
Dans le cadre d’une tournée qui le mènera dans différents pays d’Afrique de l’ouest et en Afrique Centrale, le leader du Parti pour le Renouveau Centrafricain est de passage à Dakar. Tahéruka Shabazz veut sensibiliser l’élite africaine sur le conflit qui ravage depuis plus d’un an la Centrafrique. Candidat à la prochaine élection présidentielle du pays qui se tient en 2015, il parle avec Seneweb News des grands axes de sa campagne sans oublier de dresser un bilan un peu plus critique des cent jours de Cantherine Samba Panza. Entretien.
Quel bilan feriez-vous des cent jours de Catherine Samba Panza à la tête de la transition centrafricaine ?
Le bilan des 100 jours de Panza est assez difficile à tenir puisqu’elle-même quand elle était en situation de le faire n’a pas pu le faire. Elle a simplement présenté ce qu’elle aurait voulu faire. Si j’ai une critique à faire à Mme Panza c’est son manque de fermeté. Et, c’est dommage parce que c’était la première fois qu’une femme en Centrafrique accédait à un tel poste et c’était un gros message pour les femmes. Beaucoup l’ont regardé comme étant une femme et non un président en se disant que si elle échoue ce serait un point négatif pour les femmes. Nous regrettons qu’elle ait fait preuve de tant de laxisme vis à vis d’hommes qui ont clairement montré leur hostilité pour la paix dans le pays. Il y a dans le cabinet de Samba Panza des gens qui sont des ennemis déclarés de la paix en Centrafrique. Nous ne les citerons pas mais ce sont des hommes qui, un jour, sont dans la rébellion et demandent la partition et un autre, sont du côté du président. Cette manière de faire de la politique n’est pas la meilleure pour amener le pays vers la réconciliation. Je pense qu’à un moment donné il faut taper du poing sur la table et négocier avec ceux qui sont disposés à faire des concessions et qui sont modérés dans leurs propos. Mais que ceux qui sont têtus, hostiles doivent être considérés comme des ennemis de la nation. Je pense que si Mme Panza avait été plus sévère sur ce point son bilan aurait été plus intéressant. Actuellement elle est contestée de toutes parts, même de ses soutiens dans la communauté internationale.
Y-a-t-il eu des changements depuis qu’elle a commencé à diriger la transition ?
Nous aurions bien voulu qu’il y ait des changements mais malheureusement la population centrafricaine est un peu essoufflée. Elle est prise en otage par les différents groupes armés et celles-ci font la pluie et le beau temps actuellement. On vit un peu selon les desiderata de ces groupes armées. Et en plus de mettre les gens en coupe réglée, elles n’ont pas vraiment une parole sure. En juillet dernier, s’est tenu le forum de Brazzaville au cours duquel a été signé un accord de paix entre les belligérants et milices anti-balakas. Mais aussitôt qu’il a été signé, il a été violé par les partisans de la Seleka qui ne reconnaissaient pas cet accord. Depuis que Samba Panza est au pouvoir on n’a pas vu d’évolution notable au niveau de la Centrafrique. C’est vrai qu’elle a beaucoup de contacts à l’extérieur mais au sein du pays on n’a pas la paix.
Vous êtes candidat à la prochaine élection présidentielle. Et vous êtes le président d’un nouveau parti politique, dans quel contexte a t-il été mis sur pied ?
Il s’agit du Parti pour le Renouveau centrafricain. Comme son nom l’indique, il a pour vocation de soutenir l’idéologie panafricaniste. Il a été fondé en décembre 2013, à l’époque, j’étais un universitaire. Nous savons qu’au Sénégal il y avait un nouveau concept mis en avant par le groupe Y’en a marre pour parler du nouveau type de sénégalais disons que le PRP c’est le nouveau type d’hommes politiques en Centrafrique. Initialement, c’est un mouvement citoyen mais nous avons compris que pour pouvoir influer sur la vie centrafricaine, il est incontournable de se structurer en parti politique pour pouvoir se présenter aux prochaines élections en 2015.
Quel est le but de votre visite au Sénégal ?
Nous sommes en tournée africaine pour plaider la cause de la centrafricaine et pour parler à la communauté ouest africaine. Depuis un an et demi, il y a une grande crise qui frappe la Centrafrique et nous voulons faire en sorte que cette crise soit résolue le plus rapidement possible et nous savons que le Sénégal compte beaucoup dans la diplomatie africaine et nous comptons sur cela pour faire entendre notre cause.
Qui avez-vous rencontré au Sénégal dans le cadre de votre tournée ?
Nous avons rencontré des hommes influents mais je pense qu’il serait inopportun de donner leurs noms. Mais retenez qu’il y a parmi eux des hommes d’affaires, des politiques et surtout la presse.
Le conflit en Centrafrique est surtout d’ordre religieux, comment se passe la cohésion entre les chrétiens et musulmans au sein du PRP ?
La question religieuse est assez délicate en Centrafrique en ce moment. Nous n’avons pas de problème à dire notre religion mais nous ne voulons pas confessionnaliser la politique. C’est quelque chose d’assez dangereux. L’histoire nous l’a montré avec le cas de la Birmanie. Et on a assisté à une extermination de la population birmane musulmane. Que l’on soit musulman, bouddhiste ou catholique, à partir du moment où on cherche a se reclamer d’une quelconque religion, tous les actes que l’on pause seront mis sur le dos de cette religion. En Centrafrique, les seuls groupes où ils existent des problèmes de religion ce sont les groupes armés. Et je dirai même ce sont les têtes d’affiche de ces groupes armés. Et même au sein de ces groupes, ce n’est pas si homogène que cela. Cette conception selon laquelle il y a des pro-chrétiens d’un côté et pro-musulmans de l’autre est une vision purement médiatique occidentale. C’est beaucoup plus simple au regard de ce qui se passe en Iran, en Irak ou en Palestine de lire les choses sur une grille confessionnelle. Ce n’est pas le cas en Centrafrique, il n’y pas de guerre religieuse dans notre pays. Et pour eux qui voient les choses de manière beaucoup plus sociologique, les milices Selekas qui ont déferlé sur le pays en 2013, ce sont des groupes tchadiens et soudanais du Darfour. Ce sont des gens qui ont commis des crimes dans leur pays d’origine et sur des populations musulmanes. Quand ces crimes ont été commis personne n’a dit que ce sont des crimes antimusulmans. Si on prend le cas des anti-balakas qui sont sensés être des chrétiens ils sont composés pour la majorité de miliciens de Bemba, des rebelles congolais qui ont commis des exactions dans leur propre pays sur une population chrétienne. Cette lecture simpliste et très dangereuse n’est pas la réalité. Par contre, la réalité est qu’on a vu des chrétiens et des musulmans assassinés. C’est une des conséquences de la crise et non pas la cause la crise.
Donc vous voulez dire que la crise religieuse en Centrafrique est montée de toute pièce par l’Occident ?
En tout cas elle est présentée ainsi. Les gens comme les anti-balakas sont des gens qui sont manipulés et qui ont des intérêts personnels dans cette crise. Ils sont soutenus par des gens puissants venus de l’extérieur. D’ailleurs si vous regardez les revendications de ces milices il n’y a rien de confessionnel. A la conférence de Brazzaville, il n’y a eu aucune revendication d’ordre religieuse de part et d’autre. La Séleka a demandé la partition du pays comme préalable et les anti-balakas ont demandé davantage des leurs dans le gouvernement. On sait que des mouvements qui se revendiquent religieux mettent en avant des revendications d’ordre religieuses. Si on regarde les choses de façon géopolitique, du Nigeria au golfe de Guinée, les mêmes phénomènes et les mêmes troubles se reproduisent. Il y a des milices qui se créent, LRA chrétienne en Ouganda, Boko Haram au Nigeria. Il y a une planification qui est entrain de se faire en Centrafrique. C’est tout comme l’apparition d’ Ebola avec des taux de mortalité à 90%. Cela relève clairement de manipulations génétiques sur le virus. Récemment, il y a eu treize personnes en RDC déclarées victimes d’une souche différente d’Ebola notée en Afrique de l’Ouest. Tout cela parait bizarre à un moment où dans les états-majors des pays occidentaux il y a des plans de refondation et de redéfinition des frontières africaines. Tout cela relève d’une planification qui dépasse nos petits partis politiques et nos petites rebellions africaines.
En tant que candidat à l’élection présidentielle, comment comptez-vous sortir le pays de la crise ?
Le panafricanisme est bien plus pour nous qu’un simple programme c’est une idéologie. Si aujourd’hui, nous sommes indépendants c’est parce qu’il y a eu des hommes comme Sékou Touré, Kwamé Krumah, Thomas Sankara, etc qui ont eu une idéologie qui leur a permis de se libérer et c’est le panafricanisme. Le panafricanisme c’est une pensée. Ce que nous proposons aux centrafricains comme alternative c’est une vision de civilisation, un projet de société qui englobe toutes les structures. Nous avons reformulé le panafricanisme en lui donnant plus d’épaisseur à travers une doctrine sociale,économique et culturelle.Et, nous mettons au cœur de notre pensée le capital humain. Si nous voulons être un peuple respecté, élevé il faut revoir le statut que l’on donne à la femme dans la société. Et dans la notre,les femmes n’ont pas accès au service sociaux, à la santé, etc. Et des femmes qui ne sont pas dans les conditions ne peuvent pas mettre au monde des hommes intellectuellement bien assis.
Que comptez-vous faire pour la réconciliation de la population ?
Dès que nous avons vu l’état de délabrement de la population centrafricaine, nous avons pris contact avec le ministre de la réconciliation Mme Antoine Montaigne. Et nous lui avons soumis au nom du PRP une feuille de route de sortie de crise. Malheureusement cela n’a pas été suivi car il y a eu un remaniement ministériel et la ministre en question a été démis de ses fonctions. Notre projet de réconciliation est actuellement dans les tiroirs du ministère. Mais toujours est-il que nous avons une base qui se trouve dans l’est de la capitale où nous menons une activité agricole des jeunes. Nous remettons au travail des jeunes qui ont été attirés par la délinquance, la violence, les armes. Nous pensons qu’en les remettant au travail nous pouvons plus facilement renouer des institutions qui ont été brisées par cette guerre..
Quelles actions a eu à mener le PRP en faveur de la paix en Centrafrique ?
Nous n’avons pas encore reçu le récépissé de notre parti donc ce serait un peu prétentieux et faux de notre part de dire que nous somme assez connus. Mais en revanche notre activité au niveau des jeunes et des femmes a du résultat. A Bimbo, ou à Nola où nous sommes suffisamment implantés, nous avons organisé un forum des jeunes qui a eu un grand succès avec plus de 2000 personnes présentes.
Youssou Ndour a fait une chanson avec Idylle Mamba en faveur de la paix en Centrafrique. Est-ce que cette chanson a eu un impact auprès des populations ?
La Centrafrique a été très touchée, parce que Youssou NDour a été le premier chanteur de dimension internationale à s’intéresser au conflit centrafricain. C’est vrai que l’accès à internet dans le pays reste difficile mais toujours est-il que cela a été bien relayé. Les populations ont bien accueilli la démarche du chanteur car il y a beaucoup d’artistes africains mais il a été le premier à le faire. Cela montre qu’il y a des frères africains qui s’intéressent à notre sort et qui veulent mettre la main à la patte. Il a montré la voie et on espère que cela aura un impact positif auprès d’autres artistes. Cela montre aussi que nous ne sommes pas seuls et qu’il n’y pas que des blancs dans des Ong qui s’intéressent à notre sort.
Entretien réalisé par Seneweb.com
26 Commentaires
Xeme
En Août, 2014 (08:36 AM)Lebaolbaol
En Août, 2014 (09:29 AM)Ndiaganiao
En Août, 2014 (10:09 AM)Liberez les otages politique
Mboure
En Août, 2014 (10:12 AM)They sounou sénégal foumou dieum niiiiii
Senegal En Danger
En Août, 2014 (10:31 AM)@senegal En Danger
En Août, 2014 (11:03 AM)Nour
En Août, 2014 (11:52 AM)Nour
En Août, 2014 (11:54 AM)Maan
En Août, 2014 (11:57 AM)Nour
En Août, 2014 (11:58 AM)Nour
En Août, 2014 (12:00 PM)Nour
En Août, 2014 (12:03 PM)Nour
En Août, 2014 (12:06 PM)Nour
En Août, 2014 (12:09 PM)Kalkulart
En Août, 2014 (12:13 PM)Aimer son pays commence d'abord par aimer son prochain
Aimer son pays commence d'abord par croire en l'avenir, car toi même périras.
Seigneur qu'est ce que la vie d'un homme sur mille ans? Seigneur mille ans passe à tes yeux comme la seconde que je viens par mon souffle dépasser et ne plus pouvoir rattraper.
Nour
En Août, 2014 (12:18 PM)Fall
En Août, 2014 (12:28 PM)Fall
En Août, 2014 (12:40 PM)Fall
En Août, 2014 (13:03 PM)Fall
En Août, 2014 (13:07 PM)Mais Sidy Lamine, cette fois-ci, a franchi le rubicond en tirant un peu trop sur la corde qui, depuis des lustres, maintient la cohésion qui vaut à la société sénégalaise d’être un modèle de stabilité non pas seulement politique, mais sociale. Il serait dès lors facile et d’autant plus grave pour nous journalistes de nous vautrer dans le confort d’un sacro-saint corporatisme pour passer sous silence la dernière sortie de Sidy Lamine Niasse qui s’apparente soudain à une certaine « christianophobie » par opposition à l’islamophobie contre laquelle on tente tant bien que mal de lutter à travers le monde. Pour moins que cela, en Centrafrique, à quelques heures d’ici, à vol d’oiseau, la stigmatisation entre communautés religieuses a conduit à un drame qui se déroule encore sous nos yeux.
Aussi, ce sont moins les attaques de Sidy Lamine, quoique graves, contre la première personnalité de l’Etat représentée en l’occurrence par le Président Macky Sall que sa diatribe contre le clergé sénégalais qui est inquiétant. Quand on sait à quel point les sentiments religieux sont omniprésents dans l’imaginaire collectif et que c’est sur cette base solide que repose l’âme des masses… A moins d’être amnésiques, les masses que Sidy Lamine invoque d’ailleurs dans une envolée qui se veut pro-pauvres, se rappellent sans doute encore, lorsqu’en 2009, le même Sidy Lamine Niasse qui prenait fait et cause pour le Monument de la Renaissance qui aura coûté quelque 18 milliards de nos malheureux deniers, visait à établir que l’Islam bannit les statues qu’on adore, « mais pas celles que l’on contemple pour leur beauté », qui en plus génèrent des devises pour la Nation.
Plus prosaïque, si l’entente entre les communautés religieuses au Sénégal est séculaire, la sortie de Sidy Lamine n’est pas sans rappeler la fragilité de ce ciment à travers des cas de discrimination ou d’abus sociétaux liés à l’affiliation, la croyance ou la pratique religieuses qui ont été récemment notés. Cent soixante tombes ont été vandalisées dans les deux principaux cimetières chrétiens de Dakar ; les responsables des églises avaient indiqué que ces actes se sont déroulés sur plusieurs mois. En octobre 2012, l’Archidiocèse catholique de Dakar a signalé que des crucifix avaient été arrachés sur des tombes et des statuettes et autres objets en bronze volés. En décembre de la même année, des vandales sont entrés dans une église catholique, dans une banlieue de Dakar et ont vandalisé une statue de la Vierge Marie.
Faut-il rajouter à ces actes d’un autre temps, des déclarations d’autant plus préoccupantes qu’elles jettent délibérément l’opprobre sur la deuxième communauté religieuse dans notre pays et dont l’insigne respectabilité dépasse le nombre de ses membres. Une communauté pas moins sénégalaise que Sidy Lamine, loin s’en faut et qui, au demeurant, a produit un de ses illustres fils qui a pu donner une structure et gouverner le Sénégal, majoritairement musulman, pendant vingt ans sans conflits religieux et dont on est tous fiers.
Fall
En Août, 2014 (13:08 PM)Fall
En Août, 2014 (13:15 PM)Fall
En Août, 2014 (13:20 PM)Avarro
En Août, 2014 (13:57 PM)Reklama w internecie
Weukh Deug Rek
En Août, 2014 (15:40 PM)C'EST IMPOSSIBLE AUX CENTRAFRICAINS DE S'ELEVER A CE NIVEAU : AUCUN SENTIMENT NATIONAL , ETHINICISME EXACERBE ; SEPARATISME RELIGIEUX A FLEUR DE PEAU ET ABSENCE TOTALE DE CULTURE DEMOCRATIQUE :::::ETC :::::: NON MON CHER ! MAIS IL FAUT CONTINUER A ESPERER , MAIS IL FAUT LAISSER TRANQUILLES SINGES ET CHAUVE SOURIS !! BON COURAGE !!!
Maat
En Août, 2014 (23:31 PM)Participer à la Discussion