Le Sénégal vit une situation politique, économique et sociale 2006-2007 difficile, a révélé la Rencontre africaine pour la défense des droits de l’Homme (Raddho). Et cela passe, selon la structure dirigée par Alioune Tine, par un déficit budgétaire de l’ordre de 6%, la hausse de la facture pétrolière, le renchérissement des denrées de consommation courante, l’inflation qui est de 5%, l’émigration clandestine qui a englouti 26 000 jeunes dont 3 000 en sont morts. « Notre situation n’est pas loin de l’anomie et de la perte de sens, le Sénégal est malade et présente des organes palpables d’autodestruction du fait de l’absence d’éthique, du sens des responsabilités, de la perte de la primauté de l’intérêt général sur les carrières, l’opportunisme, la flagornerie, le clientélisme politique, les lâchetés et le ponce-pilatisme, l’indifférence etc. », lance M. Tine qui pense qu’a sonné le « moment de dire assez, ça suffit » et de « s’organiser pour trouver un remède à nos maux ».
C’est dans ce sens qu’Alioune Tine pense que cette situation interpelle, en premier lieu, les leaders d’opinion que sont les hommes politiques et les intellectuels. « Les élites politiques et intellectuelles du pouvoir et de l’opposition doivent s’exprimer publiquement sur la crise qui secoue le pays pour dire la vérité et pas ce qui arrange ou ce qui plaît au chef. Il n’est pas normal que des leaders comme Idrissa Seck, Landing Savané, Djibo Leyti Kâ, Abdourahim Agne, Iba Der Thiam, Mbaye-Jacques Diop soient totalement aphones face à la crise majeure qui secoue le pays », déclare Alioune Tine, qui qualifie la situation de fin de règne. « Le Sénégal vit une fin de règne, tous les signes manifestes sont là, il reste à assurer une fin de règne tranquille, pacifique et organisée de façon démocratique par la concertation nationale. Aujourd’hui, le pouvoir est pratiquement dans la rue. Le mauvais signal donné avec la gestion calamiteuse de l’affaire des marchands ambulants est en train de faire tache d’huile », déclare-t-il. M. Tine constate que les élites intellectuelles, intarissables pour fustiger Nicolas Sarkozy, sont devenues aphones et elles « doivent sortir de leur réserve pour ne pas donner raison à Sarkozy ». Pour lui, il faut absolument que le dialogue national soit organisé pour faire ensemble le diagnostic du mal : « C’est à nous, et à nous seuls qu’il incombe de mettre du sens à cette République qui nous échappe doucement mais sûrement ».
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