Ceux qui pensaient que le président de la République, Me Abdoulaye Wade, avait enterré le projet du député libéral de Kaffrine, Ibrahima Isidore Ezzan, consistant à supprimer le deuxième tour de l’élection présidentielle peuvent déchanter. La majorité a profité de la réunion, hier, entre le ministère de l’Intérieur et les partis politiques sur le Code électoral, pour remettre au goût du jour cette idée.
Le régime libéral ne démord pas dans sa volonté de supprimer le deuxième tour de l’élection présidentielle. Nonobstant la levée de boucliers que l’annonce de ce projet avait suscité, notamment au niveau de l’opposition. Les plénipotentiaires du pôle présidentiel qui participaient hier à la rencontre entre le ministère de l’Intérieur et les formations politiques sur la revue du Code électoral ont exhumé cette idée récemment agitée par le député libéral de Kaffrine, Ibrahima Isidore Ezzan, avant que le président Wade ne désavoue son député en rejetant publiquement l’idée. Mais, tout porte à croire que le Secrétaire général national du Parti démocratique sénégalais (Pds) avait reculé pour mieux sauter.
Me Amadou Sall du Pds remet la question de la suppression du 2e tour sur le tapis Autrement dit, le chef de l’Etat, par ailleurs Secrétaire général national du Parti démocratique sénégalais (Pds), est déterminé plus que jamais à faire avaliser par l’Assemblée nationale ce fameux projet. Mais il risque de se heurter à l’opposition qui ne compte pas laisser passer un tel projet qu’elle juge « antidémocratique ». Comme le confirme d’ailleurs une source qui a assisté à la réunion d’hier. Et qui estime que « le régime est en train de faire de la propagande pour la suppression du deuxième tour de la Présidentielle ». Notre interlocuteur souligne que c’est Me Amadou Sall du Pds qui a été le premier à soulever la question, appuyé en cela par des représentants de partis de la mouvance présidentielle Salla Diop Mbaye du Front populaire de Bacar Dia et Tidiane Ly du Parena de Marème Wane Ly. « C’est extrêmement grave. On n’avait pas discuté de ça. Le deuxième tour de la présidentielle est un acquis fondamental de notre démocratie parce que nous avions dit que, pour crédibiliser le système démocratique, la majorité absolue ne suffit pas, il faut qu’il y ait également le quart des électeurs inscrits. C’est ça dont ils ont peur. Ils ont peur de ce quart bloquant parce qu’ils savent qu’avec ce dernier, un deuxième tour est obligatoire. Pour revenir sur ça, ils disent que maintenant on supprime le deuxième tour de la présidentielle pour faire un seul tour : le raw gaddu », poursuit notre source.
L’idée n’a pas été retenue dans le toilettage du Code électoral Ces révélations de notre source sont largement confirmées et partagées par Ousmane Badiane, chargé des élections de la Ld/Mpt et Coordonnateur du Comité des plénipotentiaires de la Coalition populaire pour l’alternative (Cpa). Il pense que « ce ne serait plus démocratique qu’on supprime le deuxième tour de la présidentielle. Le président Wade a été élu sur la base des acquis démocratiques. C’est le deuxième tour qui lui a permis de pouvoir faire le ballottage avec le président Diouf. Ce n’est pas parce qu’il est aujourd’hui au pouvoir et qu’on va vers des scrutins, qu’il doit dire qu’on va supprimer le deuxième tour. Si on le fait, les Sénégalais ne vont même pas l’accepter. Ce serait un recul démocratique extrêmement grave ». Le coordonnateur du Comité des plénipotentiaires de la Cpa tient néanmoins à rassurer les Sénégalais : « cette idée n’a pas été retenue dans nos conclusions. Dans le document qu’on va remettre au ministre de l’Intérieur, on n’a pas aussi retenu cela ». Même s’il se dit convaincu que « le Sénégal s’oriente vers le contentieux le plus grave de son histoire politique ». Revenant sur ladite rencontre, Ousmane Badiane déclare : « C’est une réunion que le ministère de l’Intérieur avait convoquée avec les partis. Elle portait sur la revue du Code électoral. Entre 1984 et 1985, il y avait une Commission technique pour la revue du Code électoral. L’objectif de la rencontre était d’adapter ces textes à la réalité d’aujourd’hui. C’était une réunion très intéressante ».
« Le Sénégal s’oriente vers le contentieux le plus grave de son histoire politique » Le « jallarbiste » de révéler qu’ils ont travaillé sur « la base du rapport de synthèse qui avait dégagé les points de consensus lors de la dernière réunion. Maintenant, ce travail-là sera remis au ministre de l’Intérieur à l’occasion d’une cérémonie officielle où tous les partis seront représentés ainsi que l’administration. Et au cours de cette cérémonie, on va lui rendre compte des résultats auxquels nous sommes parvenus ». « La réunion s’est très bien passée. C’était dans un esprit d’ouverture. Il y a des questions sur lesquelles la réflexion reste ouverte. Tous les amendements seront intégrés dans le rapport », conclut M. Badiane. De son côté, Cheikh Guèye, le Directeur général des élections, indique qu’« il s’agissait tout simplement de valider un document provisoire qui avait été l’objet de revue du Code électoral. Les gens ont discuté par rapport à la situation nouvelle et à beaucoup de choses qui se sont passées. Certains points ont été améliorés. D’autres points ont été remis en cause. C’est normal dans une réunion de ce type-là ». Avant de poursuivre : « L’atmosphère de la réunion était bonne, les gens ont agi et réagi en responsables. On sentait un esprit positif et constructif pour aller de l’avant, j’allais même dire un esprit patriotique ».
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