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Politique

Talla Sylla, Jëf-jël, sur les agressions contre la presse : Avec Wade, tout citoyen est une victime potentielle

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Talla Sylla, Jëf-jël, sur les agressions contre la presse : Avec Wade, tout citoyen est une victime potentielle

Le 9 août dernier, des Sénégalais d’Amérique ont mis en place, à New York, un Comité d’initiative provisoire pour les Assises nationales. C’était en présence du leader du Jëf-Jël, venu de Chicago pour l’occasion. Difficile d’accrocher cet homme, qui se considère comme membre de la Diaspora à l’agenda chargé et qui fait le tour des Etats-Unis. Toutefois, Talla Sylla a pu trouver le temps de se prononcer sur l’actualité au Sénégal, notamment la recrudescence de la violence contre les journalistes, les motifs de ses tournées en Amérique, la vie de son parti le Jëf-Jël et du Sénégal. A son avis, le chef de l’Etat prépare un «Krim contre la République». Ainsi, Talla Sylla «rebaptise»-t-il le fils du Président, considérant que le «a est trop lourd pour son nom».

Vous étiez dimanche 9 août dernier, à New York pour la mise en place du Comité d`initiative provisoire pour les Assises nationales. A quel titre avez-vous fait le déplacement et quelles sont vos attentes par rapport à cette structure ?
J’ai participé à cette rencontre en tant  que membre du Bureau des Assises nationales. Nous attendons de cette structure qu’elle coordonne la participation de nos compatriotes établis aux Etats-Unis à ce processus salvateur, conformément aux dispositions pertinentes régissant les Assises nationales.
On constate que vous êtes pratiquement en tournée aux Etats-Unis, ces derniers mois. Quel est l’objet de vos séjours dans les différents Etats ?
A chaque séjour, son objet. Il y a une année, c’était pour des raisons de santé. Aux mois de février-mars, c’était suite à l’invitation du Département d’Etat. Le mouvement Wallu Senegaal, la transmission de nos sentiments démocratiques et républicains à Wade, la préparation de la Conférence internationale sur la politique africaine des Etats-Unis, en tant que président du Comité d’organisation et de pilotage du Congrès africain pour la démocratie et le développement, sont entre autres les raisons de ces déplacements.
Ces déplacements et séjours ont un coût. Peut-on savoir où Talla Sylla tire ses finances pour se permettre d’organiser ses voyages qui sont à la limite des tournées, d`autant qu’on ne vous connaît pratiquement pas d’emploi ? Comment parvenez-vous à faire ces déplacements de par le monde ?
Aucun salaire, aussi faramineux soit-il, à moins d’être carrément «wadien»,  ne peut assurer le financement d’activités nationales et internationales de grande ampleur.  C’est en fonction de son objet qu’on peut comprendre les sources de financements d’une activité.  A activités diverses, financements variés. De plus, il y a des patriotes sénégalais qui croient en ce que nous faisons et qui nous apportent leur soutien.
Qu’est devenue la Fondation Toto que vous gériez au Mali ?
Elle poursuit tant bien que mal son chemin.
C’est-à-dire…
Il n’y a rien d’exceptionnel au niveau de la Fondation Toto Diarra. Elle fonctionne. Je n’en parle pas beaucoup. Les gens ont tenu à ce que je la dirige pour respecter la dimension panafricaine de Toto. Ils n’ont pas voulu qu’un Malien dirige la Fondation et parmi ceux pressentis, j’étais la personne la plus proche de Toto. Tout le monde sait que j’ai le plus profond respect pour sa mémoire.
N’utilisez-vous pas le réseau de cette fondation à des fins personnelles?
Non ! Je n’ai pas eu recours à cette Fondation pour me faire un nom. Pourquoi devrais-je le faire maintenant ? Et qui me connaît, sait que je ne suis pas homme à utiliser quoi que ce soit à des fins personnelles. Ce sont des pratiques qu’on peut imputer à d’autres ; pas à moi.
Je n’ai jamais voulu installer jusqu’ici une section de la Fondation au Sénégal, parce que je fais de la politique. On préfère faire nos actions au Mali et dans d’autres pays. Tant que je serai à la tête de la Fondation et que je ferai de la politique au Sénégal, il n’y aura pas de section de la Fondation au Sénégal, et c’est justement pour ne pas l’utiliser.
Au début du mois d’août, l’Assemblée nationale et le Sénat réunis en Congrès ont voté le changement de l’article 27 de la Constitution, faisant ainsi passer le mandat du président de la République de 5 à 7 ans.
Comment l’appréciez-vous, en sachant que les constitutionnalistes affirment et persistent que seule la voie référendaire pouvait permettre un tel changement ?
C’est une énième manifestation d’un même phénomène : le coup d’Etat permanent. La prorogation du mandat des députés, les reports incessants d’élections procèdent de la même logique de confiscation de la souveraineté du peuple par Wade et son  Krim de fils.
Qu’en est-il de l’argument selon lequel ce changement concerne le prochain président de la République du Sénégal ?
Wade prépare son «Krim» ; son projet et ses arguments sont «kriminels». «Krim contre la République» est le nom de code de cette opération savamment orchestrée. Le reste n’est que de la poudre aux yeux. Mais, il saura qu’on ne peut pas imposer un dauphin illégitime à 11 millions de citoyens. Le Sénégal n’est pas une marque déposée des Wade.
Comment appréciez-vous la préséance du Sénat sur l`Assemblée nationale lors de ce Congrès ?
Pour ces gens-là, la souveraineté appartient à Wade et non au peuple. Il se prend pour le propriétaire du Sénégal. Normal qu’il veuille le léguer à qui il veut, comme il veut. C’est comme cela qu’il faut comprendre les actes qu’il pose.
Lors du vote de cet article 27, il y avait une absence remarquée : celle du député Mously Diakhaté.
Que faire dans une séance où le Parlement veut se substituer à la nation pour prendre des décisions qui sont du seul ressort du peuple ?
N’était-ce pas là un moment important pour marquer la position de votre parti ?
C’est un choix. Ce n’est pas la première fois. Et le Parlement n’a pas à discuter de cela. Ce n’est pas de sa responsabilité, car c’est celle du peuple par référendum. On ne peut pas dire que c’est une question qui ne peut être discutée que par le peuple. Aller en discuter au Parlement, c’est accepter d’être minorisé et ce n’est pas une question de majorité ou de minorité dans le Parlement. C’est une question de principe. (…) Donc, aller au Parlement, c’est quelque part, se faire complice.
Qu’est-ce qui explique les différents départs des instances de décision du Jëf-Jël de Moussa Tine, Benoît Sambou, Moussa Sow ? Ces militants ont rendu leurs tabliers pour ne rester que de simples militants, après avoir porté le Jëf-Jël à bout de bras.
Ils savent ce qu’ils font. Je prends acte et respecte leur volonté.
C’est tout ?
Nous nous connaissons tous, parce que c’est un compagnonnage de longue date. A chaque fois que l’un d’entre eux pose un acte, il sait bien ce qu’il fait. Moi, j’ai été amené à démissionner de plusieurs organisations, à démissionner deux fois du Parlement. Donc, je ne peux pas me donner une liberté que je ne reconnais pas aux autres.
En avez-vous discuté entre responsables ?
Oui. On en parle en interne. C’est pourquoi, ils savent ce qu’ils font. Ils pouvaient démissionner du parti, et pourtant ils ne l’ont pas fait. Ils ont des raisons précises ; chacun sait ce qu’il fait. D’ailleurs, la démission de Moussa Tine, c’était avant les législatives. Pendant les législatives, quand j’ai été malade, c’est lui qui a dirigé la campagne.
 Pouvez-vous revenir en détail sur les évènements de Chicago avec l’agression de Souleymane Jules Diop ?
Wade a voulu se pavaner dans cette rencontre de journalistes américains pour disserter sur le réchauffement de la planète ; nous avons tenu à lui parler du refroidissement de la marmite culinaire au Sénégal. Ceci dans un contexte de tension avec les journalistes sénégalais. La communauté sénégalaise de Chicago s’est chargée de l’organisation de la manifestation qui a enregistré la présence remarquée d’African New Vision de Bocar Bâ, du Comite d’initiative pour la gestion du Sénégal, de Samba Kara Ndiaye, du Front Siggil Senegaal, de Souleymane Jules Diop. Le reste était une affaire de stratégie rondement menée et qui a donné les résultats escomptés. Le but de ce rassemblement des victimes de Wade était de démontrer que la violence règne en... maître dans les rapports entre le pouvoir et les citoyens debout.
 Les hommes du Président Wade estiment que Souleymane Jules Diop «s’en est bien tiré» avec l`aide de la police de Chicago…
Accusés de cannibalisme au Sénégal, ils étaient venus ronger des os de journalistes à Chicago. C’est le monde qui découvrait enfin la nature véritable de ce régime violent et liberticide.
 Au lendemain de cette agression, le Président Wade s’est prononcé sur BBC sur sa succession en dressant le profil de son successeur qui semble correspondre à son fils, selon certains commentaires.

Qu’en dites-vous ?
Que sa détermination à installer le «Krim» dans notre pays va rencontrer une détermination irrésistible de la part des patriotes et démocrates. Faire face au «Krim» avec une énergie à la mesure de leur arrogance. Si Wade ne range pas aux oubliettes son dessein monarchique, il devra passer sur nos cadavres pour jouir de son machiavélisme.
 Le coût de la vie reste élevé au pays, sans une hausse consécutive des revenus. On a vu, en Côte d’Ivoire, les populations contraindre le gouvernement à reculer pour une simple hausse du coût de l’essence. Comment expliquer la passivité des populations et de l’Opposition ?
Les Sénégalais ne sont pas passifs. Ne confondons pas un peuple silencieux avec un peuple qui se tait. Le 21 octobre 2007, les marchands ambulants ont fait trembler le «trône». D’autres factions de la population sont capables de soulèvements plus importants. C’est un peuple pacifique et patient. Mais quand la terre tremblera sous les pieds de ces apprentis dictateurs, ils perdront leur suffisance et leur arrogance et ne devront leur salut qu’à la magnanimité légendaire du peuple sénégalais.
Le Président Wade, après avoir donné des demandes d’explications à ses ministres, a limogé celui du Budget et a convoqué un Conseil des ministres inhabituel, et depuis rien…
 C’est un aveu d’impuissance et de malgouvernance. Pour peu que l’on soit doté de bon sens, on constate à suffisance que Wade n’est là que pour servir les intérêts d’un groupuscule de mafiosi. Il est pire que Don Corleone.
Les locaux des journaux L’As et 24 Heures Chrono ont été agressés par des nervis, juste quelques heures après les menaces écrites proférées par Farba Senghor contre et ces deux quotidiens d’informations…
Ce qui s’est passé avec ces nouvelles agressions terroristes de la part des nervis du régime prouve, à suffisance, que ces gens ne rigolent pas. Il faut donc arrêter de rigoler avec eux. Il faut s’organiser pour faire face, mettre un terme à ces agissements, faire front contre le «Krim». Seul un Front populaire pourra sauver le Sénégal, en l’arrachant des griffes de ces fossoyeurs de la démocratie et des libertés. Il convient de faire tomber les cloisons artificielles dressées entre les citoyens de bonne volonté pour restaurer l’espoir, sinon chacun aura son jour de malheur tant que l’impunité régnera en... maître.
Chacun est concerné et doit prendre ses responsabilités. Si chaque fois qu’on agresse quelqu’un, les autres se posent en observateurs, spectateurs, ils se préparent à être les prochaines victimes. Au Sénégal, tant qu’on aura un régime liberticide et violent, chaque citoyen est une victime potentielle. Il faut que les Sénégalais mettent un terme définitif à l’impunité pour se protéger et protéger la société sénégalaise.
D’où peut venir le déclic pour déclencher cette révolte ?
Ma conviction est que la seule chose qui nous manque aujourd’hui, c’est l’organisation. Wade a déçu les Sénégalais. C’est cette déception qui fait que l’on confond l’attitude des Sénégalais à de la passivité. Les Sénégalais s’interrogent aujourd’hui par rapport aux leaders. Ils n’ont plus envie de vivre la même expérience que celle qu’ils ont vécue avec Wade. Ce qui explique leur prudence à s’engager dans des actions qui peuvent ressembler à de la politique. Notre rôle aujourd’hui de leaders, est de dégager la voie et de montrer des perspectives.
En quoi faisant ?
Par exemple, lancer un appel pour la mise en place de ce mouvement Wallu Senegaal pour sauver le Sénégal. Les Sénégalais de l’Extérieur sont en train de s’organiser. Il y a des organisations politiques, syndicales, professionnelles, de défense des droits de l’Homme au Sénégal. Chacune d’elles est aujourd’hui concernée par la question de l’impunité. Alors, il faut que les gens prennent une initiative. Etant politique, si je prends l’initiative d’appeler à la constitution d’un mouvement Wallu Senegaal pour sauver le Sénégal, un mouvement social et citoyen, certains n’hésiteront pas à mettre en avant le fait que celui qui a lancé l’appel est un membre d’un parti politique. Or, ce n’est plus là la question. C’est pourquoi, il faut faire abattre les cloisons artificielles dressées entre les citoyens de bonne volonté. Ils ont réussi à dresser ces cloisons entre nous pour nous pousser à ne pas nous organiser. Et on ne pourra agir que si l’on s’organise.
Les mêmes Sénégalais qui se battaient contre le régime socialiste, ce sont les mêmes au Sénégal, qui se battent dans les stades pour les Navétanes, qui réagissent quand ça les intéresse, se mobilisent pour aller voir un match de football, aller dans les shows, les cérémonies religieuses. Ce sont eux qui sont capables de se mobiliser pour quelque chose. Maintenant,  notre rôle est de rendre évident le lien qui doit exister entre notre appel et leur situation.
Seulement, l’impunité règne en maître…
S’il n’y avait pas cette impunité-là, tous ces gens qui acceptent d’être les hommes de main, les nervis au service de commanditaires tapis dans l’ombre, ne l’auraient pas accepté parce qu’ils sauraient qu’ils se retrouveraient derrière les barreaux. C’est pourquoi, chaque Sénégalais doit pouvoir comprendre un appel lancé pour qu’on mette un terme à cette impunité. Me servant de ce qui m’est arrivé, j’ai lancé un appel depuis des années aux Sénégalais pour leur expliquer que ce n’est pas l’affaire Talla Sylla, mais celle de tous les Sénégalais, car tant qu’il y aura cette impunité, chaque Sénégalais est en danger. Et chaque jour, on le découvre avec ce qui s’est passé avec L’As et 24 Heures Chrono.
La situation est devenue inquiétante aujourd’hui, surtout que la mise à sac de ces rédactions a été précédée de menaces écrites et proférées par un ministre de la République…
Ils ont commencé par de petits larcins ; ils finissent par voler des milliards. Cette violence est une tendance lourde liée à la nature du régime que nous avons dans ce pays. Cela fait des années que nous le dénonçons et que les gens ne nous entendent pas,  préférant voir ce qui est accessoire en nous qui en parlont. Au lieu de réfléchir aux contenus des propos, les gens se limitent à qui est en train de parler ; et celui qui parle, c’est Bathily, c’est Alioune Tine, ou telle autre personne. On ne se préoccupe pas du contenu du discours ou de l’alerte qui est lancée, on se limite à la formule de l’autre qui disait que «la formule qui fera exploser le monde sera moins militaire qu’on le croit. Ce sera rendre nécessaire ce qui n’est qu’accessoire». Ce qui s’est passé dépasse l’entendement, mais c’est l’occasion de s’en servir pour alerter tous les citoyens de bonne volonté. Il est temps que l’on s’organise, que l’on mette en place un front populaire pour mettre un terme définitif à l’impunité. Aujourd’hui, quel que soit le régime qui est en place, quel que soit l’agresseur, qu’il soit dans la société civile, au pouvoir, dans l’opposition, il faut créer les conditions pour avoir une justice saine et indépendante, faire en sorte que demain, de telles choses ne puissent se répéter.
Comment interpréter le silence de la Justice ? On n’a pas vu le procureur de la République réagir suite aux menaces de Farba Senghor, même si on parle d’une enquête ouverte suite aux agressions contre L’As et 24 Heures Chrono, cibles du ministre en question…
Dans le cadre de la tentative d’assassinat dont j’ai été victime, une enquête a été menée. Les gendarmes ont donné leurs conclusions, désigné les coupables. Mais qu’est-ce qui s’est passé par la suite ? Tout le monde sait que, dans ce pays où le Parquet est contrôlé par le ministère de la Justice qui dépend du Premier ministre dépendant du président de la République, lui-même chef d’un parti politique violent, il ne peut y avoir de justice saine et indépendante (…)
Ne craignez-vous pas qu’on en arrive à une justice populaire ?
Ce sont les deux extrêmes à éviter. Les deux mènent au chaos. Entre les deux maux, on ne va pas choisir le moindre, mais combattre les deux. Il nous faut mettre en place un front populaire, non pas pour faire de la vendetta, mais pour exiger la mise en place de conditions pour une justice saine et indépendante, la fin de l’impunité.



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