Serigne Assane Mbacké ( Président du Mouvement des jeunes marabouts citoyens) : ‘ Vice- président ou pas, Idrissa Seck va trahir Wade’

Que le président Wade se le tienne pour dit : une grande offensive pour sa destitution en 2012 est en train d’être activement menée par son actuel ministre de la Santé Diagne Fada, le maire de Thiès, Idrissa Seck, le président du Sénat, Pape Diop et son ami, Mbackiyou Faye. Et c’est le président du Mouvement des jeunes marabouts citoyens, Serigne Assane Mbacké qui vend la mèche. Auparavant, le petit-fils de Serigne Touba s’en est pris à ceux qui, selon lui, parlent au nom des Mbacké-Mbacké sans leur consentement.

Serigne Assane MBACKE : Je m’appelle Serigne Assane Mbacké, fils de Serigne Atekh ibn Falilou Mbacké, petit frère de l’actuel khalife général des mourides. Je suis le président du Mouvement des jeunes marabouts citoyens, une structure créée par les petits-fils de Cheikh Ahmadou Bamba pour promouvoir le développement du Sénégal, en commençant par la ville sainte de Touba. Nous entendons également, à travers notre organisation, remettre de l’ordre dans nos rangs pour plus d’actions citoyennes conformément au souhait du Khalife général des Mourides Mouhamadou Lamine Bara Mbacké. Vous n’êtes pas sans savoir qu’aujourd’hui, beaucoup d’individus se réclament de la famille Mbacké pour gérer des intérêts purement personnels. Ces gens créent des organisations et s’accrochent à des privilèges mal acquis. Notre mouvement qui n’est constitué que de Mbacké-Mbacké entend démasquer ces gens qui n’honorent pas la confrérie mouride.

Wal Fadjri : A qui faites-vous allusion ?

Serigne Assane MBACKE : Aujourd’hui par exemple, tous les Mbacké Mbacké sont sidérés de voir Modou Bousso Dieng (président de l’Association des jeunes marabouts, Ndlr) se proclamer dirigeant des petits-fils de Serigne Touba. Ce monsieur ne peut aucunement être notre leader pour la simple raison que nous doutons de sa bonne foi. Tout le monde se rappelle ses démêlés avec la justice, consécutive à une histoire de trafic de passeports, qui lui a valu un emprisonnement à la Maison d’arrêt de Rebeuss. Pour diriger les petits-fils de Cheikh Ahmadou Bamba, je pense qu’il faut un minimum d’éthique. D’ailleurs je défie quiconque trouverait un Mbacké Mbacké derrière Modou Bousso Dieng de me le montrer. Il n’y en a pas. Alors, qu’il arrête de dire qu’il dirige les jeunes Mbacké-Mbacké.

Wal Fadjri : Modou Bousso Dieng n’a jamais dit qu’il dirigeait uniquement les jeunes Mbacké-Mbacké mais plutôt tous les jeunes marabouts du Sénégal ?

Serigne Assane MBACKE : En tout cas, nous n’en faisons pas partie. Et une visite effectuée auprès des autres familles maraboutiques révèle également l’impopularité de Modou Bousso Dieng. A Tivaouane, le porte-parole du khalife des Tidianes nous a fait savoir que Modou Bousso Dieng n’ose pas mettre les pieds là-bas. Idem chez les Niassènes de Kaolack. En ce qui nous concerne, il n’est plus question de le laisser raconter ce qu’il veut et dans cette entreprise nous sommes soutenus par tous les Mbacké-Mbacké.

Wal Fadjri : Apparemment, Modou Bousso Dieng n’est pas le seul dans votre viseur. Récemment, vous avez fait une sortie musclée dans la presse pour fusiller Modou Diagne Fada. Quelles étaient vos réelles motivations ?

Serigne Assane MBACKE : Modou Diagne Fada n’est pas une référence pour nous. A Darou Mousty, les Mbacké-Mbacké se méfient de lui. D’ailleurs, ils sont très remontés contre lui qui les assimilait à des oiseaux en quête de pitance. Personnellement, j’ai arrêté de le fréquenter depuis la dernière présidentielle où il me demandait de voter pour le maire de Thiès, par ailleurs leader du parti Rewmi, Idrissa Seck. Je pense que le président Wade devrait beaucoup faire attention à ces deux hommes politiques (Fada et Idy, Ndlr) qui font semblant de l’apprécier alors qu’ils le détestent plus que tout. D’ailleurs, je peux vous assurer que Fada et Idy, en association avec Mbackiyou Faye et le président du Sénat, Pape Diop, sont en train de monter un complot contre le président Wade. Ils préparent une candidature unique pour renverser le Président Wade en 2012.

Wal Fadjri : D’où est-ce que vous tirez de telles informations ?

Serigne Assane MBACKE : Avant de mettre sur pied notre mouvement, nous avons effectué une visite auprès de plusieurs autorités religieuses et responsables politiques. Au cours des rencontres avec les derniers nommés, ils nous ont avoué qu’en 2012, ils ne se rangeront derrière personne et qu’ils brigueront les suffrages des Sénégalais comme tout le monde. Ce que j’avance peut être prouvé par plusieurs de leurs proches qui ont rejoint notre mouvement.

Wal Fadjri : Décider de ne pas se ranger derrière le Président Wade en 2012 ne signifie pas ourdir un complot ?

Serigne Assane MBACKE : Mais ce n’est pas ce qu’ils disent à Wade. Ils s’approchent de lui uniquement pour bénéficier de privilèges. Mais, je crois que le président Wade n’est pas naïf et connaît bien ceux qui s’approchent de lui. Ils lui tendent un piège, je vous dis. Et qu’il soit nommé vice-président ou pas, Idrissa Seck va trahir Wade.

Wal Fadjri : Ne pensez-vous pas que votre mouvement risque de ne rien apporter de nouveau ; qu’il viendra allonger la liste de ces rassemblements qui, à force de flirter avec la politique, finissent par disparaître ou simplement se dissoudre dans un parti politique ? A moins que cela ne soit l’effet recherché…

Serigne Assane MBACKE : Notre objectif, c’est d’œuvrer pour le développement du Sénégal en commençant par la ville de Touba. D’ailleurs, plusieurs actions ont été menées depuis la création de notre mouvement en 2008. Des actions qui vont de l’organisation chaque vendredi à Touba d’opérations Set Setal à la distribution de vivres dans les maisons en passant par des conférences pour la sensibilisation sur certaines maladies comme le choléra et le Vih Sida. Par exemple, pour le grand Magal de cette année, nous avons prévu de distribuer de l’eau potable dans la ville sainte mais également de la nourriture pour les hôtes à venir. La sécurité aussi, nous en ferons notre affaire avec des démembrements dans toute la ville. Comme l’a toujours voulu le vénéré Cheikh Ahmadou Bamba, nous voulons montrer une image du Mbacké-Mbacké travailleur et soucieux du développement de son terroir.