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Politique

Succession de Wade : Comment Karim à fait barrage à Idy et Macky

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Succession de Wade : Comment Karim à fait barrage à Idy et Macky
Idrissa Seck et Macky Sall étaient perçus, au moment où ils occupaient les très stratégiques postes de Premier ministre et de numéro deux du Pds, comme des dauphins présomptifs du chef de l’Etat. Mais, il fallait compter avec une appétence pour le pouvoir de plus en plus grande du fils biologique, Karim Wade, avec qui ils seront à tour de rôle en collusion. Un clash qui va compromettre leur carrière politique.

Le différend entre le président Wade et Idrissa Seck est subséquemment né de la bataille de préséance - notamment pour le contrôle des fonds politiques - entre ce dernier et Karim Wade. Alors tout puissant directeur de cabinet du chef de l’Etat, Idrissa Seck avait la haute main sur cette manne financière qui, dans l’assiette budgétaire ne doit guère dépasser 650 millions de francs Cfa mais qui était estimée à l’époque à une centaine de milliards de francs Cfa. Un dépassement jamais justifié d’ailleurs et qui proviendrait, selon certaines informations, des dons de chefs d’Etat bienfaiteurs et amis du Sénégal, principalement Arabes. Et c’est justement Idrissa Seck qui était chargé d’aller collecter cet argent. Au surplus, en sa qualité de numéro deux du Pds, il avait la haute main sur le parti du président Wade.

Tout cela gênait, manifestement, Karim Wade. Lequel, selon les confidences d’une source proche de la présidence de la République, aurait demandé au chef de l’Etat de retirer à Idrissa Seck la gestion des fonds politiques pour ne pas mettre tous les leviers du pouvoir entre ses mains. Ce que Me Wade aurait tenté de faire en décidant de confier cette charge à son fils. D’ailleurs, rappelle notre interlocuteur, Idrissa Seck le dira dans l’un de ses fameux Cd : ‘Wade m’a fait remplacer par son fils auprès des bailleurs de fonds et des autres donateurs…’. Mais Me Wade se verra opposer un refus catégorique de la part de son directeur de cabinet parce que, ès-qualité, la gestion des fonds politiques lui revient ainsi que le veut la pratique. Pour l’obliger à s’exécuter, le chef de l’Etat nomme Idrissa Seck Premier ministre. ‘Mais, ce dernier en allant à la Primature a pris le soin d’emporter avec lui les fonds politiques qu’il loge dans deux comptes au nom de la présidence de la République et de la Primature’, indique notre source.

Ainsi naîtra la polémique autour des fonds politiques entre le chef de l’Etat et Idrissa Seck pour laquelle les fameux ‘chantiers de Thiès’ et le délit d’atteinte à la sûreté de l’Etat ont tout juste servi d’alibi. Ce dernier sera destitué et emprisonné pendant six mois. A sa sortie de prison, il met à profit l’aura acquise lors de son incarcération pour poser un acte politique de taille en créant son propre parti, Rewmi. Il se présente à l’élection présidentielle et récolte 14 % des suffrages exprimés. Il arrive deuxième après Me Wade. Mais, contre toute attente, au moment où les gens lui prédisaient un avenir politique qui fleure bon, il décide de retourner au Pds après avoir gelé les activités de son parti. Depuis il attend son quitus pour rentrer dans les rangs. Mais, le président Wade s’occupe d’autre chose et ne semble pas être pressé de le faire revenir. Le comité directeur du Pds qui avait prononcé son expulsion, non plus. A Touba pour présenter ses condoléances à la famille du défunt khalife des mourides, le maire de Thiès lance un énième appel du pied à Me Wade. Sans suite jusqu’ici.

Macky Sall a eu la même expérience amère en se frottant à Karim Wade. A l’exercice du pouvoir, il n’était plus le factotum doux et obéissant que le fils du président de la République et ses collaborateurs avaient réussi à hisser à la Primature et au poste de secrétaire général national adjoint du Pds après en avoir écarté Idrissa Seck. Il avait pris de la bouteille et voulait maintenant se positionner dans la course à la succession de Me Wade. Il installe ses proches à des postes stratégiques lors des renouvellements des instances du Pds et maille l’administration. Mais Macky Sall, considéré par certains comme un Premier ministre par défaut, va s’offrir une légitimité avec la réélection du président Wade, en février 2007, dont il est incontestablement le maître d’œuvre. En tant que directeur de campagne du candidat Wade, il a permis à ce dernier de battre ses concurrents les plus sérieux notamment Idrissa Seck, Ousmane Tanor Dieng et Moustapha Niasse.

Satisfait de son travail, le président Wade fait de lui la tête de liste de la coalition Sopi en direction des élections législatives. La mission de trop aux yeux de Karim Wade et ses partisans pour qui Macky Sall était devenu une menace réelle. ‘Il fallait lui barrer la route’, souligne notre source. Et le défi de la mobilisation lancé à Me Wade par les partis de l’opposition regroupés au sein du Front Siggil Sénégal - lesquels avaient décidé de boycotter les législatives - était du pain béni pour eux. ‘Ils réussissent à convaincre le chef de l’Etat que Macky Sall travaillait pour son compte personnel et cherche, comme Idrissa Seck dans un passé récent, à lui ravir son fauteuil’, révèle notre interlocuteur. Manifestement, Me Wade est convaincu, car il décide de rester dans son palais lors de la campagne, sachant tout de même que la victoire était acquise d’avance. Il ne fera que deux sorties dont la seconde à Cambérène sera un véritable flop : il s’est fait conspuer par les habitants de cette localité. Macky Sall devra alors se battre seul. A l’arrivée, il obtient le plus bas score jamais atteint à des élections législatives au Sénégal, 34,7 %. Les proches de Karim Wade exultent. A fleurets mouchetés jusque-là, la bataille entre Macky Sall et le fils du chef de l’Etat va être frontale. Elle débouchera sur la mise à l’écart du premier qui va être limogé de la Primature et envoyé à l’Assemblée nationale. Entre temps, l’institution sera dépouillée de l’une des principales prérogatives qui échoit à son président, à savoir le pouvoir de suppléance du président de la République, lequel revient désormais au président du Sénat.

Au perchoir, Macky Sall rumine sa colère et ses adversaires le gardent à l’œil. Et dans ses moments où la méfiance entre les deux camps est totale, on ne sait quelle âme damnée lui a conseillé de convoquer l’Anoci devant une commission technique de l’Assemblée nationale. Mais, c’est la goutte de trop. Pour Karim Wade et ses proches, cet acte n’est rien de moins qu’une tentative de vengeance et une déclaration de guerre. Le chef de l’Etat s’en mêle et adresse une lettre vitriolée au président de l’Assemblée nationale pour lui signifier son désaccord. Car, pour lui, l’acte posé par Macky Sall est une défiance et un manque de courtoisie à son égard. Il lui intime l’ordre de démissionner du poste de numéro deux du Pds et de la présidence de l’Assemblée nationale. Macky Sall refuse d’obtempérer. Me Wade annule alors le poste en question, mais il a du mal à le débarquer du perchoir. Des députés sous la férule de Doudou Wade viennent à son secours et lancent une pétition contre le président de l’Assemblée. Mais Macky Sall campe toujours sur sa position. Des rumeurs sur son éventuelle traduction en justice se font de plus en plus pressantes. La société civile entre dans la danse au nom de la défense de la séparation des pouvoirs. Alioune Tine, le secrétaire exécutif de la Raddho, sera reçu par Macky Sall qui lui assure qu’il n’a rien à se rapprocher.

Désormais, Me Wade n’a plus seulement le président de l’Assemblée nationale en face de lui, mais une partie importante de l’opinion nationale. Mais, curieusement, les Sénégalais apprennent que Macky Sall a battu sa coulpe en sollicitant l’intercession du nouveau khalife général des mourides, Serigne Bara Mbacké. Il est exhibé à la télévision nationale comme un trophée de guerre. Il rentre dans le rang et accepte de se soumettre à la volonté du groupe Libéral qui devra désormais cautionner toutes ses prises de décision. Aux orties alors l’idée de convoquer l’Anoci devant l’Assemblée.

Après avoir écarté Macky Sall et Idrissa Seck - non sans l’aide de son père - Karim Wade roule maintenant en roue libre vers la succession du président de la République.



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