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Vendredi 01 Juin, 2018 +33
Politique

TALLA SYLLA, PRÉSIDENT DE L'ALLIANCE JËF- JËL : « Il faut aller vers la mise en place d’un Comité de normalisation du Sénégal »

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TALLA SYLLA, PRÉSIDENT DE L'ALLIANCE JËF- JËL : « Il faut aller vers la mise en place d’un Comité de normalisation du Sénégal »

Il faut faire partir le président Wade et mettre en place un Comité  de normalisation du Sénégal. Telle est la conviction de Talla Sylla, président de l'Alliance Jëf-jël. Dans l'entretien qu'il nous accordé, l'auteur de «Ablaye abal nu» invite le peuple sénégalais à se mobiliser afin, indique-t-il, que Me Wade n'ait plus le temps de terminer son mandat ou de penser à se faire succéder par son fils.

De multiples maux assaillent le Sénégal. Que suggérez-vous ?
À mon avis, il faut avoir une démarche globale. Il y a les inondations, il y a l’énergie, il y a les problèmes de l’agriculture, les problèmes du transport, les problèmes des embouteillages et les problèmes de l’aménagement du territoire. Il y a également le problème dit casamançais etc. Il faut envisager ces problèmes dans le cadre d’une réflexion globale. Le Sénégal est totalement déréglé. Wade nous a présenté énormément de plans pour nous sortir de cette situation. Je m’amuse en disant que Wade qui formula son Omega de Jaxaay à Goana, qui est une sorte de lézard, est tombé bien bas comme quelqu’un qui rêva d’une route vers le sommet comme sésame de tous les plans. Wade n’est que l’homme des plans fumeux sortis à chaque retour de voyage, mais qui n’ont servi à rien. Je me suis toujours interrogé sur comment on est passé de la route vers le sommet au sommet de la déroute. Il faut se rappeler aussi qu’on a eu le Sénégal qui gagne. Comment on est passé du Sénégal qui gagne au Sénégal qui «gaññ» (grimace) ? Le Sénégal fait la grimace partout, parce que le Sénégal a mal partout. Il faut aller vers la mise en place d’un Comité de normalisation du Sénégal. C’est ma conviction. Nous devons nous organiser d’abord pour faire partir Wade. Ça, c’est la priorité des priorités. Ce n’est pas de faire partir tel ou tel fonctionnaire du ministère des Finances, la priorité, ce n’est pas de faire partir tel ou tel travailleur de la Senelec. Il s’agit aujourd’hui de ne pas chercher de faux-fuyants, de ne pas chercher de boucs-émissaires, il s’agit d’identifier très clairement les responsables. Et au niveau des responsables, le très grand responsable, c'est Wade.

Donc, le départ de Me Wade est devenu une nécessité...
S’organiser pour le faire partir est possible. Il ne s'agit pas maintenant d\'amener un quelconque leader politique à la tête de ce pays, un quelconque leader qui serait donc incontestable à son tour et qui pourrait éventuellement, s’il n’y a pas de garde-fous, nous replonger dans les mêmes dérives et dans les mêmes travers. Nous devons mettre en place un Comité de normalisation du Sénégal avec de nouvelles règles, aller vers un référendum pour l’adoption d’une nouvelle Constitution. Une nouvelle Constitution qui pourrait permettre justement de verrouiller, de mettre en place des garde-fous, de mettre en place des limites et des bornes qui pourraient nous permettre demain de mettre en avant ceux qui veulent réellement travailler pour le pays.

Comment les Sénégalais doivent-ils alors s’y prendre pour faire partir Wade ?
Je pense que les leaders, ceux qui sont considérés comme des leaders, pas seulement des partis d’opposition, parce que le conflit, contrairement à ce que les gens pensent, ce n’est pas entre les partis d’opposition et les partis au pouvoir. Le conflit, c’est entre ceux qui dirigent ce pays et le peuple sénégalais. On ne demande pas aujourd’hui à un syndicat ou à un journaliste ou à un homme politique de se lever pour les beaux yeux d’un leader politique, mais il s’agit de se lever pour sauver la démocratie sénégalaise, pour sauver la République, pour sauver le Sénégal. Donc, il s’agit de mettre en place un large front pour défendre la République du Sénégal. Je pense que ça c’est le premier niveau. Que les gens s’organisent, s’organisent au niveau des quartiers, s’organisent au niveau des villages, s’organisent au niveau des lieux de travail. C’est pourquoi, il y a quelque temps, j’avais lancé l’appel pour la constitution du mouvement Wallu Sénégal. Nous avons besoin de porter secours au Sénégal, de mettre en place des comités Wallu Sénégal un peu partout pour Wallu Sénégal, Wallu askanu Sénégal. Nous devons porter secours au peuple sénégalais. Une fois qu’on aura mis en place donc ces comités Wallu Sénégal, il sera possible d’organiser une insurrection démocratique et positive pour faire partir Wade et mettre en place un Comité de normalisation du Sénégal qui pourra gérer une nouvelle transition, organiser un référendum sur la base d’une nouvelle Constitution. Et, au-delà de cette Constitution, organiser des élections régulières sur la base d’un nouveau Code électoral pour conformer les institutions à la nouvelle Constitution. En dehors de tout cela, il n y a pas de salut.

Que vous inspire le fait que la Constitution soit tripatouillée à tout bout de champ, surtout pour régler des problèmes politiques ?
La Constitution ne doit pas être un instrument au service d’un parti politique ou d’un gouvernement ou d’un leader politique quelconque. Nous sommes dans une République démocratique, nous devons avoir une Constitution qui consacre la séparation des pouvoirs, une justice saine et indépendante. Ce qui n’est pas le cas. Nous avions dès le début dit que le système électoral ligotait les députés et les mettait à la disposition des responsables de partis politiques. Aujourd'hui, cette Constitution, nous ne l'avons pas suffisamment verrouillée. C'est ce qui fait qu'elle dépend fondamentalement de la volonté de Wade et de ses ouailles qui, au gré de leurs humeurs, de leurs rêves, se permettent de la charcuter. Ce qui leur a permis de faire des règlements de comptes politiques à l'Assemblée nationale. Alors que l'Assemblée nationale n'a pas été mise en place pour les beaux yeux de Wade.

D'aucuns disent que tous ces tripatouillages de la Charte fondamentale entrent dans le cadre d'un plan de Me Wade qui veut se faire succéder par son fils...
C'est ma conviction. Après l'expérience que Wade a eue avec Idy et celle qu'il a eue avec Macky Sall, il n'a plus confiance en personne. Demain, un nouveau régime aura l'occasion de se rendre compte des méfaits du régime de Wade. À tel point que Wade ne peut pas se permettre d'avoir un autre successeur que Karim Wade. Celui que j'appelle «Krim», parce que je considère que le «a» est de trop dans son nom. À travers tous ces actes qui sont posés, Wade prépare un «krim» contre la République. Il a besoin de se faire succéder par son fils. C'est une question de sécurité et de survie. De ce point de vue, il est dans son rôle. C'est au peuple sénégalais de s'organiser pour défendre nos intérêts. Notre intérêt se trouve dans la mise en place de toutes les dispositions qui vont nous permettre de normaliser le Sénégal. Nous sommes dans une situation totalement anormale. On n’est plus assurés d'avoir des élections. C'est au Sénégal qu'on voit des députés se réunir pour proroger leur propre mandat. Ce n'est pas normal. C'est au Sénégal qu'on voit Wade, au moment où les Sénégalais souffrent, prendre son avion et aller à l'extérieur pour aller chercher des diplômes. Ce n'est pas normal. C'est au Sénégal qu'on voit des présidents de groupes parlementaires danser dans l'Hémicycle. Pourquoi ? Parce qu'ils auraient égorgé un adversaire politique, après avoir écorché la Constitution. Ce n'est pas normal. C'est au Sénégal qu'on voit de gens, au moment où le peuple souffre, utiliser tous les moyens de l'Etat pour liquider un adversaire politique. Ce n'est pas normal. On a vu le président de la République, son Premier ministre, ses ministres, ses porte-parole, son parti, se lever, comme un seul homme, pour interdire aux citoyens sénégalais d'aller répondre à l'appel des Assises nationales. Ce pays n'est pas gouverné. Dans nos pays, quand il y a des coups d'Etat, vous voyez pourquoi les populations applaudissent.

Vous allez donc vous opposer à ce que Karim Wade succède à son père à la présidence de la République ?
Ça ne se fera pas. Parce que, on ne laissera pas Wade le faire. Il l'avait conseillé à Faure Gnassingbé. S'il pense qu'avec l'argent et le parti, il peut faire ce qu'il veut, il se trompe. Parce que, ça ne marchera pas. On ne l'acceptera pas. Peut-être que des Sénégalais vont courber l'échine, mais d'autres Sénégalais ne l'accepteront pas. Nous nous organiserons, nous prendrons les dispositions qu'il faut pour préserver notre République. Il ne s'agit pas de dire qu'un Pds ne doit pas être au pouvoir, ce n'est ça la question. Mais, il s'agit de dire simplement qu'on ne peut pas accepter qu'on utilise les moyens de l'Etat pour assurer la promotion du fils de Wade, qui était inexistant, inconnu, jusqu'à l'avènement de l'Alternance. Ce n'est pas acceptable. Face à la «Génération du concret», nous mettrons en place la «Génération du salut» qui fera échec à leur projet monarchique.

Mais, Karim Wade pourrait briguer le suffrage des Sénégalais en 2012...
Moi, je ne parle pas de 2012. Vous voyez le peuple sénégalais continuer de vivre cette situation jusqu'en 2012 ?Ce n'est pas acceptable. Moi, je considère que Wade ne doit pas présider la fête nationale d'avril 2010. C'est ma conviction. Il ne doit pas la présider. Il faut le faire partir avant ça. Il n'y a plus de mandat. Wade nous a montré que le mandat n'est pas sacré dans ce pays. Il a abrégé le mandat de Macky Sall. Il a reporté les élections locales. Nous sommes fondés à prendre des dispositions pour le faire partir. Nous devons nous lever pour dire qu'on en a marre. On ne va pas laisser préparer le «Krim». On va s'occuper de Wade. C'est Wade qui ne doit plus avoir le temps de terminer son mandat ou de penser à son fils pour sa sucession. Le problème majeur du Sénégal, c'est Wade. Il a semé la zizanie entre les confréries, les familles, les régions, les départements. Aujourd'hui, la frustration est partout. Le Sénégal est devenu méconnaissable. Les gens étaient fiers des Sénégalais, ils étaient respectés partout dans le monde. Aujourd'hui, nous avons perdu une bonne partie de cette fierté, à cause de nos représentants qui ont un comportement qui dénature la personnalité du peuple sénégalais. Au Sénégal, les gens ne vivent plus, ils sont morts. Il n'y a plus de revenus, il n'y a plus rien. Il faut qu'on arrête, au niveau de la classe politique, que chacun dise : «C'est moi». Le même peuple sénégalais qui avait défait le régime socialiste est encore là. Nous avons la responsabilité de nous organiser pour mettre un terme à la situation.

Pensez-vous que l'opposition est assez organisée pour faire face à Me Wade ?
J’ai entendu quelqu’un dire qu’il nous faut un leader incontestable. Bon, ma conviction est que, contrairement à ce qui s’est passé jusqu’en 2000, nous n’avons pas besoin d’un leader incontestable. C’est justement ce qu’il faut éviter. Je pense que par le travail qui a été entamé au niveau des Assises nationales, nous sommes en train de répondre à la question : «Que faire ?» C’est la principale question. Une fois qu’on aura réglé la question «Que faire ?» On pourra répondre à la question : «Qui pour faire quoi ?» Et je pense que tout le monde se connaît dans ce pays. Je pense que sur la base de l’éthique et de la morale, les gens pourront savoir qui peut et qui doit être à tel ou tel niveau. Aujourd’hui, entendons-nous sur : «Que faire» ? Et une fois qu’on aura réglé la question, après, l’homme qu’il faut à la place qu’il faut viendra naturellement, parce que chacun saura ce qu’il peut faire et ce qu’il ne peut pas faire. De toutes les façons, si nous arrivons demain à mobiliser le peuple sénégalais pour qu’il dise non, pour qu’il mette un terme à ce processus, pour qu'on aille vers une nouvelle transition, naturellement, on trouvera des leaders. Parce que ces leaders seront issus du combat. À partir de là, on va préparer des élections. Chacun se présentera. Et le peuple sénégalais décidera démocratiquement qui doit le diriger.

Donc, la question du leadership au sein de l'opposition ne doit pas se poser pour le moment...
Pour moi, la question du leadership ne doit pas être artificielle. C'est sur le terrain que ça se décide. Ceux qui sont les plus décidés à se battre, à être du côté du peuple sénégalais, à mettre en avant les préoccupations du peuple sénégalais, perçus comme étant les leurs, vont incarner le leadership.

Cinq ans après votre agression, vous avez dit que vous pardonnez, mais pour autant, il y a eu plein de dossiers judiciaires qui n'ont pas connu leur épilogue. Pensez-vous que le Sénégal est réellement un Etat de droit ?
Le Sénégal n'est plus un Etat de droit. La Justice n'est ni saine, ni indépendante. Il y a des juges qui sont sains et indépendants. Mais, je parle du système. J'ai dit personnellement que j'ai pardonné. Parce que, s'il y avait une glande au niveau de l'homme qui sécréterait la haine, je peux affirmer, sans risque de me tromper, qu'on m'a fait l'ablation de cette glande. Je ne sens aucune forme de haine vis-à-vis de qui que ce soit. De ce point de vue, si demain, je disposais des moyens de me venger, je ne le ferais pas, puisque je ne suis pas dans cette logique. C'est pourquoi je dis que j'ai pardonné, mais je n'oublie pas. Je ne peux pas oublier. Je n'ai pas le droit d'oublier. C'est la raison pour laquelle, chaque année, nous célébrons l'anniversaire du 5 octobre. Bientôt, je vais lancer une boutique : la Boutique du marteau. Juste pour qu'on se rappelle. Mais, ce dossier appartient au peuple sénégalais. Comme les différents dossiers que l'on a connus dans ce pays : l'affaire Me Sèye, l'affaire Balla Gaye, l'incendie de la Bourse du travail, l'incendie du siège du Psd/Jant-bi, l'incendie à Walfadjri etc. Tous ces différents dossiers n'ont pas été réglés, parce que la Justice sénégalaise n'a pas su être à la hauteur des espoirs qui étaient placés en elle. Ces différents dossiers trouveront tôt ou tard une solution. Parce que ça va changer. Wade n'a pas intérêt que mon dossier se règle. Il ne se réglera pas, tant qu'il sera au pouvoir. Mais, il partira. Vous savez le Prophète de l'Islam (Psl) disait que : «S'il vous arrive de souffrir, sachez que ceux qui ont eu le malheur de confisquer le pouvoir souffrent beaucoup plus que vous. Et vous avez un avantage sur eux, c'est que votre conscience est aussi limpide que celle d'un martyr». C'est ça qui fonde ma sérénité. Et au-delà de tout, Dieu le Tout-Puissant a dit que : «Vous pouvez tendre des pièges, monter des combines, mais un beau jour j'opère un renversement de situation». Ma conviction est faite que ce renversement est pour bientôt. Déjà le contexte le suggère.

Propos recueillis par Barka Isma BA & Youssoupha MINE (Stagiaire)



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