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Politique

Tanor : « La politique de Me WADE, abreuvée aux deux mamelles nourricières de l’incompétence flagrante et de la corruption notoire... »

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Tanor : « La politique de Me WADE, abreuvée aux deux mamelles nourricières de l’incompétence flagrante et de la corruption notoire... »

La politique de WADE, abreuvée aux deux mamelles nourricières de l’incompétence flagrante et de la corruption notoire dont le monde entier s’alarme ou se moque maintenant, a plongé  notre pays dans une crise grave, a estimé Tanor Dieng qui a animé ce samedi une conférence à Paris sur le thème : « Comment bâtir ensemble une alternative crédible au régime libéral en 2012 » ? Lire le texte intégral

 

Mes chers compatriotes,

Mes chers camarades,

Chers  invités

 

C’est avec un plaisir toujours renouvelé que je réponds à vos invitations ici en France. J’y vois, à chaque fois, une occasion de confronter mes analyses avec les vôtres et de recueillir vos opinions sur les questions nationales. Aussi je voudrais, après vous avoir chaleureusement félicité pour votre heureuse initiative, vous remercier pour m’avoir, à nouveau, offert cette opportunité.

 

En me proposant d’introduire vos débats sur le thème « Comment bâtir ensemble une alternative crédible au régime libéral en 2012 ? », vous me donnez une nouvelle occasion de rappeler la position du Parti socialiste sur le binôme alliance et projet, mais aussi sur le sens, les modalités et la finalité de notre combat ; ceci plus de six mois après le cours inaugural que j’avais prononcé à l’occasion de l’Université d’été de notre parti les 14 et 15 novembre 2009 sur le thème « Projet socialiste, Assises nationales et alliances politiques ». En effet, l’énoncé du thème de cette conférence publique a ceci de particulier qu’il me permet de reprendre et d’approfondir nos options stratégiques sur les grandes questions qui agitent aujourd’hui la scène politique nationale et dont dépend, en grande partie, le destin de notre pays.

 

Mais permettez-moi, auparavant, afin d’asseoir un consensus sur leur sens, de faire un rapide survol de chacun des termes de la problématique énoncée de manière précise et pertinente par le thème que vous m’avez proposé « Comment bâtir ensemble une alternative crédible au régime libéral en 2012 ? ». Car comme le disait Confucius « L’homme d’Etat doit toujours donner un sens aux mots ».

 

« Comment » : c’est un appel à la méthode, c'est-à-dire à une réflexion sur les moyens, les idées et la démarche les plus appropriés pour atteindre les objectifs escomptés.

 

« Bâtir » : pour être stable et durable, une construction doit être bâtie sur des fondations solides. D’où l’exigence de la priorité à accorder au cadre institutionnel à mettre en place, au programme de gouvernement et au pacte avant la question de la candidature.

 

« Ensemble » : est une interpellation voire une exigence à poursuivre et à renforcer l’expérience du Bennoo et des Assises nationales. Au-delà de la simple coalition électorale, il faut aller à une véritable alliance politique. Pour reconstruire ce que Wade a déconstruit, tout gouvernement aura besoin en effet d’une base politique et sociale la plus large possible après la victoire. Le Bennoo n’est donc pas seulement nécessaire pour gagner la prochaine élection présidentielle, il l’est aussi pour redresser le pays et conduire une politique de rupture.

 

« Alternative » : bâtir oui, ensemble oui, mais quoi ? Une alternative. Et c’est une ligne de démarcation majeure entre la démarche qui sera proposée ici et la pratique du gouvernement actuel.  C’est aussi un axe de réflexion  déterminant pour identifier tous ceux qui veulent et qui peuvent aller ensemble à la conquête du pouvoir.

 

« Crédible » : bâtir oui, ensemble oui, une alternative oui, mais quelle alternative ? Une alternative crédible. Le PS est un parti de responsabilité. Il ne peut pas s’engager dans une alliance bâtie seulement autour d’un slogan « na dem ! na dem ! na dema dema dem ! »[1] L’alternative doit être crédible par son projet institutionnel et programmatique, crédible par sa faisabilité, crédible par l’équipe de femmes et d’hommes qui la porte.

 

« En 2012 » : parce qu’il y a eu le précédent de l’élection présidentielle frauduleuse de 2007 ; parce qu’il y a eu le boycott des élections législatives qui l’a, entre autres, prouvé ; parce qu’il y a eu les Assises nationales d’une immense portée symbolique, citoyenne et politique ; parce qu’il y a eu les élections locales de mars 2009 et leurs résultats qui annoncent un changement de cap dont le parachèvement devrait, selon le souhait et la volonté de l’immense majorité des Sénégalais, advenir en 2012.

 

Ce rappel d’ordre sémantique met en exergue les interactions entre chacune des notions du thème qui, mises en perspective, devraient nous permettre d’énoncer quelques lignes de force comme introduction à nos débats.

 

Mes chers compatriotes,

Chers invités,

 

C’est faire trop d’honneur à Abdoulaye Wade que de qualifier son régime de régime libéral. Le régime d’Abdoulaye  Wade est plutôt un régime patrimonialo-affairiste. Tous les Sénégalais ont constaté depuis fort longtemps que ce qui tient lieu des apparences du libéralisme n’existe même plus. A force de médiocrité, d’improvisation et de corruption.

 

C’est même devenu une évidence. La politique d’Abdoulaye WADE, abreuvée aux deux mamelles nourricières de l’incompétence flagrante et de la corruption notoire dont le monde entier s’alarme ou se moque maintenant, a plongé  notre pays dans une crise grave. Cette crise, multisectorielle et multiforme,  sans précédent dans  l’histoire de notre pays, a conduit le Sénégal dans une impasse morale et éthique. Le corps social  de la Nation est devenu une vaste plaie béante.

 

Cette situation ne peut perdurer sans faire peser de graves hypothèques sur la paix civile. Comme chacun le sait, la cause d’Abdoulaye Wade est une cause perdue, une cause désespérée. Son régime, parvenu à un stade avancé de discrédit moral, prend eau de toutes parts et menace jusqu’aux fondements de la Nation.

 

Alors, la question maintenant est de savoir si nous devons accepter que l’avenir de notre pays puisse demeurer sous ces sombres auspices. Ou si, au contraire, nous allons consentir les sacrifices que les dérives quotidiennes du régime actuel posent à l’intelligence et au courage des Sénégalais.

 

Car, pour grave qu’elle soit, la situation actuelle nous interpelle tous si nous voulons changer le cours de notre destin commun qui emprunte une pente dangereuse sous l’effet de la gouvernance toxique d’Abdoulaye WADE et de son clan.

 

Voilà une raison supplémentaire pour me féliciter du choix du thème de cette conférence.  

 

Les enjeux qui occupent notre réflexion, dans la perspective du changement à laquelle nous travaillons sans relâche, sont d’une importance capitale. Et il convient, derrière sa simplicité apparente, de prendre l’exacte mesure de la séquence actuelle de notre histoire commune.

 

Car il faut bien comprendre que ce qui est en jeu aujourd’hui, c’est une idée de la Nation. Ce qui est en jeu aujourd’hui, c’est une idée de la République. Ce qui est en jeu aujourd’hui, c’est une idée de la démocratie. Ce qui est en jeu aujourd’hui, c’est une idée du bien public.

 

Et c’est parce que le Sénégal est notre bien le plus précieux, c’est parce que nous sommes attachés à la République et à la démocratie, que nous pouvons et que nous devons, tous ensemble, reconstruire notre pays sur de nouvelles bases fondées sur le respect, la dignité et l’intégrité.

 

Mes chers compatriotes, c’est le lieu maintenant d’énoncer une première idée force. J’allais dire, une conviction. Si l’histoire du Parti Socialiste est restée cimentée par la doctrine du socialisme démocratique qui est notre identité, elle a aussi toujours été faite d’ouverture pour écouter et  aller à la rencontre des autres.

 

Cette conviction nous est chère, à nous socialistes. C’est elle qui nous dicte la nécessité de maintenir et de raffermir l’unité au sein et au-delà de Bennoo Siggil Senegaal. 

 

Cette conviction nous est si chère parce que l’histoire de notre parti, du Bloc Démocratique Sénégalais à l’Union Progressiste Sénégalaise puis au Parti Socialiste au pouvoir, est révélatrice d’une volonté constante de se lier à un large spectre de groupes et d’associations, voire de fusionner avec eux. Une fois aussi dans l’opposition, depuis le CPC, le Cadre permanent de Concertation de l’Opposition, mis en place en 2001, jusqu’à Bennoo Siggil Senegaal, en passant par les Assises nationales, le Parti socialiste a toujours fourni la preuve de sa disponibilité à aller ensemble avec ses pairs.

 

En ce temps là, rares étaient ceux qui entrevoyaient que la politique d’Abdoulaye WADE conduirait fatalement au désastre actuel. Mais progressivement, le Parti socialiste a été, peu à peu, rejoint par toutes ces forces politiques avec lesquelles il chemine ensemble depuis. Et jamais à ce jour il n’a encore été pris en défaut de non respect de la parole donnée ou de manquement à un engagement souscrit.

 

L’histoire de notre parti est, de ce point de vue, utile et éclairante pour faire comprendre pourquoi aujourd’hui, en 2010, ce débat animé au sein et en dehors de Bennoo, nous importe au plus haut point et nous trouve préparés et acquis à la nécessité de lui chercher une issue heureuse.

 

Que le débat soit porté au sein et en dehors de Bennoo, que le débat soit parfois vif, il n’y a là aucun inconvénient majeur à ce stade du processus de recherche d’un accord. C’est même le contraire qui devrait inquiéter lorsqu’on croit aux vertus de la démocratie et donc du dialogue. Qu’il y ait par ailleurs des différences de point de vues exprimées publiquement, il faut n’avoir aucune expérience de ces questions pour y voir déjà un échec ou les prémices d’un clash.

 

Les Sénégalais savent, et nous avec eux, que c’est parce qu’une coalition est une interpénétration de principes communs et d’objectifs communs d’une part, d’intérêts liés à des identités et itinéraires divers d’autre part, qu’il y a recherche de consensus, débat, peut être même parfois des lenteurs et des contradictions sur la voie de l’accord. Mais je suis persuadé qu’il arrivera en temps opportun.

 

Il est conforme aux principes démocratiques et même salutaire pour notre combat en vue des échéances de 2012 et pour les perspectives au-delà de cette date, que mille chemins soient explorés. Nous devons seulement savoir garder le cap en séparant la bonne graine de l’ivraie. Cependant, le respect du point de vue des partenaires doit être une règle absolue ainsi que l’impérieuse nécessité de s’accorder sur un code de conduite, notamment sur un pacte sanctionnant tous les accords pour leur respect et leur application.

 

Pour ma part, je regarde sereinement, et avec beaucoup plus d’optimisme, ce qui se fait au sein de Bennoo. Car je sais que nous avons été instruits, les uns et les autres, de tout ce qui se passe dans le monde, et en Afrique notamment, face à une question aussi cruciale que celle des alliances, pour la conquête du pouvoir.

 

Ma conviction est qu’aucun membre de notre organisation ne prendra la responsabilité de décevoir les Sénégalais et de leur ôter la chance de construire avec eux cette nouvelle République qu’ils appellent de leurs vœux. En effet, il ne s’agit pas de nous abandonner à des passions, à des émotions toutes stériles ou à des comportements épidermiques infantiles, mais bien de mettre en commun nos forces de raison et de sentiment en vue de bâtir une alternative crédible.

 

Parce qu’en définitive, ce qui nous rassemble et nous unit dans cette alliance, c’est notre commune volonté de réussir ce que Abdoulaye Wade n’a pas réussi en dépit de l’espérance et des immenses pouvoirs et moyens dont il dispose depuis plus de 10 ans. Ce que nous devons réussir, c’est la préservation des valeurs républicaines, c’est l’approfondissement de la démocratie et c’est la mise en œuvre de politiques soucieuses de l’intérêt général et du développement intégral.

 

Ce dénominateur commun est ce qui doit animer Bennoo dans le respect des identités et de la diversité de chacun de ses membres. Ce dénominateur commun, c’est aussi l’égale dignité de tous les membres de Bennoo. Chaque membre apportant ses forces et ses faiblesses, Bennoo s’enrichira ainsi des complémentarités, mais surtout des différences et de la diversité des parcours de tous.

 

Il y a là un  point de départ  d’autant plus capital, qu’il s’appuie  sur une certitude partagée : à savoir que le régime de Wade a échoué et que c’est  le devoir de tous les patriotes de notre pays de s’unir pour mettre un terme à une dérive globale ruineuse pour notre survie et pour notre aspiration commune au progrès et à la justice sociale.

 

Mais, pour importante que soit la question de l’unité, il est encore plus déterminant d’avoir une plate-forme commune portant sur les objectifs politiques majeurs et sur les mécanismes propres à les atteindre.

 

Vous aurez compris que j’aborde ici une question qui est au cœur des débats au sein de Bennoo. L’enseignement que nous livre l’histoire du Parti Socialiste, de sa naissance à nos jours,  est qu’il y a une ligne de force porteuse des conditions minimales pour rassembler les forces vives en vue de conquérir ou de conserver le pouvoir.

 

De ce point de vue, il convient de se féliciter des convergences intervenues entre, d’une part, les conclusions des Assises nationales et, d’autre part, le consensus qui a porté Bennoo au niveau de réalité et de consistance où il se trouve aujourd’hui. En effet, les Assises Nationales et les élections locales du 22 Mars 2009 marquent d’une pierre blanche les prémices d’une ère nouvelle qui sera de rupture avec les errements du règne d’Abdoulaye Wade.

 

Ces deux repères sont eux-mêmes l’aboutissement d’un processus et d’une convergence d’initiatives, de résistances et de luttes de plusieurs partenaires et dont le Parti Socialiste est à la fois témoin et acteur depuis 2000.

 

C’est le lieu ici de saluer, en dépit des difficultés et des incompréhensions qui ont jalonné ce parcours, le patriotisme, l’engagement, la combativité et la persévérance de toutes ces formations politiques, de toutes ces organisations non partisanes, de toutes ces Sénégalaises et de tous ces Sénégalais, qui, jour après jour, année après année, ont travaillé sans jamais se lasser, à révéler la véritable nature du régime de Wade.

 

Une mention particulière au Comité de pilotage des Assises d’Europe pour sa contribution remarquable aux travaux des Assises nationales.

 

C’est également le moment, pour moi, de me réjouir de l’implication de larges secteurs du pays qui s’attèlent à abréger le régime de Abdoulaye WADE afin de rendre possibles les nécessaires politiques de rupture que les Sénégalais appellent de leurs vœux et de me féliciter du formidable engouement que l’unité des forces de l’alternative, regroupées au sein de la coalition Bennoo Siggil Senegaal, a provoqué auprès des populations, et qui a mené à la victoire historique aux élections locales du 22 mars 2009.

 

Pour en avoir été l’un des initiateurs, l’un des coorganisateurs et l’un des signataires, le Parti Socialiste se réjouit de constater une progressive convergence de vues entre formations politiques, citoyens et mouvements de la société civile, au fur et à mesure que Abdoulaye Wade affiche, sans vergogne et sans repentir, la face hideuse de son pouvoir et sur laquelle, nous socialistes, ne nous sommes jamais trompés depuis le premier jour de l’Alternance.

 

Le Parti Socialiste, qui a tiré les leçons de cette expérience et celles de sa propre histoire, est d’avis que les Assises nationales constituent une donnée avec laquelle il faut compter désormais. Il nous faut, en effet, prendre en compte les mutations de notre époque, notamment la montée en puissance d’Acteurs du combat pour les droits et libertés, qui constituent une donnée de nature à changer notre regard et notre conduite dans la conception et la gestion des affaires de la Cité. Ce large spectre d’organismes comprend, entre autres, des structures de défense de la citoyenneté, des associations de défense des droits de l’homme, des média et même des personnalités emblématiques.

 

Toutefois, de cette donnée fort significative, une question majeure demeure en filigrane, sur laquelle je voudrais insister quelque peu. Comment engager les partis politiques et tous ces mouvements et Acteurs non partisans, porteurs de revendications pour la citoyenneté, les libertés et les droits les plus divers, dans une plateforme commune ?

 

La réponse à cette question ne peut venir que de l’identification et de la promotion de valeurs en partage.

 

Le premier pas décisif, se trouve dans la reconnaissance et l’acceptation  de la pluralité des pôles concernés par le désir et la volonté de changement, ainsi que leur attachement à des principes de concertation et de prise de décision.  Il y a,  de ce point de vue, incontestablement, des vecteurs ou des axes de convergence susceptibles d’aboutir à un Accord, si ce n’est déjà fait.

 

Il me semble également judicieux, pour en donner une perception claire, d’examiner les grandes valeurs susceptibles de rassembler tous ceux qui croient à une politique de restauration de la dignité nationale et des fondamentaux économique, social et culturel ; valeurs de progrès et de justice sociale qui sont fondamentalement des valeurs de gauche.

 

Ainsi, pourrait être réalisée une jonction dans un grand mouvement progressiste de l’alternative auquel pourront se joindre toutes les organisations et personnalités de la société civile qui  souhaiteraient participer à l’effort collectif pour stopper le monstre. Car il faut l’admettre, pour reconstruire ce que Abdoulaye Wade a déconstruit, pour remettre le Sénégal sur les rails d’une gestion saine et vertueuse des ressources et des affaires publiques, dans l’équité et la transparence, tout gouvernement  aura besoin d’une base politique et sociale, d’un soutien politique et social, les plus larges et les plus solides possible.

 

Donc, chers compatriotes, plus qu’une nécessité, la construction d’une vaste alliance électorale et de gouvernement est une exigence qui relève tout simplement du réalisme. Ensemble et par le pragmatisme le plus avisé, il nous faut bouger les lignes et arriver à une large unité d’action bâtie sur des lignes convergentes.

 

Il nous faut travailler au plus grand rassemblement jamais réalisé dans l’histoire politique de notre pays, pour impulser à notre pays, un nouvel élan, un nouvel élan d’espoir, un nouvel élan de dépassement, un nouvel élan vers l’émergence et le développement intégral.  

 

Mes chers compatriotes,

Chers invités,

 

Avec les Assises nationales, notre Nation a l’occasion d’entrer dans une nouvelle phase de son histoire. Elles sont porteuses de politiques de rupture en matière de gouvernance, de démocratie et de stratégies de développement. En droite ligne, la construction d’une société respectueuse des libertés et de la propriété privée ; un programme minimum d’urgence pour apporter aux populations des réponses aux angoisses liées à la profonde dégradation de leurs conditions de vie ; l’acceptation de l’économie de marché  mais sans concession sur  les dérives et les dangers du capitalisme financier et de la société de marché ; l’intervention régulatrice et solidaire de l’Etat, sans tomber dans le travers des économies administrées ; l’approfondissement de la démocratie ; la recherche d’équilibres sociaux  respectueux des  conquêtes sociales, mais qui ne sauraient être des remises en cause d’acquis fondamentaux.

 

S’agissant du schéma institutionnel, garantissant l’avènement d’une nouvelle République,  au service exclusif du Sénégal et des Sénégalais, la Charte de gouvernance démocratique et les conclusions des Assises nationales en constituent la quintessence.

 

Le Nouvel ordonnancement institutionnel devra déboucher sur une Nouvelle République et une nouvelle gouvernance démocratique dont les orientations majeures assureront le rééquilibrage des relations entre les institutions avec une assemblée nationale dotée de pouvoirs autonomes élargis, devenant le lieu d’impulsion de la vie politique nationale.

 

Il s’agit plus précisément de mettre un terme aux deux tares consubstantielles du système actuel. C’est d’abord la macrocéphalie du pouvoir exécutif avec ses corolaires, l’inféodation du parlement réduite à entériner ses oukases et la mise au pas de la justice qui se contente d’avaliser ses lettres de cachet. Et c’est ensuite le déséquilibre entre ses deux branches au détriment du gouvernement devenu le factotum du président de la république.

 

La nouvelle architecture institutionnelle verra aussi l’érection d’une Cour constitutionnelle jouant un rôle de régulateur et d’arbitre des contentieux et controverses liés au fonctionnement des institutions. Son président présidera le Conseil Supérieur de la Magistrature.

 

Enfin la charte des libertés de la démocratie et de la bonne gouvernance assurera un verrouillage des dispositions essentielles de la Constitution et prémunira les citoyens contre les abus de majorité.

 

Comme on le voit donc, le Président de la République, bien qu’élu au suffrage universel, ne sera plus l’Alpha et l’Oméga de la vie politique. Il aura des prérogatives réelles parce que dépositaire d’une légitimité populaire, mais il devra céder une grande partie du pouvoir exécutif à un gouvernement responsable devant le Parlement.

 

C’est cela qui est sain car on ne peut pas fonder un régime républicain sur la toute puissance d’un seul.

 

Mes chers compatriotes,

Chers invités,

 

Il apparaît clairement des éléments de convergence majeurs axés autour de l’urgence du départ de Abdoulaye WADE dans les plus brefs délais, pour rendre possible l’application des conclusions consensuelles des Assises nationales. Ces éléments portent sur la mise en place de nouvelles institutions de type parlementaire et d’un programme  de gouvernement apte à placer le Sénégal sur la voie du développement.

 

Et si Bennoo parvient à asseoir un consensus définitif sur un projet dicté par l’urgence de réformes structurelles nécessaires à la viabilité et à la pérennité de l’Etat, de la République et de la démocratie, ainsi qu’à l’efficacité des politiques publiques, alors Bennoo aura réussi le plus difficile.

 

Fédérer toutes les énergies dans un front unifié, respecter l’indépendance et la dignité de chaque composante et disposer d’un programme alternatif crédible, tels devront être le credo de Bennoo ! Le reste, qui n’est pas négligeable, est affaire de modalités.

 

Ces éléments de convergence sont des acquis importants devant inspirer la réflexion sur les différentes séquences qui vont conduire à l’adoption de la stratégie en direction de l’élection présidentielle à venir.

 

Nous avons engagé au sein du Parti socialiste une réflexion et  nous avons, à l’instar des autres partenaires, communiqué notre contribution à ce débat. Elle est, pour l’essentiel, une proposition d’approche méthodologique pour que le consensus l’emporte sur toute autre considération, quel que soit le cas de figure adopté par rapport à la question de la meilleure stratégie électorale en direction des échéances de 2012.

 

A l’heure où il nous faut cheminer sans chemin balisé, à travers les méandres que l’irresponsabilité d’Abdoulaye WADE multiplie contre la postérité, je voudrais exhorter tous les membres de Bennoo Siggil Senegaal,  tous les partenaires au sein des Assises Nationales, et au-delà, l’ensemble du peuple sénégalais, à la vigilance et au refus de laisser les démons des arrière-pensées et de la division s’emparer des cœurs et des esprits.

 

Les procédures concertées pour réfléchir sur les possibilités et les modalités d’une stratégie électorale consensuelle de l’opposition afin d’espérer vaincre le monstre doivent absolument aboutir car c’est la demande pressante et impérieuse du peuple.  En effet, l’opinion envoie à notre coalition une demande pressante d’une plus grande unité encore, matérialisée par une stratégie électorale consensuelle à la prochaine élection présidentielle et l’engagement de mettre en œuvre ensemble les politiques de rupture. Cette attente ne peut être ignorée par les partis politiques s’ils veulent capitaliser sur le soutien populaire en direction de 2012.

 

Il faut rechercher, autant que possible, une candidature unique consensuelle qui ne saurait se fonder que sur des critères objectifs. Il conviendra, dans cette quête, de ne compter que sur des facteurs qui dépendent de nous et d’y aller tous ensemble, en tenant compte de la complexité des questions et des différences d’approches entre les partenaires. Mais par un principe de précaution, il faudra se garder de considérer des éventuelles candidatures plurielles comme un échec, mais simplement comme l’obligation alors de parvenir à des  candidatures rationalisées permettant à chacun de ratisser large et d’assurer ainsi une mobilisation maximale de l’électorat, avant de se rassembler au 2nd  tour derrière le candidat, issu de Bennoo, le mieux placé.

 

Dans cette réflexion, il faut éviter deux dogmatismes : le dogmatisme de la candidature unique et celui des candidatures plurielles. S’il est irresponsable de ne pas explorer toutes les possibilités d’accord sur une candidature unique, il est tout aussi irresponsable de soutenir que, sans candidature unique, Wade va gagner en 2012. Même s’il est compréhensible d’inciter Bennoo et d’exercer le maximum de pression sur lui pour avoir un candidat unique, c’est un discours dangereux qui justifie a priori un holdup électoral de Wade en 2012 en cas de pluralité de candidats, comme il l’a fait en 2007.

 

Bennoo doit  refuser de se laisser imposer le calendrier d’Abdoulaye WADE et doit continuer à s’en tenir à son propre agenda. Il doit privilégier  les questions de fond avant les problèmes de personnes, même s’il est loisible, et c’est naturel, à chacun de préférer son leader comme candidat unique s’il estime qu’à l’aune de critères précis et objectifs, c’est le bon choix.

 

Pour ma part, la question centrale est de s’accorder sur le projet de Nouvelle République et la nature du régime politique que nous souhaitons pour restaurer la démocratie, préconisés par la Charte de gouvernance démocratique des Assises nationales et de s’entendre sur les politiques économiques, sociales et culturelles de rupture à mener ensemble, demain après la victoire.

 

Après quoi, il sera bien assez temps encore de se mettre d’accord sur les critères objectifs pour le choix du candidat unique ou à défaut, et à l’impossible nul n’étant tenu, de rationnaliser les candidatures, de mutualiser les moyens de luttes contre la fraude électorale et de convenir d’un accord de désistement en faveur du candidat de l’opposition arrivé en tête à l’issue du premier tour.

 

Le Parti socialiste, en ce qui le concerne, qui a très tôt ramassé le flambeau de la résistance contre le wadisme alors triomphant pour le porter haut, se tient prêt à payer aussi le coût de la  victoire finale contre la gangrène libérale kleptocrate et liberticide.

 

Pour ce qui me concerne, j’y engagerai naturellement notre parti avec tous nos camarades. Je les y engagerai avec détermination et sincérité c'est-à-dire sans préjugé ni arrière- pensée comme nous l’avons toujours fait depuis 2000. Nous sommes, à nouveau, prêts à faire tous les sacrifices possibles et nécessaires pour faire partir Abdoulaye Wade et mettre fin à son régime, afin de redonner à notre pays un nouvel élan, sur la base des conclusions des Assises nationales dans le cadre d’une coalition politique la plus large possible, mais surtout la plus solide possible.

 

 A présent,  chers compatriotes, l’heure est grave car chacun sait que le régime ne s’avouera jamais vaincu à la régulière et que les temps à venir seront des temps de labeur et de sueur.

 

 Mais tous nos efforts seraient vains si nous n’arrivons pas à contraindre Abdoulaye WADE à des élections sincères, libres et transparentes. Nous savons tous qu’il ne compte que sur la fraude pour se maintenir au pouvoir. Nous savons également qu’il a entrepris la réédition de la formidable mascarade qui lui a permis de réaliser le holdup électoral de février 2007 et dont l’ancien président de la CENA et l’ancien expert informaticien de la CAP 21 ont désormais révélé le mystère. Il s’est livré à toutes sortes de manipulations sur un fichier électoral piégé pour s’assurer son maintien au pouvoir contre la volonté des Sénégalais.

 

Tout se passe comme si Abdoulaye Wade après avoir été élu selon un processus démocratique, a décrété qu’avec lui, il n’y aurait plus jamais d’élections libres, sincères et transparentes au Sénégal. C’est ce qui explique l’installation au Ministère de l’intérieur d’un responsable du PDS ignorant jusqu’aux règles élémentaires d’une République laïque et démocratique, l’ostracisme contre le président de la CENA et sa démission forcée par la suite, la rupture du nécessaire dialogue politique entre majorité et opposition, les velléités de modifications unilatérales du code électoral ainsi que la tentation de la suppression du second tour de l’élection présidentielle.

 

Voilà pourquoi dès à présent, il faut se mobiliser autour de la sécurisation du processus électoral dans son ensemble. Il ne faut ménager aucun effort pour obliger Abdoulaye WADE à organiser des élections sincères, libres et transparentes, au besoin par la mutualisation des ressources humaines et matérielles de tous les partis, de toutes les organisations de la société civile et de toutes les bonnes volontés dans la lutte contre la fraude, le seul moyen sur lequel le régime pourrait s’appuyer pour espérer se maintenir.

 

Chers compatriotes, vous êtes également concernés par ce combat. Vous êtes notamment interpelés dans votre capacité à relayer et à amplifier auprès des autorités et des opinions publiques de vos pays d’accueil l’exigence nationale pour des élections transparentes et régulières.

 

La première des exigences est de faire un audit sans complaisance du fichier électoral pour en extirper toutes les inscriptions multiples ou indues. C’est le lieu pour moi de me réjouir de la disponibilité et du soutien affiché par nos partenaires traditionnels (l’Union Européenne et les Etats-Unis d’Amérique) pour nous accompagner dans la fiabilisation de tout le processus électoral. Les experts de l’Union Européenne et de l’USAID sont venus au Sénégal ; ils ont discuté avec le parti au pouvoir et les partis de l’opposition  et se sont accordés pour non seulement réaliser un audit du fichier des électeurs mais aussi pour superviser l’ensemble du processus électoral, et ce jusqu’à la publication des résultats et la phase contentieuse.

 

C’est là un pas décisif dans la sécurisation du processus électoral mais nous devons rester vigilants. Parce que nous savons tous qu’Abdoulaye Wade ne reculera devant rien pour faire prospérer ses sombres desseins de succession dynastique. C’est la seule garantie d’impunité contre les nécessaires et légitimes poursuites que n’importe quel autre compatriote élu à la magistrature suprême ne tarderait à ouvrir.

 

Il nous faut rester vigilant parce que, dans le fond, des élections sincères, libres et transparentes, au niveau de discrédit où est parvenu le régime actuel, sont la garantie de la victoire de Bennoo, avec une candidature unique ou avec des candidatures plurielles rassemblées au 2nd  tour derrière le candidat de Bennoo le mieux placé.

 

Chers compatriotes,

Chers invités,

 

Benno vaincra s’il garde son unité dans la bonne foi de chacun des partenaires et s’il sait rester objectif, ouvert, généreux et courageux, en allant, au-delà de la simple alliance électorale, à un véritable pacte de gouvernement.

 

Si le tableau est sombre, il ne doit pas décourager les patriotes, car la volonté de construire ne doit jamais nous faire défaut. Elle doit rester la plus forte et Bennoo se doit de la porter. Car Bennoo est espoir ; c’est l’espoir de tout un peuple qui tient à rester debout face au régime prédateur de Wade.  Et cet espoir nous dit que le changement est possible. Cet espoir nous dit surtout que le changement est à notre portée. A nous de mettre en synergie les moyens, les idées et les méthodes appropriés afin de le réaliser.

 

            Je vous remercie de votre aimable attention.

 

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[1] Expression en langue Wolof signifiant en français « Qu’il parte ! Qu’il parte ! Qu’il parte au diable ! »

 



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