme cette alliance donne du travail aux « professionnels politiques » et à leurs lieutenants, ceux-ci optent pour fermer les yeux sur leur différence de vision politique au grand dam des pauvres Sénégalais.
Il semble se confirmer que, comme le soulignent souvent des observateurs de la vie politique du pays, les Sénégalais ont la mémoire courte. Pour étayer mes propos, je m’appuierai sur deux faits majeurs qui ont marqué à jamais l’histoire politique du Sénégal.
En effet, en 2000, au lendemain de la victoire de Sopi (changement en wolof), Abdoulaye Wade s’est vu entouré par une bonne partie des mouvances politiques du Sénégal. Amath Dansokho alors leader du Parti pour l’Indépendance et le Travail (PIT) avait été l’un des rares à se montrer hostile à ce régime hétéroclite. Il sera aussi quasiment le seul à appeler à voter non au référendum de 2001. A ce jour, le président d’honneur du PIT est lui-même un conseiller du président Sall. Il a suffit d’un an que cette entente autour de Wade saute en éclat avec d’abord le limogeage du premier ministre Moustapha Niass qui se retrouve opposant par la force des choses. Or, dans ce cas de figure, il est difficile pour ces « opposants obligés » de jouer, sans gêne, leur rôle dans le sens où ils s’attaqueraient à une forme de gouvernance ou à une vision politique dont ils ont pris part à la mise en œuvre directement ou indirectement. D’ailleurs, à la surprise de tous, Wade remporte les élections présidentielles de février 2007 dès le premier tour. Il s’amusait souvent à dire à qui voulait l’entendre qu’il n’avait pas d’opposants qui vaillent. L’on se souvient d’ailleurs de ce soir de février 2007 où Wade accablait, documents à la main, les leaders de l’opposition doublés de malheureux perdants des joutes électorales. A l’occasion de cette conférence de presse tenue avant même l’annonce des résultats définitifs par le conseil constitutionnel, l’ancien chef de l’Etat accusera les uns de détournements de deniers publics et les autres de déloyauté.
Désavouée sans doute, les principaux partis de l’opposition décident de boycotter les élections législatives qui ont suivi les présidentielles de 2007. Une autre erreur des politiques de l’opposition qui ouvre à la coalition « Sopi 2007 » de bénéficier facilement de la majorité à l’assemblée nationale. Des lois passent comme lettres à la poste. Cette législature permet, en partie, à Wade de modifier près de 18 fois la constitution en 12 ans d’exercice.
Aujourd’hui encore, sous la bannière de la coalition Benno Bokk Yakaar, le président Macky Sall possède la majorité à la place Soweto. L’AFP, le Parti Socialiste, le REWMI, le FSD/BJ avec en tête l’APR/Yakaar disent « agir ensemble pour le Sénégal ». Pendant ce temps qui pour jouer le rôle d’opposition démocratique ? A l’heure actuelle, personne, me diront certains. D’autres s’entêteront à vouloir faire du Parti Démocratique Sénégalais (PDS) le parti d’opposition. Or, le PDS a cessé d’être ce qu’il a été même sous Wade. Il a fallu le départ de ce dernier pour que la famille libérale explose. Non seulement il est aujourd’hui question de tendances au sein du parti, mais aussi et surtout les anciens tenants du pouvoir se préoccupent plus de faire face aux poursuites judiciaires dont ils font objet pour enrichissement illicite que de s’opposer au régime de BBY.
On est quasiment à un an d’exercice du pouvoir, mais il est difficile de constater le cap de la vision politique de Macky Sall et ses alliés. Pour rappeler le pouvoir ses engagements, ce sont des mouvements sociaux qui se disputent le rôle de «Sentinelle ». D’un côté, le mouvement Y’en A Marre, s’enorgueillant de son rôle dans la vaste vague populaire qui a « chassé » Wade du pouvoir, commence à se faire des ennemis à la fois du côté du pouvoir que du peuple. D’un autre côté, le Mouvement du 23 juin (M23) est miné par des querelles de leadership entre politiques et acteurs de la société civile.
Pendant ce temps, le peuple sénégalais a toujours l’impression d’être laissé à lui-même. L’Etat semble incapable de contrôler les prix des denrées de première nécessité. La dernière hausse notée est celle du kilogramme de la farine poussant les boulangers à menacer d’arrêter la production du pain. L’école est toujours malade. Et jusque-là aucune réforme majeure n’est prise pour une solution durable. La mise en place de la CMU (Couverture Médicale Universelle) promise par le chef de l’Etat risque de prendre du temps. Toujours et encore, une eau abondante et une riche terre dorment sur la vallée des fleuves Sénégal et Casamance, faute de paysans formés et équipés. C’est dire que les Sénégalais doivent prendre leur mal en patience avant qu’on s’occupe exclusivement de leur cause sans aucun désir de popularité ou de clientélisme politique.
Mamadou DIOP
Doctorant en Linguistique Bordeaux 3 Chargé de projets FSDIE de l'Université Bordeaux 3
11 Commentaires
Nts
En Janvier, 2013 (01:18 AM)Azucar
En Janvier, 2013 (01:31 AM)Ladz
En Janvier, 2013 (02:23 AM)Es Sciences
En Janvier, 2013 (02:26 AM)Sénégalaise
En Janvier, 2013 (02:48 AM)Pensez vous qu'on pourra diriger un pays de cette manière ???
Intox et somnifère au peuple jusqu'à quand??? Faut arrêter et être sérieux.
Mais vous n'empêcherez pas les sénégalais de dire ce qu'ils pensent.
Qu'il soit doctorant of qu'il prépare un CEP, son texte est pertinent.
On a confié notre pays a des gens qui ne savent même pas par ou commencer.
Si wade nous a tué, Macky risque de nous enterrer !!!
Elysee
En Janvier, 2013 (03:16 AM)et ma foi tres correcte , honnete ,et concise . YA...TEYYE...!..BOULA..NEKHE....NGA...SIGNER...DOCTORANT...!
Arretons de villipender , ou de critiquer gratuitement !...Sachons encourager ceux qui le meritent ,
c'est bien cela ,qui pourrait faire avancer ce pays , remplis, helas , de nullards et, d' intellectuels amorphes .
Au Senegal , nous n'avons pas de bons et, efficaces politiciens . Ce que nous avons au pays , ce sont des
politicards , noyes dans la politicaillerie generalisee . Cette classe de la societe senegalaise , est constituee
de racailles , de canailles , de vermines de la pire espece , de vils magaouilleurs , sordides et mesquins !
Motives uniquement par l'appat du gain facile , ils se foutent pas mal du bien etre de ceux , qu'ils sont senses
representer ! Voler les maigres deniers publics , et se railler d'eux apparemment , en se pavanant d'une facon
grotesque et degoutante , tel est bien leur lot quotidien . Le Senegal a besoin de se renouveler , de sang neuf !
Les depenses extravagantes dans des vehicules des institutions inutiles comme ce Conseil Economique , les nominations nepotiques , et ces tatonnemets repetes , du gouvernement actuel , vont detruire ce pays , deja
bien allite ! Les idees , les plans ,et actions necessaires a la reconstrution du pays , ou la creation de milliers
d'emplois pour les jeunes, et baisser les produits de base , sont absents et bien negliges . L'inertie du peuple ,
le silence ehonte des cadres et intellectuels senegalais ,sont des mauvais signes ,certes !..WASSALAM...a tous..!
Elysee Bis
En Janvier, 2013 (03:18 AM)Les idees , les plans ,et actions necessaires a la reconstrution du pays , ou la creation de milliers
d'emplois pour les jeunes, et baisser les produits de base , sont absents et bien negliges . L'inertie du peuple ,
le silence ehonte des cadres et intellectuels senegalais ,sont des mauvais signes ,certes !..WASSALAM...a tous..!
Jiggy
En Janvier, 2013 (03:42 AM)Mme Diouf
En Janvier, 2013 (07:42 AM)Ats
En Janvier, 2013 (07:57 AM)Emploi
En Janvier, 2013 (08:07 AM)Participer à la Discussion