Serigne Modou Kara, leader du PVD : " Wade m'a administré un somnifère très fort"

Serigne Modou Kara Mbacké, qui vient de mettre en berne toutes les structures de sa formation politique, le Parti pour la vérité et le développement (Pvd), ne nie pas l’existence de frustrations chez ses militants, après la formation du gouvernement. Mais, mettant tout sur le compte de la volonté divine, ce marabout et homme politique veut préserver ses relations avec le Président Wade dont il apprécie le degré très fort du somnifère qu’il lui a administré. Un somnifère plus fort que ceux de Senghor et Abdou Diouf.

On attendait la présence des responsables de votre parti dans le nouveau gouvernement pour vous récompenser de votre soutien au Président Wade. Il n’en a rien été. Comment appréciez-vous cette mise à l’écart ?

Vous pouviez aborder l’interview par d’autres questions. Cependant, si vous avez voulu commencer par l’actualité politique, c’est que ce n’est pas l’homme qui décide, mais c’est bien Dieu ; ça devrait être ainsi donc. Nous sommes un peu mystiques sur les bords. L’homme ne fait qu’exécuter ce que Dieu a programmé. Nous pensons que c’est parce que les anges n’ont pas encore programmé pour que le Parti de la vérité siège au sein du Gouvernement.

Mais, le fait que votre parti ne participe à ce gouvernement, n’y a-t-il pas eu de frustrations exprimées par les militants de votre parti ?

Vous avez parfaitement raison. Ce n’est pas tout le monde qui se fâche. Mais, il y a beaucoup de personnes qui se fâchent. Cependant, le prophète Mohamed (Psl), dans ses enseignements, a dit qu’il n’est pas interdit de se fâcher, mais ce qui est à condamner, c’est de perdurer dans sa colère. On ne peut pas s’empêcher d’être en colère, parce que c’est humain. Si vous avez suivi la déclaration que j’avais faite à la télévision, j’avais expliqué cela, par souci d’éclairer les gens. J’ai voulu les éclairer tout simplement, parce que les gens d’ici et ceux vivant à l’étranger trouvent normal ma participation au gouvernement du fait de mon soutien. Certains étaient gênés ; d’autres étaient un peu fâchés, y compris les membres fondateurs qui étaient un peu vexés. Mais, la vie est ainsi faite. C’est pourquoi, d’ailleurs, nous avons pris le concept d’élégance pour apaiser les cœurs et les esprits, leur faire prendre plus de conscience en leur faisant savoir que tout dépend de la volonté divine.

Que recouvre la nouvelle appellation de votre parti, Kara Generation for the truth ? Risque-t-elle pas de concurrencer la Génération du concret de Karim Wade ?

Chacun a son plan de communication et son système de travail. Notre inspiration vient de loin et n’a pas les mêmes origines que celle des autres. Vous pouvez remarquer que le communisme, le capitalisme, le socialisme et libéralisme sont des idéologies différentes de la nôtre. La nôtre est tirée d’un Africain, un Sénégalais, Cheikh Ahmadou Bamba Khadimou Rassoul. Nous n’avons pas la même source idéologique. Nous ne puisons pas de Karl Marx, Lénine ou autres. Donc, il peut y avoir des points de ressemblance, mais c’est encore différent. C’est à l’image des mains, droite et gauche. Avec la main droite, on y tient tout ce qui est licite et avec celle de gauche, tout ce qui est rempli de choses illicites. C’est pourquoi eux, (les gens de la Génération du concret : Ndlr), tout ce qu’ils disent, à travers leur plan de communication, leur système de travail, les appellations peuvent peut-être nous ressembler dans la forme, mais sommes différents dans le fond. Tout ce que nous disons, nous faisons référence d’abord à Allah, Mohamed (Psl) et Serigne Touba. Je dois dire que l’appellation Kara generation for the truth est mon système de travail, mon plan de communication, mais ça ne change, aucunement, le nom de mon parti. Ce nom ne peut pas changer. Pourquoi ? C’est parce qu’on a dit «Hisbul Haq», parti de la vérité. Maintenant, dans notre stratégie de travail, on s’est dit que les élections sont passées. Les anciens, trois mois après la création du Pvd, se sont donné corps et âme pour le parti et on a voulu, à l’approche de ces vacances, les faire toujours travailler. J’ai entendu même dire que je les ai mis au frigo pour les remplacer par des jeunes qui vont reprendre le parti. Il n’en est rien (il pouffe de rire : ndlr)

Donc, les anciens sont toujours dans le parti et y restent ?

Mais, il n’en est rien ; d’ailleurs, ils ne sont même pas des vieux, (il se met à rire à nouveau : ndlr) car, pour être vieux, il faut avoir au moins 70 ans, voire plus. Vos amis journalistes veulent les taquiner seulement. On n’a pas dit qu’ils n’existent plus ; c’est tout simplement un système de travail, une stratégie. C’est tout ! Il faut dire que j’ai parmi mes jeunes membres qui éprouvent du plaisir, dès que je sors un nouveau mot qui n’est ni français ou wolof. Et moi, je veux leur procurer ce plaisir. Dès que je dis Kara generation for the truth, ça leur fait un grand plaisir. Je ne cherche que cela. C’est pourquoi, je leur ai demandé de confectionner des tee-shirts avec des écritures au recto-verso, en anglais et en français.

Ne regrettez-vous pas votre non-participation sous votre propre bannière aux législatives ?

Celui qui dirige actuellement le pays, (Me Abdoulaye Wade : ndlr), a connu toutes les peines du monde pendant 26 ans. Je l’ai dit et redit à plusieurs reprises. Quand Dieu a décidé de le porter à la tête du pays, et vu tous les efforts qu’il est en train de déployer, on s’est dit que comme c’est ainsi et parce que nous avons un parti jeune, il vaut mieux l’appuyer, l’assister. Maintenant, quand il aura terminé sa mission qui va coïncider avec la reconnaissance effective du Pvd, parti bien connu maintenant dans le pays à travers sa doctrine, sa façon de faire, nous pouvons alors participer aux élections. D’ailleurs, les autres partis ne s’allient au parti au pouvoir qu’à travers certaines conditions. Mais, pour qui connaît Modou Kara, et sa façon de faire avec le Pvd, doit être en mesure de comprendre ce qui en est réellement, même si on ne le lui a pas dit ouvertement.

Votre parti absent du gouvernement et de l’Assemblée nationale n’est-ce pas de nature à réduire votre influence politique ?

(Il commence sa réponse par une citation du Saint Coran : Ndlr). Nous, nous ne sommes animés que par le bien, donc si vous maintenez le cap en faisant du bien, en l’enseignant, Dieu dans sa clémence va pousser les gens à être avec vous. Donc, il ne doit s’agir ni de se presser, ni de se prêter à des calculs, des jeux d’une politique politicienne alors qu’Allah le bannit. D’ailleurs, dans trois ou quatre mois, quand les enfants (Ndlr : les membres de son parti) auront fini de bien travailler, nous allons faire un rassemblement. Il faudrait qu’on revisite le mot politique. En effet, Serigne Touba s’est prononcé sur le mot politique qu’on doit décortiquer. Ce mot appartient aux capitalistes, les socialistes, les libéraux, etc. Il appartient à eux, les gens du pouvoir.

Alors dites-nous, ce que Serigne Touba a dit à propos de la politique ? Ah !!! C’est trop tôt.

Que pensez-vous de la cherté actuelle de la vie, avec la flambée des prix de l’huile, de la viande, du lait, du ciment, de l’électricité et du gaz ?

Le pays appartient à tout le monde. C’est vrai, la vie est chère. Nous avons connu les inondations, les coupures d’électricité, l’augmentation des prix des denrées. Mais, économiquement, si on ne maîtrise pas les données réelles des problèmes, on risque de n’accuser que le gouvernement qui représente l’Etat. Or, l’Etat représente la Nation. Il faut alors faire une analyse personnelle, une évaluation qui va permettre de comprendre d’où viennent exactement les réels problèmes. Si vous vous contentez d’accuser les membres du gouvernement, vous risquez de commettre des erreurs. Cela demande une analyse profonde pour éviter toute erreur. La vie est dure, et personne ne l’a voulu, encore moins souhaité. Moi, par exemple, les membres de ma famille ne cessent de me dire d’acheter des groupes électrogènes, et si je devais le faire partout, ils seraient nombreux. Je pense à ceux qui habitent au fond du pays et qui n’ont même pas d’électricité, à plus forte raison de groupes électrogènes. C’est comme ça que je raisonne. C’est pourquoi, aucune de mes maisons ne disposent de groupes électrogènes. Quant à l’augmentation des prix, je l’ai une fois dit et je vais le redire, surtout aux hommes d’Etat, aux intellectuels, cadres et autres, qui ont des relations, des moyens : «Tous ne doivent pas croiser les bras.» Il faut la conjugaison de tous les efforts, faire des propositions au chef de l’Etat ou au gouvernement. C’est ainsi que l’on montre qu’on aime sa patrie, son pays. On ne doit pas laisser seul le gouvernement avec ses problèmes, seul face à la crise. Telle est ma vision des choses et je ne me permettrai jamais de m’en prendre à qui que ce soit. Telle est ma façon de raisonner.

Vos rapports avec le Président Wade peuvent être bons certes, mais qu’en est-il exactement avec les membres du Pds ?

Dieu m’a créé, peut-être d’une autre façon. Toi et les autres qui sont avec moi, je vous mets au même pied d’égalité et vous donne les mêmes considérations, dès que je vous vois (Il cite un verset du Coran : ndlr), car c’est le fils d’Adam qui m’intéresse. Le même rapport que j’entretiens avec Abdoulaye Wade, sa famille, c’est le même rapport que j’entretiens avec tout le monde. Si j’ai avec lui des rapports, ce ne sont que des rapports d’un citoyen avec un chef d’Etat d’abord ; ensuite, les choses vont venir d’elles- mêmes. Un chef d’Etat qui a été choisi parmi les nombreux fils du pays, si tu dois avoir avec lui des rapports, le premier rapport qui doit vous lier, c’est celui entre un citoyen et son chef d’Etat, dans le respect. Ensuite, vous pouvez maintenant si possible entretenir d’autres rapports. Quant à mes rapports avec les membres du Pds, ce sont les mêmes rapports que j’ai avec tout le monde.

Et qu’en est-il de vos rapports avec son fils Karim Wade?

C’est aussi valable avec lui. C’est le même rapport que j’ai avec tous les fils du pays. Ce n’est pas à proprement parler des relations que nous avons. Vraiment, nous n’avons pas de rapports. Peut-être que dans l’avenir nous pourrons avoir des relations, parce que c’est le fils du chef de l’Etat. Si vous avez des relations avec son père, il se pourrait peut-être un jour que vous ayez des relations. Mais, présentement, il a son travail ; j’ai le mien.

Pour d’aucuns, si le Président Wade s’est finalement résolu à se rapprocher de vous, c’est parce que, semble-t-il, il a peur de votre représentativité dans le pays. Est-ce vrai ?

Non. C’est le chiffre 9 qu’on renversé en 6. En réalité, c’est moi qui suis allé vers lui et non lui vers moi. Il n’a pas fait comme d’habitude, quand il voit un porteur de voix : aller vers lui, s’approcher de lui, le convaincre pour travailler avec lui, lui administrer son somnifère. Ça ne s’est pas passé ainsi avec moi. Lui, le somnifère qu’il m’a administré est plus fort. Vous savez, eux, ils ont des somnifères. De Senghor à Abdou Diouf, chacun a ses somnifères. Lui, il a de nombreux somnifères.

Donc, c’est Serigne Saliou qui vous lie au président ?

Non. D’ailleurs, je voudrais que vous traduisiez fidèlement mes propos pour éviter les erreurs, parce que c’est très dangereux. Je veux dire que Abdoulaye Wade a ses somnifères. Si on pouvait les énumérer, ils sont au total cinq.

Mais quel est le nom de ce somnifère ?

Je dirai qu’Abdoulaye Wade m’a donné un somnifère mouride (il pouffe de rire : ndlr ). Ablaye est avocat, intellectuel, économiste, politicien. Il a plus de somnifères ; il est plus fort que les Senghor et Abdou Diouf. Il a plus de somnifères qu’eux. Celui qu’il m’a donné est plus fort de tous, c’est pourquoi, je ne cesse de dormir et de me réveiller (il rit). Mais, je peux encore lui supporter cela.

D’aucuns disent que si Serigne Modou Kara a de nombreux talibés, au-delà de bien maîtriser le Coran…(il coupe pour enchaîner)

C’est vrai, j’ai bien appris le Coran.

Donc, on dit que vous possédez une science noire qui oblige les gens à vous suivre ?

Hoo !!!, (il paraît surpris), est-ce que maîtriser le Coran permet à ce que les gens vous suivent ? Je pensais que c’est à cause de Serigne Touba et c’est à cause de lui.

C’est seulement à cause de lui !

Oui, c’est Serigne Touba. Vous voyez, tous ceux qui ont appris le Coran, ceux qui l’ont vraiment appris, quand vous les trouvez à la campagne, ils n’ont même pas la dépense quotidienne. Si vous utilisez quelque chose de mal, demain vous devez répondre de vos actes auprès de Dieu. Ici, sur terre, nous ne sommes que de passage ; tout ce qui apparaît comme de la richesse, ça lui ressemble simplement, mais elle ne l’est pas en réalité. Tout ce qui a de la valeur, c’est pour demain. Et tous ceux dont on pense qu’ils détiennent ces choses, comme ceux qui apprennent le Coran ou l’enseignent, souffrent beaucoup. Personnellement, tout ce que je sais, un autre le sait aussi. Je ne sais pas ce qu’un autre Serigne ou un cheikh mouride ne sait pas ; nous sommes tous égaux. Tout ce que nous est apparu, émane de Serigne Touba qui l’a reçu de Dieu et nous a fait profiter de ses bienfaits.

On sait financièrement que vous êtes liquide. Quelles sont les activités économiques dans lesquelles vous investissez ?

Xaliss !!! (Comme étonné, il enchaîne en wolof : ndlr). De l’argent, je ne l’ai pas, c’est le Saint- homme, Serigne Touba qui me le donne. Mais, si tu me demandais de l’argent, tu ne le trouveras pas sur moi, et si tu avais juré, tu n’auras pas commis un pêché car, je ne l’ai jamais sur moi. J’avais juré à Serigne Touba que jamais je ne mettrai de l’argent dans ma poche. Et pendant plus de 10 ans, je n’ai jamais mis de l’argent dans mes poches. Je dirai cependant que je n’en manque jamais.

Donc vous n’avez aucune activité économique (il coupe)

C’est Serigne Touba qui le donne.

Les promesses, du Président Wade d’appuyer votre orchestre philharmonique, n’ont jamais été tenues ?

(Il paraît désolé) Il a nous a prêté peu d’attention ; il n’a quasiment pas répondu.

Mais pourquoi ? Qu’est-ce qui s’est passé, d’après vous ?

Ah !!! C’est lui qui le sait ; moi, je ne sais pas. Peut-être, c’est sa nature. On ne peut rien lui reprocher. Moi, j’avais dit que tout ce qu’il a fait pour moi, c’est ça. Je vais supporter Abdoulaye Wade tant qu’il est encore au pouvoir. J’attends qu’il termine.

Pourtant une nuit, dans l’enceinte du stadium Marius Ndiaye, vous avez déclaré que Abdoulaye Wade, doit arrêter de vous donner 100 millions, qui sont de la petite monnaie pour vous…

Je ne l’avais pas dit ainsi, seulement ; c’est vous les journalistes qui en avaient rajouté. Eux, quand arrive le mois de Ramadan, ils (les hommes au pouvoir : Ndlr) ont l’habitude de donner des Suukaru Koor  à ceux avec qui ils entretiennent de bonnes relations. C’est tout. Quand je disais cela, c’était pour faire des farces, mais c’est vous les journalistes qui avaient exagéré. Mais, Abdoulaye Wade est quelqu’un de bien ; il a seulement ses façons de faire, mais c’est un vieux qui est bien.

Pour certains, Kara Mbacké s’est un peu assagi, mais c’est tout le contraire de son jeune frère Mame Thierno Birahim

(Il coupe). On dit qu’il est chaud ; pourtant, c’est quelqu’un de bien. Si vous vous approchez de lui, vous verrez que c’est un homme bien. Il est jeune, mais il est calme, tolérant ; il a beaucoup de qualités. Il n’est pas un homme chaud. Si vous l’approchez, vous verrez qu’il est extraordinaire. Moi, les gens pensent que je suis devenu plus calme. Attention, je cache mon tempérament, je ne l’ai pas encore montré ! Mais, quand vous avez 53 ans, vous n’êtes plus jeune. Regardez celui qui est là-bas, c’est mon fils (il désigne un jeune homme habillé en boubou marron : Ndlr). On me donne, difficilement, mon âge, car je tiens à rester jeune, à m’accompagner de jeunes à cause de la mission que j’exécute. Mais, d’ici quelque temps, les gens verront que je ne suis pas devenu mou, bien au contraire. Je cache seulement  mon caractère. Je suis plus chaud que Mame Thierno. Si vous lui demandez, il vous dira que je suis loin d’être un homme mou.

On vous a trouvé assis sur une main sculptée avec une écriture en Arabe. Qu’est-ce que cela symbolise pour vous ?

(Il désigne la main de couleur marron, le tronc d’arbre qui lui sert de chaise : Ndlr). C’est  alyaddoule, la main. C’est un disciple du nom de Macoumba Fall qui l’a sculpté et l’a transformé en fauteuil. Mais ce qu’il symbolise réellement, je ne peux pas le dire à un journaliste qui va le divulguer.

Ah bon ! Pourquoi ? Vous pouvez me le dire pourtant ?

(Rire). Si Dieu devrait avoir une main, c’est bien cette main qu’il aura…

C’est vrai ? Elle symbolise quoi ?

Si Dieu devrait avoir une main, c’est sur cette main-là que je me suis assis alors. Comme l’expression  La illa ha Mohamadou Rassoullah qui est apparue en Allemagne dans les arbres. C’était l’œuvre des anges. Celle-ci qui ressemble à la main, c’est l’œuvre aussi des anges, Malaka. C’est un symbole important. Il y a un chanteur du nom de Carlou D ; il va sortir une chanson qui est pleine de symbolisme. Il y fait allusion aux sept anges gardiens de Harasse. Celui qui connaît leurs noms, on lui indiquera sa maison dans le Paradis avant sa mort. Il ( Carlou D, un rappeur sénégalais : ndlr) va le sortir.

Donc, Kara est un mystique ?

Il faut dire que Kara est un artiste ; c’est tout.

Votre dernier mot ?

Je demande à tout le monde, et conformément aux recommandations de Serigne Touba, de raffermir les liens entre nous. Il nous faut raffermir davantage les liens, dans l’élégance, Ihsane. Que les journalistes, les politiciens, les hommes d’Etat, les services de sécurité, les hommes et les femmes, que chacun, en ce qui le concerne, ait la culture de l’élégance et œuvre pour ça. En plus de ça, il faut apprendre à s’apprécier et à s’entre-aider. Si on le réussit, on peut vivre dans une parfaite cohésion sociale.

Justement, vous avez entrepris des démarches auprès des politiciens comme Moustapha Niasse et autres pour un dialogue social ?

Etre ensemble avec eux, c’est un peu difficile. On peut, cependant, cheminer ensemble. C’est comme une voiture qui a des deux côtés des roues qui cheminent pourtant ensemble. C’est ainsi que le spirituel et le temporel doivent cheminer ensemble. Les deux idéologies ne peuvent pas aller ensembles. Nous, la seule idéologie qui nous nourrit est de Serigne Touba. C’est pourquoi, nous voulons qu’eux (les politiciens) essaient au moins d’adjoindre à leur idéologie, celle de Serigne Touba. Ainsi, nous pouvons cheminer ensemble. Serigne Touba nous apprend une façon d’être, de faire, de parler ; donc s’ils font comme lui, nous pouvons travailler ensemble. Mais, nous ne les rejoignons jamais dans leur idéologie. Si c’était quelqu’un d’autre que Abdoulaye Wade, nous allions devenir un parti d’opposition réel. Mais, c’est à cause de lui que nous nous sommes retenus, parce qu’il a déclaré qu’il est un disciple de Serigne Touba (il rit).

Donc, pour le moment, votre parti ne se réclame pas comme ….

(Il coupe et enchaîne avec un rire). Pour le moment non, mais on ne sait jamais. Avec le temps, on verra. L’avenir est devant nous ; tout est possible.